Risque de « crise humanitaire majeure » au Zimbabwe, selon le FMI

Le Zimbabwe est confronté à un risque de « crise humanitaire majeure », selon le Fonds monétaire international (FMI), qui table pour 2020 sur une croissance quasi-nulle de son économie et la persistance d’une grave insécurité alimentaire.

« Dans la perspective d’une nouvelle récolte insuffisante, la croissance devrait tourner autour de zéro et les pénuries de nourriture continuer », a écrit jeudi le FMI.

« Si le budget 2020 (du pays) inclut une hausse significative des dépenses sociales, elle ne suffira probablement pas à satisfaire tous les besoins. Faute d’une hausse de l’aide, les risques d’une crise humanitaire majeure sont élevés », a ajouté l’institution financière après sa dernière inspection dans le pays.

Le Zimbabwe est englué depuis vingt dans une crise économique sans fin, qui s’est récemment aggravée avec le retour de l’hyperinflation, des pénuries de produits de base et des coupures d’électricité généralisées.

Comme le reste de l’Afrique australe, le pays souffre en outre d’une grave sécheresse qui pèse sur les récoltes.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies estime que la moitié de ses 15 millions d’habitants se trouve actuellement en situation de grave insécurité alimentaire.

Malgré ses promesses maintes fois répétées, le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à l’autocrate Robert Mugabe, ne parvient pas à redresser le pays.

Il y a un an, la hausse des prix de l’essence avait provoqué des émeutes meurtrières, sévèrement réprimées par le régime.

Dans sa déclaration, le FMI a exhorté le Zimbabwe à renouer au plus vite avec la communauté internationale afin d’obtenir la levée des sanctions qui le frappent depuis l’ère Mugabe.

L’aide humanitaire prise entre deux feux au Cameroun anglophone

Humanitaires kidnappés, convois pillés, civils attaqués lors des distributions alimentaires: au Cameroun anglophone, ravagé par de sanglants combats entre militaires et rebelles indépendantistes mais aussi les exactions et crimes des deux camps, porter assistance aux civils est de plus en plus périlleux.

En une semaine, trois distributions dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été empêchées, voire endeuillée, selon des témoignages recueillis au téléphone par l’AFP.

Le 19 février, un homme de 29 ans a été tué par balle à Ekona, dans le Sud-Ouest, par des militaires qui ont attaqué des villageois attendant des rations alimentaires d’une ONG partenaire du Programme alimentaire mondial (PAM), selon cette agence de l’ONU et des témoins.

« Nous étions 220 déplacés sortis de la brousse où nous nous cachons, quand dix militaires sont arrivés et nous ont frappés », raconte l’un d’eux, sous couvert de l’anonymat, ajoutant: « Ils ont mis de côté sept hommes, qu’ils suspectaient d’être des séparatistes, et ont tiré dans la jambe d’un jeune, qui s’est vidé de son sang ». Un meurtre confirmé par un autre villageois et le responsable d’une organisation humanitaire régionale.

Ce sont des « tentatives de désinformation » qui visent « à ternir l’image de nos forces », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

Selon lui, le camion du PAM aurait été pris « accidentellement entre deux feux », militaires contre « terroristes sécessionnistes ». « Il est inconcevable que l’armée, dont la mission est de travailler à l’amélioration des conditions de vie (…), s’oppose en même temps au travail des organisations humanitaires », affirme l’officier.

– Traces de torture –

Selon un des témoins, les « mêmes soldats » avaient déjà attaqué une distribution au même endroit deux mois plus tôt. « Le 24 décembre, un volontaire de l’ONG a été arrêté, retenu dans une gendarmerie, et son corps, présentant des traces de torture, a été retrouvé début janvier », a confirmé à l’AFP un responsable d’un organisation humanitaire, qui ne veut pas être nommé.

Le 20 février, c’est une distribution de Caritas à Bafmeng, dans le Nord-Ouest, qui a essuyé une attaque, d’un groupe armé cette fois. Environ 70 personnes, dont 50 enfants, ont dû se réfugier dans le camion de l’ONG qui a quitté précipitamment les lieux, témoigne son directeur au Cameroun, le père Paul Njokikang.

Le prêtre assure aussi qu’il a été pris en otage par des groupes armés séparatistes à trois reprises au cours d’opérations humanitaires et détenu 24 heures par l’armée.

Dans la même région, en novembre, un humanitaire avait été tué par des hommes armés, selon l’ONU.

L’aide médicale n’est pas épargnée: le 19 février, des militaires ont poursuivi une voiture jusque dans l’enceinte d’un hôpital soutenu par Médecins sans frontière (MSF), dans le Nord-Ouest. Sur le parking réservé aux ambulances, un des militaires a ouvert le feu tuant le conducteur, selon l’ONG.

« Le soldat a été immédiatement mis aux arrêts » et « une enquête aussitôt ouverte », plaide le ministère de la Défense.

MSF a appelé « toutes les parties prenantes (…) au respect absolu des installations médicales, des ambulances, du personnel médical et des patients », rappelant que ses équipes « ont fait l’objet de menaces régulières, notamment d’intimidation armée, de la part des différentes parties ».

