Une quinzaine de jeunes femmes ont encore été enlevées dans la nuit de vendredi 23 au samedi 24 novembre dans la région de Diffa, dans le sud-est du Niger.
Enlèvements, attaques, raids se multiplient depuis plusieurs semaines dans la zone d’action de Boko Haram, à l’est du Nigeria, au sud-est du Niger et à l’ouest du Tchad. Une quinzaine de jeunes femmes ont encore été enlevées dans la nuit de vendredi 23 au samedi 24 novembre dans la région de Diffa, dans le sud-est du Niger. Toujours dans la même région, la veille de ce rapt, le groupe islamiste a frappé le camp de forage de Foraco à Toumour, tuant huit personnes.
Ces attaques ont eu lieu alors que l’on venait tout juste de commémorer les 500 jours de l’enlèvement, en juillet 2017, de 39 personnes – 33 femmes et 6 garçons – à NGaléwa, au nord de Diffa. Les ravisseurs avaient également égorgé neuf villageois.
L’armée nigériane en déroute
Plus grave, Boko Haram aurait tué une centaine de militaires nigérians dans plusieurs attaques en novembre. La dernière connue, celle du 18 novembre à Metele, aurait fait au moins 47 morts. Si les autorités nigérianes minimisent les chiffres, l’armée exprime de plus en plus sa colère. Les soldats de la déroute de Metele ont dénoncé dans une vidéo qui a fait le tour du net la médiocrité de leur équipement, l’obsolescence de leur véhicule et ils ont montré l’état de la base après l’attaque de Boko Haram.
Vendredi 23 novembre, le groupe djihadiste a affirmé avoir tué 118 soldats nigérians au total lors de cinq attaques contre des bases militaires du nord-est du pays les jours précédent. Au même moment, l’armée nigériane a discrètement abandonné l’une de ses positions près de la frontière avec le Niger, à Gashagar, après avoir subi quatre attaques de la part du groupe terroriste. Un retrait qui découvre encore plus la zone de Diffa au Niger et la zone du lac Tchad.
Quelle est la nouveauté ?
À l’origine de ces violences, la branche de Boko Haram affiliée à Daech, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Son leader, Habib Yusuf, dit Abou Mosab al-Barnaoui, est le fils aîné de Mohamed Yusuf, le fondateur de Boko Haram. Elle s’est séparée d’Abubakar Shekau, que Daech ne trouvait pas assez efficace, en 2016.
Pendant trois ans, cette branche s’est organisée, entraînée, financée et armée. Elle s’attaque principalement aux militaires, à leur base, à leur campement, s’emparant de leurs armes, munitions et véhicules. Elle dispose aujourd’hui de chars et de missiles.
Le lac Tchad, sanctuaire des groupes armés
Toute la zone du Lac Tchad qui s’étend entre les frontières du Niger, Nigeria, Tchad et Cameroun est le refuge de plusieurs groupes armés se réclamant de Boko Haram. Ils agissent dans cette zone sans rencontrer de grande résistance de la part des armées de la sous-région. Le Tchad, en pointe dans le combat contre Boko Haram en 2016, est aujourd’hui nettement moins impliqué.
Boko Haram frappe à nouveau le lac Tchad
La zone désertique et montagneuse du Tibesti (nord-ouest), frontalière de la Libye et du Niger, occupe toute son attention depuis trois mois. C’est dans ce contexte que le président tchadien Idriss Déby est arrivé en Israël le 25 novembre pour une visite de plusieurs jours afin de nouer un partenariat sécuritaire avec cet État dont les relations diplomatiques sont rompues depuis 1972.