Cameroun: la présidence rejette des « propos surprenants » d’Emmanuel Macron

La présidence camerounaise s’est offusquée lundi soir des « propos surprenants » du chef d’Etat français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » sur son homologue camerounais Paul Biya.

« La présidence de la République du Cameroun rejette (…) les propos surprenants du président de la République française », a écrit son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans un communiqué.

Le président camerounais « est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger, fut-ce un ami », a-t-il assuré, indiquant que pour accomplir sa mission, le chef de l’Etat camerounais « n’a pas besoin, pour ce faire, de pression extérieure ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Libye: les deux camps rivaux annoncent « suspendre » leur participation aux pourparlers de Genève

Les deux camps rivaux libyens invités par l’ONU à des pourparlers politiques mercredi à Genève ont annoncé séparément avoir suspendu leur participation au dialogue, invoquant des raisons différentes.

Le Parlement basé dans l’Est du pays qui appuie le maréchal Khalifa Haftar a annoncé qu’il ne participerait pas à la réunion parce que la mission de l’ONU en Libye (Manul) n’a pas approuvé la totalité de ses 13 représentants.

Son rival, le Haut conseil d’Etat (équivalent d’un sénat) qui soutient le Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli a indiqué de son côté qu’il préférait attendre qu’un progrès soit réalisé dans les négociations militaires.

« C’est à la lumière des conclusions (des discussions militaires) que le Haut conseil d’Etat décidera s’il prend part ou non au dialogue politique ».

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la Manul a indiqué néanmoins que la date du lancement du dialogue politique sera maintenue.

« Le dialogue politique libyen sera maintenu comme prévu, le 26 février. De nombreux participants sont déjà arrivés à Genève et nous espérons que tous les (autres) participants invités emboîteront le pas », a déclaré Jean El Alam.

« Si la mission onusienne insiste pour organiser la réunion politique à la date prévue avant de connaître les conclusions du dialogue militaire, le Haut conseil d’Etat ne se considère pas tenu par les conclusions du dialogue politique », a par ailleurs déclaré lundi lors d’une conférence de presse le président du Conseil Khaled el-Mechri.

Une Commission militaire conjointe constituée de dix hauts responsables militaires – cinq pour chaque camp – s’est réunie jusqu’à dimanche à Genève et elle est parvenue à un « projet d’accord de cessez-le-feu » qui doit être finalisé en mars, selon la Manul.

« Les deux parties ont convenu de présenter le projet d’accord à leurs dirigeants respectifs pour de nouvelles consultations et de se réunir à nouveau le mois prochain pour reprendre les discussions », a indiqué la Manul dans un communiqué.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le GNA reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est, qui a lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

Brésil: 150 meurtres en cinq jours dans un Etat sans police militaire

L’Etat brésilien de Ceara (nord-est), où la police militaire s’est mutinée pour obtenir de meilleurs salaires, a enregistré 147 assassinats en cinq jours, soit cinq fois plus que la moyenne quotidienne, ont annoncé lundi les autorités.

Ces homicides ont eu lieu entre mercredi et dimanche, en pleine période de Carnaval au Brésil. Ils sont cinq fois plus nombreux que la moyenne de six meurtres par jour, enregistrés dans cet Etat depuis le début de l’année, selon le secrétariat pour la sécurité de Ceara.

Les policiers militaires (PM), un corps de maintien de l’ordre qui dépend des autorités de chaque Etat, ont interdiction de faire grève.

Mais après deux mois de négociations salariales infructueuses, des groupes de mutins ont lancé mardi l’occupation de casernes, ont attaqué plusieurs patrouilles et se sont mis en grève. Des voitures de police ont été volées et des installations ont été détruites.

Conséquence, le nombre d’assassinats sur la voie publique a grimpé en flèche.

Mercredi, le sénateur de centre-gauche Cid Gomes a été blessé par balles après avoir tenté, aux commandes d’une pelleteuse, de briser un piquet de grève de policiers mutinés à Sobral, ville située à 230 km de Fortaleza, la capitale de cet Etat.

Après avoir été hospitalisé, l’ex-ministre de l’Education du gouvernement de l’ancienne présidente Dilma Rousseff (2011-2016) est chez lui en convalescence.

Face à cette situation, le président Jair Bolsonaro a décidé vendredi l’envoi de 2.500 militaires et effectifs de la Garde nationale pour renforcer la sécurité à Ceara.

Lors d’une visite dans l’Etat, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Sergio Moro, a dit souhaiter que « la situation se résolve le plus vite possible ».

Selon les médias locaux, 200 policiers militaires ont été suspendus pour leur participation à la mutinerie et 37 ont été incarcérés pour désertion.

Avec une population de quelque 8,8 millions d’habitants, l’Etat de Ceara avait été paralysé il y a un an par plus de 200 attaques de la part de factions criminelles, mécontentes du durcissement des conditions de détention dans les prisons de l’Etat.

Cameroun: des centaines de jeunes manifestent devant l’ambassade de France contre des propos de Macron

Des centaines de jeunes Camerounais ont manifesté dans le calme lundi devant l’ambassade de France à Yaoundé, s’indignant de propos du président français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » à son homologue camerounais Paul Biya, a constaté un journaliste de l’AFP.

Entre 400 et 600 jeunes, selon une estimation de la police et de la gendarmerie, s’étaient mobilisés à l’entrée de l’ambassade de France, chantant et dansant à la gloire de M. Biya, tout en s’insurgeant contre l’attitude de M. Macron.