« Nous sommes pris entre deux feux », se plaint aussi Ayah Abine, président de l’ONG camerounaise Ayah Foundation.

– Kidnappé trois fois –

« J’ai été menacé par des militaires » en apportant l’aide à des réfugiés, explique-t-il, ajoutant: « des groupes armés ont aussi kidnappé des membres de mon ONG trois fois ».

M. Abine a été convoqué le 20 février chez les gendarmes à Yaoundé, suspecté de livrer des armes aux séparatistes, puis relâché sans poursuites.

Plusieurs responsables d’ONG internationales ont assuré à l’AFP que Ayah Foundation était neutre. « C’est de l’intimidation », commente l’un d’eux.

Il émerge « un sentiment de méfiance vis-à-vis de certaines organisations humanitaires, dont des actes contribuent à installer le doute quant à leur intégrité », réagit le colonel Atonfack. « Des ambulances appartenant à MSF ont été retrouvées transportant des combattants armés ainsi que des armes et munitions », accuse-t-il.

MSF « réfute de la façon la plus catégorique qui soit ce type d’accusations, graves et dangereuses pour nos patients et nos équipes », s’emporte l’ONG internationale auprès de l’AFP, assurant que ses « ambulances ne servent qu’à transporter des patients non armés, ayant besoin de soins immédiats, sans discrimination ».

« Un grand nombre d’incidents contre des humanitaires sont rapportés, des convois pillés, des kidnappings… Or l’aide est déjà en deçà des besoins », s’inquiète Jérôme Fontana, chef des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Cameroun.

Depuis trois ans, le conflit a fait plus de 3.000 mort et forcé près de 700.000 personnes à fuir leur domicile. La majorité des écoles et centres de santé ont fermé. Des villages entiers ont été brûlés.

« Nous vivons dans la peur, dans la brousse avec les animaux sauvages, où des femmes accouchent. Il n’y a ni eau potable, ni nourriture décente », s’émeut un des déplacés d’Ekona, qui a peur se rendre aux distributions d’aide.

Dans les deux régions, seuls 32,17% des besoins humanitaires ont été financés en 2019, selon l’ONU. Mais « le principal obstacle n’est pas financier, c’est le manque de sécurité », assène M. Fontana.

L’Union africaine compte déployer 3.000 soldats au Sahel

L’Union africaine (UA) a annoncé jeudi qu’elle comptait envoyer 3.000 soldats au Sahel, pour tenter d’enrayer la progression du jihadisme et la dégradation de la sécurité dans la région, sans toutefois préciser les modalités et le calendrier exact de ce déploiement.

La décision, prise lors du sommet de l’UA début février, n’avait pas encore été rendue publique. Elle a été annoncée en conférence de presse à Addis Abeba par le commissaire de l’UA à la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, dans le cadre d’un sommet UA/UE.

« Sur la décision du sommet de travailler au déploiement d’une force de 3.000 hommes pour aider les pays du Sahel à affaiblir les groupes terroristes, je pense que c’est une décision sur laquelle nous allons travailler avec le G5 Sahel et la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) », a déclaré M. Chergui.

« Cette décision a été prise parce que, comme vous le voyez (…), la menace progresse et devient plus complexe », a-t-il ajouté.

Le G5 Sahel, basé à Nouakchott, et composé de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, fournit depuis 2014 un cadre de coopération pour la sécurité et le développement de ces cinq pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest.

En 2017, face à la poussée des attaques jihadistes et à la sévère dégradation de la sécurité dans le centre du Mali, ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins, le G5 Sahel a réactivé son projet de force conjointe, initialement lancé en 2015.

Cette force, qui doit compter à terme 5.000 hommes pour lutter contre les jihadistes dans les zones frontalières entre les pays membres, peine à monter en puissance.

Les conclusions finales du sommet de l’UA n’ont toujours pas été publiées, mais les diplomates ont confirmé le déploiement prévu.

« Le sommet a décidé de déployer environ 3.000 hommes pour une période de six mois pour aider les pays du Sahel à affronter la menace à laquelle ils font face », a déclaré à l’AFP Edward Xolisa Makaya, l’ambassadeur sud-africain auprès de l’UA.

« C’est juste un signe ou un geste de solidarité avec les peuples du Sahel », a-t-il ajouté, disant espérer que ce déploiement aurait lieu « dans le cours de l’année ».

– Appel à contributions –

Mais certaines modalités restent à régler. Aucun pays ne s’est encore officiellement dit prêt à envoyer des troupes, et le mode de financement du projet n’est pas non plus connu.

« Bien entendu, les États membres ont été incités à faire une offre de contribution, et certains l’ont fait durant les discussions. Mais nous n’avons pas le droit de donner leur nom pour le moment », a précisé M. Makaya.

L’Afrique du Sud a pris lors du dernier sommet la présidence tournante de l’UA et envisage d’accueillir un sommet extraordinaire de l’organisation panafricaine sur les questions sécuritaires en mai.

