Plusieurs réseaux sociaux et sites d’information ont diffusé le contenu d’une lettre adressée aux autorités tchadiennes par l’ambassadeur américain au Tchad, Alexander Laskaris, exigeant que son pays supervise le processus d’acheminement de l’aide humanitaire au Soudan.
Cette lettre, dont l’authenticité n’a pas encore été confirmée, a suscité une large controverse parmi de nombreux militants politiques au Soudan, car ils le considéraient comme une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du Soudan et une tentative de Washington d’exploiter cette opportunité pour insérer ses agents de renseignement sous couvert d’aide humanitaire et au sein des institutions humanitaires internationales afin de pénétrer dans la sécurité et le renseignement du pays.
Certains experts politiques spécialisés dans les affaires africaines estiment que cette mesure prise par les États-Unis d’Amérique entraverait les négociations de paix en cours depuis le 14 de ce mois à Genève. Comme elle pourrait affecter les relations diplomatiques entre le Soudan et le Tchad et déclencher une nouvelle crise entre les deux pays voisins.
Depuis le 14 août, des négociations ont lieu dans la capitale suisse entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, avec la médiation américaine, et l’armée soudanaise refuse d’y participer en raison du parti pris de Washington envers l’autre partie et de son insistance à ne pas reconnaître la légitimité du gouvernement soudanais.
Les déclarations du lieutenant-général Shams El-Din Kabbashi, bras droit d’Al-Burhan, sont venues confirmer les craintes de l’armée soudanaise quant aux intentions américaines floues concernant les pourparlers de paix. Kabbashi a déclaré : « Washington est évasif et nous voulons un accord de paix juste qui réponde aux besoins de la population et garantisse une compensation pour les graves dommages auxquels elle a été exposée ». Il a ajouté : « Les États-Unis ne sont pas intéressés par la mise en œuvre de l’accord de Djeddah, et aucune partie ne peut nous imposer une décision. »
Le chef du conseil souverain du soudan, le général Abdel Fattah Al-Burhan, insiste sur le fait que la voie vers la paix dans son pays est claire et commence par mettre en œuvre ce qui a été convenu entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide lors des pourparlers qui ont eu lieu à Djeddah en mai 2023.
Bien que l’armée soudanaise ait refusé de participer aux pourparlers de paix de Genève, l’envoyé spécial américain au Soudan, Tom Perriello, a annoncé il y a quelques jours lors d’une réunion en Suisse sur la sortie de crise dans le pays que les pourparlers se poursuivraient même en l’absence de des représentants de l’armée soudanaise.
Depuis la mi-avril de l’année dernière, le Soudan est témoin d’une guerre continue entre les forces de l’armée soudanaise dirigées par Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo, qui a fait un grand nombre de morts et de blessés, destruction d’institutions vitales et déplacement de plus de 10 millions de personnes, selon les organisations humanitaires internationales.