Elissa Jobson, experte auprès de l’International Crisis group (ICG), a exprimé des doutes sur l’efficacité de l’initiative de l’UA.

« Même si c’est bien de voir que les dirigeants de l’Union africaine montrent un réel intérêt pour le conflit au Sahel et sentent qu’ils doivent faire quelque chose, le déploiement de soldats n’est pas forcément la réponse adéquate », a-t-elle estimé.

Ce déploiement devrait « s’inscrire dans une stratégie politique bien conçue, qui devrait aussi inclure le dialogue avec les groupes jihadistes dans la région », a-t-elle ajouté.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires -, ont fait 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, cinq fois plus qu’en 2016, selon l’ONU, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales.

Lors de la même conférence de presse, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a toutefois considéré que la mesure était « très bienvenue ».

« Je pense que nous avons suffisamment de capacité de coordination logistique pour tout gérer ensemble », a-t-il fait valoir.

L’UE et ses États membres ont débloqué quelque 155 millions d’euros pour soutenir la Force conjointe du G5 Sahel depuis sa création, dont près de 70% ont déjà été décaissés.

L’UE a en outre décidé d’un financement additionnel de 138 millions d’euros, confirmé par M. Borrell lors du sommet de Pau entre la France et le G5 Sahel le 13 janvier.

Afghanistan: un accord Etats-Unis/talibans et des incertitudes

Washington et les talibans doivent signer samedi à Doha un accord visant à préparer une sortie des Etats-Unis de la plus longue guerre de leur histoire et à lancer des discussions de paix inter-afghanes.

L’accord sera présenté comme le début d’une nouvelle ère pour l’Afghanistan, pays pauvre ravagé par la guerre depuis 40 ans, et laisse entrevoir la fin de l’intervention américaine lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre.

Mais personne ne sait de quoi sera fait l’avenir du pays après l’accord, avec des interrogations sur les intentions réelles des talibans et la capacité des protagonistes afghans à mettre fin à la crise politique.

Plus de 100.000 civils afghans ont été tués ou blessés au cours de la dernière décennie, selon l’ONU, et le conflit a coûté aux contribuables américains plus de 1.000 milliards de dollars (environ 914 mds d’euros) en frais militaires et de reconstruction depuis 2001.

Les négociations entre les talibans et les Etats-Unis, avec l’intermédiaire qatari, ont échoué à plusieurs reprises en raison de la violence qui continue de faire rage en Afghanistan.

Bien que le contenu de l’accord n’ait pas été dévoilé, on s’attend à ce que le Pentagone commence à retirer des troupes d’Afghanistan, où sont actuellement basés entre 12.000 et 13.000 hommes. Les Etats-Unis ont déclaré qu’un premier retrait au cours des prochains mois ferait baisser le nombre de soldats présents en Afghanistan à 8.600.

D’autres retraits pourraient suivre. Ils dépendraient des progrès des pourparlers de paix entre le gouvernement du président Ashraf Ghani et les talibans. Pour le moment, ces derniers considèrent le gouvernement comme une marionnette des Américains.

– « Opportunité historique » –

Les insurgés sont également censés garantir que l’Afghanistan ne sera plus utilisé par des groupes jihadistes tels qu’Al-Qaïda et le groupe Etat islamique (EI) pour lancer des attaques à l’étranger.

L’implantation d’Al-Qaïda sur le sol afghan avec la bénédiction des talibans a été la raison principale de l’intervention américaine du pays.

La signature de l’accord programmée pour samedi intervient après une trêve partielle d’une semaine en Afghanistan destinée à instaurer la confiance entre les belligérants et à montrer que les talibans peuvent contrôler leurs forces.

En dépit d’attaques isolées dans les zones rurales, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a estimé mardi que la période de trêve « fonctionnait ». « Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il déclaré.

Jusqu’à 30 pays devraient être représentés lors de la signature de l’accord à Doha mais le gouvernement afghan n’enverra pas de délégué.

« Le gouvernement n’est pas là, nous ne faisons pas partie de ces négociations. Nous n’avons pas confiance dans les talibans », a expliqué à l’AFP un responsable afghan.

Les problèmes de confiance entre les deux parties afghanes alimentent le climat de crise politique, et les Etats-Unis refusent de soutenir pleinement la réélection d’Ashraf Ghani, des mois après un scrutin entaché d’allégations de fraude.

– « Fatigué de la guerre » –

Donald Trump a promis à plusieurs reprises de ramener les troupes américaines au pays et de mettre fin aux guerres « stupides » de l’Amérique.

Mais les analystes craignent une situation ingérable. Washington « va déclarer la victoire » et, si des problèmes surgissent, « dira +c’est la faute des Afghans+ », a déclaré à l’AFP Colin Clarke, chercheur au centre de réflexion Soufan Center.

« Quel intérêt les talibans ont-ils à respecter l’accord une fois qu’ils auront obtenu ce qu’ils veulent, à savoir le retrait des Etats-Unis ? », s’est-il interrogé.

Les Etats-Unis et les talibans étaient sur le point de s’entendre après la fin d’un neuvième cycle de négociations mais en septembre 2019, Donald Trump a torpillé le processus après la mort d’un militaire américain dans une attaque à Kaboul attribuée aux insurgés.

L’imprévisibilité du président américain pourrait faire échouer l’accord de Doha à la dernière minute, bien qu’il ait promis de mettre son nom sur un accord si la trêve partielle se prolongeait.

De son côté, le chef adjoint des talibans, Sirajuddin Haqqani, a écrit dans un éditorial paru dans le New York Times la semaine dernière que « tout le monde est fatigué de la guerre ».

« Les meurtres et les mutilations doivent cesser », a ajouté cet homme à la tête du réseau Haqqani, un groupe qualifié de terroriste par les États-Unis et considéré comme la branche la plus sanglante des rebelles.

Dix ans après, le Chili a pansé ses plaies du terrible séisme de 2010

Du passage des trois vagues qui avaient rasé à 75% le village côtier de Dichato, il n’y a plus aucune trace: dix ans après le puissant séisme du 27 février 2010 qui avait fait 525 morts dans la région centre-sud du Chili, la reconstruction est désormais achevée.

« Dichato était un symbole de destruction, nous sommes désormais un symbole de la reconstruction », se félicite Maria Angélica Torres, à la tête d’une association d’habitants et propriétaire d’un restaurant sur le tout nouveau front de mer qui fait face au Pacifique.

Située à une trentaine de kilomètres de Concepcion (sud), la capitale de la région de Biobio, épicentre du séisme, la station balnéaire a retrouvé sa vie d’avant, attirant les touristes sur sa promenade côtière totalement réhabilitée.

Près de 3.000 habitants ont été relogés et des parcours d’évacuation, dûment signalés, ont été créés. Des ouvrages pour l’évacuation de l’eau ont été construits et des arbres plantés pour freiner la puissance de la vague, en cas de nouvelle catastrophe.

« Dichato a été reconstruit à 100% », explique Ivan Carter, professeur d’urbanisme à l’Université de Biobio (centre), qui souligne que la participation des habitants a été cruciale dans le projet de reconstruction.

Le Chili est un des pays les plus sismiques au monde, situé sur la « ceinture de feu » du Pacifique, une zone à forte activité tellurique. Avec une magnitude de 8,8, le séisme de 2010 a été le deuxième plus puissant de l’histoire du Chili, après celui de 1960 qui avait atteint une magnitude de 9,6.

La tragédie avait coûté la vie à 525 personnes, dont une centaine tuées par le tsunami qui avait suivi le séisme. Il avait causé 30 milliards de dollars de dégâts matériels.

Plus de 220.000 logements avaient été détruits, 3.700 établissements scolaires mis hors service, une quinzaine d’hôpitaux étaient devenus inutilisables et 1.550 km de routes ont été à refaire, essentiellement dans le centre et le sud du pays.

– Tissu social –

A Caleta Tumbes, un village de pêcheurs, situé à proximité de l’épicentre et également dévasté par le tsunami, les maisons ont été reconstruites sur la colline, à distance de la mer.

« Nous sommes en sécurité, la maison est jolie, mais nous regrettons notre crique », raconte à l’AFP Luisa Araya, laissant entrevoir la difficile équation de la reconstruction : protéger la vie des habitants, mais aussi reconstruire le tissu social, également mis en miettes par le séisme.

« Le bruit de la mer me manque… les gens aussi », raconte Luisa, dans sa nouvelle maison qu’elle partage avec son mari et son père. Quelque 200 familles ont été relogées dans le nouveau village, situé à dix minutes à pied de l’océan.

En bord de mer, une vingtaine de restaurants, principale source de revenus des habitants, ont été reconstruits, ainsi que quelques maisons perchées sur des pilotis.

« Le Chilien est un peu têtu. Nous prenons racine là où étaient les anciens et nous y restons », dit Juan Pedro Diaz, un pêcheur qui a décidé de rester en face de la mer, dans une de ces maisons « anti-tsunami ».

Jesus Bravo a rouvert un restaurant, qu’il a baptisé « 8,8 », mais n’habite plus sur place, car « s’il y a un tsunami, il emporte tout avec lui ».

Malgré la tragédie, le séisme de 2010 a été riche d’enseignements : le pays a consolidé ses technologies anti-sismiques qu’il exporte désormais à l’étranger.

« Aujourd’hui, on peut construire au Chili un bâtiment qui ne serait pas endommagé par un tremblement de terre comme celui de 1960 », explique Juan Carlos de la Llera, ingénieur à l’Université catholique du Chili, qui a déposé plusieurs brevets en la matière.

« La réglementation sismique du Chili est très exigeante, ce qui a permis au tremblement de terre de 2010 de ne pas faire s’effondrer un nombre important de maisons », rappelle aussi le ministre du Logement et du développement urbain, Cristian Monckeberg.

C’est en vertu de cette législation que le plus haut bâtiment d’Amérique latine a été érigé à Santiago : avec ses 300 mètres de haut, la Gran torre Santiago, achevée en 2014, est devenue un des symboles de la capitale chilienne.

Syrie: les rebelles contre-attaquent à Idleb, le régime avance malgré tout

Jihadistes et rebelles ont repris jeudi aux forces du régime une ville stratégique de la province d’Idleb, infligeant un revers au régime de Bachar al-Assad dans son offensive dévastatrice contre cette région du nord-ouest du pays en guerre.

Malgré la contre-attaque de leurs adversaires, les forces du régime, aidées de l’allié russe, ont repris 20 localités et villages ailleurs dans la province, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter de la Syrie jeudi mais jusqu’à présent les puissances occidentales se sont montrées incapables de stopper l’offensive du régime contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle du pays.

Depuis décembre, plus de 400 civils ont péri dans l’assaut selon l’OSDH et plus de 948.000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été déplacées d’après l’ONU.

Les rebelles sont entrés le matin dans Saraqeb, une ville de l’est de la province d’Idleb, selon un correspondant de l’AFP les accompagnant. La ville est totalement vidée de ses habitants et les destructions sont énormes.

Les insurgés se sont déployés en grand nombre dans les rues. De violentes explosions sont entendues en provenance de la périphérie de la ville, où des affrontements opposent insurgés et jihadistes aux prorégime.

La ville de Saraqeb, qui avait été reconquise le 8 février par le régime, se trouve à la jonction de deux autoroutes que le pouvoir veut sécuriser pour consolider son emprise dans le nord su pays. En reprenant Saraqeb, jihadistes et rebelles coupent l’autoroute M5 reliant la capitale Damas à la métropole d’Alep (nord).

– « Assaut contre les civils » –

L’OSDH a fait état également de la reprise « par les jihadistes et les rebelles » de Saraqeb. Des raids aériens russes sont menés aux abords de la ville, a ajouté l’ONG.

A Damas, l’agence de presse officielle Sana a rapporté « des affrontements violents » entre l’armée et « des groupes terroristes sur l’axe de Saraqeb ».

Sana a accusé des forces de la Turquie, qui soutient certains rebelles et déploie des troupes à Idleb, d’apporter aux insurgés un appui militaire.

L’OSDH a affirmé que l’artillerie turque appuyaient des groupes rebelles.

La Turquie continue d’envoyer des renforts dans le nord-ouest syrien, réclamant un arrêt de l’offensive du régime.

Les affrontements sont devenus quasi-routiniers entre soldats turcs et forces syriennes. Jeudi, le ministère turc de la Défense a annoncé la mort de deux soldats à Idleb, tués dans une frappe aérienne.

Même s’ils appuient des parties rivales, des discussions sont prévues jeudi à Ankara entre militaires et diplomates de Russie et de Turquie sur la Syrie.

Mardi encore, plusieurs écoles ont été touchées par des bombardements qui ont tué 20 civils, selon l’OSDH.

« Cette crise réclame l’attention urgente des dirigeants du monde », a plaidé jeudi le Comité international de Secours, réclamant une trêve à Idleb et une intervention concrète du Conseil de sécurité. « Les parties en conflit doivent ressentir la pression pour mettre fin à cet assaut contre les civils. »

– Progression du régime –

Ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) qui dominent encore la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

A la faveur de son offensive, le régime a reconquis des dizaines de villes et localités de ce bastion.

Jeudi, il a poursuivi sa progression reprenant 20 localités et villages dans le sud d’Idleb, selon l’OSDH.

« Le régime contrôle tout le sud de la province d’Idleb, de Maaret al-Noomane jusqu’au sud de Jisr al-Choughour », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

« Cette progression rapproche le régime de Jisr al-Choughour, mais aussi d’une reconquête de tous les territoires rebelles de Hama », selon lui.

Néanmoins pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer ardue pour le régime.

La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Avec le soutien de l’allié russe, de l’Iran et du Hezbollah libanais dans le conflit, le pouvoir syrien a multiplié les victoires ces dernières années jusqu’à reprendre le contrôle de plus de 70% du pays.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie s’est complexifiée avec l’intervention d’acteurs régionaux et internationaux, outre celle de groupes jihadistes. Elle a fait plus de 380.000 morts.

Coronavirus: l’épidémie se propage, mesures drastiques en Arabie, au Japon et en Europe

Le coronavirus se propage désormais bien au-delà de la Chine et les mesures drastiques se multiplient dans le monde, l’Arabie saoudite décidant de suspendre l’entrée des pèlerins et le Japon de fermer ses écoles.

Si la Chine était jusqu’à peu l’unique foyer mondial de coronavirus, le risque s’est démultiplié avec l’émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran.

Jeudi, le nombre de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 enregistrés hors du territoire chinois a ainsi dépassé celui annoncé Chine (433), où le virus est apparu en décembre. La Corée du Sud a fait état à elle seule de plus de 500 contaminations supplémentaires.

Plus de 78.000 personnes ont jusqu’ici été contaminées en Chine, dont 2.744 mortellement. Le coronavirus touche également des dizaines d’autres pays, avec un bilan de quelque 3.600 contaminations et plus de 50 morts.

Par mesure de prévention, l’Arabie saoudite a suspendu « temporairement » l’entrée sur son territoire des pèlerins se rendant à La Mecque.

La mesure concerne l’Oumra, un pèlerinage qui attire chaque mois plusieurs dizaines de milliers de musulmans. Il peut être réalisé à n’importe quelle période de l’année, à la différence du Hajj, effectué à des dates précises du calendrier islamique.

Autre décision radicale, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a demandé la fermeture temporaire des écoles publiques du pays à partir de lundi.

« Le gouvernement place la santé et la sécurité des enfants au-dessus de tout », a déclaré M. Abe devant la presse. « Nous demandons que toutes les écoles primaires, les collèges et les lycées (…) à travers le pays ferment temporairement à partir du 2 mars jusqu’aux vacances de printemps », a-t-il ajouté.

Relativement épargnés jusqu’ici avec 15 cas détectés, les Etats-Unis sont prêts à répondre à l’épidémie à « une échelle beaucoup plus grande », a assuré mercredi le président américain Donald Trump.

Il a évoqué la possibilité d’imposer « en temps voulu » des restrictions aux voyageurs en provenance d’Italie (plus de 400 cas, 12 morts) et de Corée du Sud (plus de 1.700 contaminations, 13 décès), le pays asiatique étant le principal foyer de la maladie hors de Chine.

Les Etats-Unis imposent déjà une interdiction d’entrée aux ressortissants étrangers s’étant rendus en Chine au cours des deux dernières semaines.

– Amélioration en Chine –

Autre foyer, l’Iran a rapporté jeudi sept nouveaux morts, portant le total à 26. Hors de Chine, c’est le plus lourd bilan en termes de décès.

Comme l’Arabie saoudite, la Chine, qui a pris des mesures de prévention drastiques sur son sol en confinant plus de 50 millions de personnes au Hubei (centre), s’inquiète désormais de cas « importés » d’autres pays.

La ville de Pékin a annoncé mercredi que les personnes arrivant en provenance d’Etats « gravement touchés » par le coronavirus devraient désormais se placer en quarantaine pendant 14 jours.

Le Covid-19 semble toutefois avoir déjà atteint un pic en Chine, où le nombre de nouveaux décès quotidiens continue à chuter. Les autorités ont annoncé jeudi seulement 29 morts supplémentaires — un chiffre au plus bas depuis près d’un mois.

– L’Italie nouveau foyer –

Mais d’autres pays inspirent davantage d’inquiétude. Notamment l’Italie, qui apparaît de plus en plus comme une plateforme de diffusion du Covid-19.

Le virus est ainsi arrivé au Brésil, épargné jusqu’ici, en y entrant via un Brésilien de retour d’Italie. La Grèce, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Croatie, l’Autriche, le Danemark et l’Allemagne ont toutes fait état d’au moins une personne contaminée après un séjour dans la péninsule.

De nombreux Etats européens ont renforcé leur dispositif de prévention et conseillent à leurs citoyens de ne pas se rendre dans les régions italiennes touchées.

Rome a pris des mesures draconiennes, dont la mise en quarantaine de 11 communes du Nord, poumon économique du pays.

« Nous avons fermé notre salle de sports et la cantine, les gens ne peuvent pas manger face à face », a expliqué à l’AFP le PDG d’une entreprise lombarde de robinetterie, Aldo Bonomi.

« Le problème, c’est l’économie. On voit les chiffres, cette crise est en train de mettre le pays à genoux », s’inquiète Daniele Vaccari, pâtissier à Secugnago, un village du Nord.

– ‘Affronter au mieux’ –

Ailleurs en Europe, de nombreux pays comme la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Roumanie, ou la Macédoine du Nord sont désormais touchés. L’Estonie a annoncé jeudi un premier cas, un Iranien résidant dans le pays balte.

« On a devant nous une épidémie » qu’il va falloir « affronter au mieux », a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron, au lendemain de l’annonce d’un premier mort français, un homme qui n’avait pas voyagé dans une zone à risque.

L’Afrique n’est plus épargnée, même si le nombre de cas reste étrangement bas. Un Italien arrivé le 17 février en Algérie est devenu la deuxième personne infectée du continent, après un premier cas en Egypte.

Dans un contexte d’inquiétude croissante en Europe, les principales Bourses du continent ont plongé jeudi à l’ouverture, de Londres (-2,5%) à Milan (-2,3%), en passant par Paris et Francfort (-2,4% chacun).

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César: les femmes encore loin du haut de l’affiche

Hormis les costumières et les monteuses, les femmes restent très minoritaires au palmarès des César, un manque de parité qui devrait perdurer vendredi lors d’une 45e édition à la sélection très masculine.

– A peine mieux que les Oscars –

Actrices, réalisatrices, productrices, costumières, cheffes décoratrices, scénaristes, monteuses… Les femmes n’ont glané, depuis la première cérémonie en 1976, qu’un gros quart des César (27,4%), selon une base de données de l’AFP.

La proportion de lauréates chute même de 10 points, à 17,9%, dans les catégories mettant hommes et femmes en compétition (en excluant donc les récompenses remises à des acteurs par genre). Les César font à peine mieux que les Oscars américains, dont 17,3% ont été attribués à des femmes sur la période, selon une autre base de données de l’AFP.

En France, la parité ne fut atteinte qu’une seule fois, en 2000, année où neuf César sur 18 furent attribués à des femmes (hors César d’honneur).

Cette 25e cérémonie fut doublement exceptionnelle, puisqu’elle consacra Tonie Marshall, seule femme à ce jour à avoir remporté le prestigieux César du meilleur réalisateur, pour « Vénus Beauté (Institut) ». Céline Sciamma (« Portrait de la jeune fille en feu ») pourrait la rejoindre cette année, mais elle aura fort à faire face à sept concurrents masculins.

Cette année, les femmes représentent en moyenne 23% des nommés dans les catégories mixtes.

L’Académie des César, chargée de les départager, compte actuellement 35% de femmes parmi ses 4.700 membres. Mais une réforme est engagée pour tendre vers la parité d’ici aux César 2021.

– Costumières et monteuses –

Comme aux Oscars, c’est dans la catégorie des meilleurs costumes que les femmes sont les mieux représentées, avec 71% des récompenses.

Les femmes dominent également le palmarès du meilleur montage, dont elles ont raflé 64% des César. En comparaison, les femmes sont très minoritaires (18%) dans cette catégorie aux Oscars.

A elle seule, Juliette Welfling, monteuse indissociable de l’œuvre du réalisateur Jacques Audiard, a été primée à cinq reprises, notamment pour « Un prophète » (2010) et « De battre mon cœur s’est arrêté » (2006).

– Ailleurs, les femmes quasi-absentes –

A l’instar de Tonie Marshall chez les réalisateurs, une seule femme a été primée dans la catégorie de la « meilleure musique originale »: la Caïta, récompensée en 2001 au côté de trois hommes pour la bande originale flamenco de « Vengo » du réalisateur Tony Gatlif.

Les femmes sont aussi quasi-absentes du palmarès dans les catégories « meilleur son » (3,6%), « meilleure photographie » (5,1%) et « meilleurs décors » (8%).

Elles ne représentent que 12,2% des réalisateurs et producteurs récompensés dans la catégorie reine du « meilleur film », et ne sont guère mieux représentées pour les films d’animation (14,6%), documentaires (15,5%), premiers films (18%) et courts-métrages (18,1%).

Les femmes culminent à 23% dans les catégories distinguant les scénarios.

– Les quinquas en force –

Historiquement, les chiffres mettent en évidence une prime à la jeunesse pour les actrices, qui ont en moyenne six ans de moins que leurs homologues masculins quand elles sont couronnées pour un rôle principal.

Mais ce n’est plus vrai dans la période récente: sur les onze dernières cérémonies, les César ont récompensé à dix reprises une meilleure actrice plus âgée que le meilleur acteur.

Et sept actrices de plus de 50 ans ont décroché depuis 2005 la récompense suprême, parmi lesquelles Isabelle Huppert (2017), Catherine Frot (2016) et Isabelle Adjani (2010). Ce n’était arrivé que deux fois auparavant.

Virus: les Etats-Unis et la Corée du Sud reportent des exercices militaires conjoints

Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont reporté jeudi des exercices militaires en raison de l’épidémie de coronavirus dans ce pays d’Asie qui a enregistré 334 nouveaux cas, portant le total des personnes contaminées à 1.595.

La Corée du Sud est le foyer de contagion le plus important hors de Chine continentale où le coronavirus est apparu en décembre.

La décision a été prise après que Séoul a déclaré son plus haut niveau d’alerte « grave » sur le virus, a déclaré jeudi le Commandement des forces conjointes dans un communiqué, ajoutant que les manoeuvres en Corée du Sud avaient été reportées « jusqu’à nouvel ordre ».

Les Etats-Unis disposent de 28.500 militaires en Corée du Sud pour protéger ce pays d’Extrême-Orient face à son voisin du Nord qui possède l’arme nucléaire.

Nombre de soldats sont stationnées à Camp Humphreys à Pyeongtaek, le plus grand complexe militaire américain hors des Etats-Unis.

Les deux pays ont déjà largement réduit leurs exercices militaires pour faciliter les négociations sur le programme nucléaire de la Corée du Nord — qui condamne ces manoeuvres considérées par Pyongyang comme un prélude à une invasion.

Un exercice de coordination des commandements entre les Etats-Unis et la Corée du Sud avait été prévu au printemps.

– Croissance revue à la baisse –

Le nombre de nouveaux cas de coronavirus annoncé jeudi est le plus haut jamais rapporté par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (KCDC). Le nombre de personnes décédées reste cependant à 12.

Plus de 80% des cas de contamination ont été enregistrés à Daegu, la quatrième plus grande ville du pays avec 2,5 millions d’habitants, et dans la province voisine du Nord Gyeongsang.

La majorité d’entre eux ont un lien avec la secte d’inspiration chrétienne de l’Eglise Shincheonji de Jésus.

Une de ses fidèles, âgée de 61 ans, qui ignorait être porteuse du virus, l’aurait transmis en assistant à quatre services religieux avant d’être diagnostiquée.

Dans tout le pays, les autorités locales ont commencé à contrôler l’état de santé des plus de 200.000 membres de cette secte. Le nombre de cas devrait donc encore augmenter.

Les autorités ont recommandé à la population de redoubler de prudence et conseillé aux personnes présentant de la fièvre ou des symptômes respiratoires de rester chez elles.

Un militaire américain de 23 ans, stationné dans le camp de Carroll à 30 km au nord de Daegu, a été déclaré mercredi positif au Covid-19.

De nombreux événements sont perturbés par cette épidémie. Des concerts de K-pop ont été annulés, le coup d’envoi du championnat national de football a été reporté et les Mondiaux de tennis de table ont été ajournés.

Autre conséquence, la Banque de Corée a révisé jeudi à la baisse sa prévision de croissance pour 2020. Elle table désormais sur une croissance de 2,1%, soit 0,2 point de moins que prévu, en raison notamment d’une baisse de la consommation et d’un ralentissement des exportations à cause de l’épidémie du nouveau coronavirus.

L’Eglise catholique de Corée du Sud a suspendu toutes les messes qui devaient être célébrées dans les plus de 1.700 églises du pays.

Un groupe de fidèles catholiques récemment rentré d’un pèlerinage en Israël est à l’origine de nombreuses contaminations.

Cameroun: la communauté internationale « bienvenue » pour régler la crise, affirme un opposant

La communauté internationale est la bienvenue au Cameroun pour aider à régler la crise meurtrière qui secoue les régions anglophones du pays, a affirmé l’opposant Maurice Kamto mercredi devant une foule de plusieurs centaines de personnes à Douala.

« Si les partenaires du Cameroun sont prêts à venir nous aider à régler la crise, alors je leur dis bienvenue », a-t-il lancé lors de sa première intervention en public depuis les législatives de début février.

Après le meurtre de 23 personnes mi-février dans les régions anglophones du Cameroun, attribué notamment à des militaires par plusieurs ONG, le président français Emmanuel Macron avait promis de « mettre la pression » à Yaoundé, des propos qui avaient choqué au Cameroun, y compris dans une partie de l’opposition.

La présidence de Paul Biya avait alors rétorqué que « le président est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain, et non devant un dirigeant étranger ».

« Si les autres s’intéressent à ça, c’est parce que nous n’avons pas été en mesure de régler ça entre nous », a lancé M. Kamto mercredi.

Son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait appelé à boycotter les législatives en raison du conflit entre indépendantistes et l’armée, qui a fait plus de 3.000 morts et poussé plus de 700.000 personnes à quitter leurs domiciles dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

M. Kamto s’est félicité du taux de participation très bas, estimant que le « mot d’ordre de boycott » avait été suivi à 77% ». Le taux des participation et l’ensemble des résultats n’ont pas encore été publiés.

Le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 face au président Paul Biya, qui avait passé près de 9 mois en prison en 2019, n’a en revanche pas directement réagi aux propos d’Emmanuel Macron.

Le président français avait affirmé samedi qu’il allait mettre « la pression » sur son homologue camerounais pour mettre un terme aux violences, et a à cette occasion assuré que M. Kamto avait été libéré après son intervention.

Officiellement, la présidence camerounaise s’est contenté lundi soir de « rejeter » les « propos surprenants » d’Emmanuel Macron dans un communiqué.

Des manifestations pacifiques, auxquelles ont participé des élus locaux et des associations proches du parti présidentiel, ont eu lieu devant l’ambassade de France à Yaoundé lundi et mardi, ainsi que, dans une moindre mesure, dans d’autres villes du pays.

« Nous n’avons pas besoin d’un libérateur de dernière minute. Il est mal indiqué d’aller cogner à la porte de l’ancien colon pour solliciter son soutien », a affirmé à l’AFP Joshua Osih, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 pour le Social Democratic Front (SDF), parti fortement ancré dans les régions anglophones.

Même dans des journaux d’ordinaire plutôt critiques avec le gouvernement camerounais, comme le quotidien Mutations, la « condescendance inédite » du président français fait la une, tandis que le journal Repères, plus proche du pouvoir, titre « Macron, l’immature ».

Alors que les autres partis faisaient campagne début février, M. Kamto avait visité plusieurs pays, dont la France, le Canada et les Etats-Unis, où il affirme avoir plaidé pour un règlement pacifique du conflit qui oppose les indépendantistes anglophones et l’armée.

« Il faut retirer l’armée » des régions anglophones, a-t-il demandé mercredi, exigeant également l’organisation d’un dialogue avec des dirigeants indépendantistes, dont Julius Ayuk Tabe, condamné à la prison à vie en août.