De nombreux gendarmes et policiers étaient également présents pour éviter tout débordement, et la foule s’est dispersée vers 14H00 (13H00 GMT), selon un journaliste de l’AFP présent sur place.

La plupart des manifestants portaient des drapeaux du Cameroun tandis que d’autres brandissaient des pancartes hostiles au président français.

« M. Macron, le Cameroun n’est pas un Dom-Tom » (départements et territoires français d’Outre-Mer), « M. Macron mêle-toi de tes oignons », pouvait-on lire sur certaines pancartes.

« Nous sommes ici pour riposter aux propos de Macron parce qu’il a manqué de respect à notre patriarche (Paul Biya) », a expliqué un manifestant, Souley Aboubakar, président d’une des associations des jeunes partisans de M. Biya, à l’origine de ce rassemblement.

« Il (M. Macron) est un président de la République. Il doit être respecté, mais il doit respecter notre président », a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas une province de la France. Le Cameroun est un Etat souverain, indépendant depuis 1960 », a-t-il poursuivi, invitant M. Macron à présenter « des excuses ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Sollicitée, l’ambassade de France n’a pas réagi.

Nigeria: enquête sur une vidéo montrant un lamantin traîné dans la rue

Le ministère nigérian de l’Environnement a ordonné une enquête à la suite de la diffusion d’une vidéo montrant un lamentin – gros mammifère aquatique herbivore appartenant à une espèce protégée -, trainé dans une rue, qui a suscité l’indignation des organisations protectrices de l’environnement.

Sur cette vidéo dont la date n’est pas connue, mais partagée sur Twitter samedi, un groupe de jeunes hommes trainent le mammifère ligoté et gigotant dans une rue poussiéreuse.

La vice-ministre de l’Environnement a condamné dimanche sur Twitter cette « vidéo très dérangeante et désagréable » tournée dans le delta du Niger (sud), selon elle, appelant à une « campagne de sensibilisation dans les régions côtières pour protéger les lamantins ».

« Il est triste que les lamantins restent l’un des mammifères marins les plus intensément chassés », a-t-elle déploré, ajoutant que les autorités locales avaient été mobilisées pour tenter de retrouver le lamantin de la vidéo.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il y a quelque 10.000 lamantins sur les côtes ouest-africaines, mais leur population décline rapidement.

Bien que la chasse au lamantin soit interdite au Nigeria, elle demeure pratiquée, ce mammifère étant recherché pour sa viande, son huile et ses organes, utilisés dans la médecine traditionnelle.

La pauvreté généralisée dans le delta du Niger, où les populations locales sont largement exclues des bénéfices des immenses richesses pétrolières de leur région, alimente la criminalité et la chasse illégale.

De plus, les fuites d’hydrocarbures y ont endommagé le milieu naturel de la faune aquatique, dont les lamantins.

Selon la Société nigériane de préservation de la Nature, les agences gouvernementales font rarement respecter la législation sur les espèces protégées.

Canada: la police démantèle un premier barrage ferroviaire en terre autochtone

La police canadienne a démantelé lundi un barrage autochtone qui paralyse depuis des semaines un axe ferroviaire crucial, alors que Justin Trudeau tente de mettre fin à une crise provoquée par la protestation contre un projet de gazoduc.

Les barrages qui ont essaimé dans tout le pays, en soutien à la nation Wet’suwet’en de Colombie-Britannique opposée à la construction d’un gazoduc sur son territoire ancestral, « doivent être levés maintenant », avait prévenu vendredi le Premier ministre. Il avait alors laissé la porte ouverte à une intervention policière faute de déblocage rapide.

Plusieurs dizaines de policiers sont intervenus lundi matin sans violence sur l’un des principaux barrages du pays: celui situé sur la réserve mohawk de Tyendinaga, près de Belleville (Ontario), à environ 200 km au nord-est de la métropole Toronto.

Le barrage de Tyendinaga est situé sur un axe stratégique pour le trafic ferroviaire entre l’est et l’ouest du Canada, ainsi qu’avec le nord des Etats-Unis.

Après une brève échauffourée avec quelques manifestants, filmée par l’un d’eux et diffusée sur les réseaux sociaux, la police a interpelé plusieurs personnes.

La police de l’Ontario « a la responsabilité légale de faire respecter l’injonction et nous avons commencé à le faire ce matin », a-t-elle indiqué dans un communiqué, alors qu’un ultimatum aux manifestants avait expiré dimanche à minuit.

« Tous les manifestants sont encouragés à quitter le site de façon pacifique », a ajouté la police, précisant que « le recours à la force ne se fera qu’en dernier recours ».

Les chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en à l’origine du mouvement devaient se réunir dans la journée en Colombie-Britannique pour décider de la suite à lui donner.

– Le spectre d’Oka –

Samedi, alors qu’ils visitaient un autre barrage en territoire mohawk, à Kahnawake, près de Montréal, plusieurs d’entre eux avaient réitéré leurs demandes, préalables à toute négociation avec le gouvernement: retrait complet de la police fédérale de leur territoire ancestral en Colombie-Britannique et suspension des travaux du gazoduc par la compagnie Coastal GasLink.

La mise en garde de Justin Trudeau n’a pas semblé dissuader les manifestants: si un barrage au sud de Montréal a été levé par la police vendredi soir, d’autres ont fleuri depuis pendant le weekend en Saskatchewan ou à Vancouver, dans l’ouest) du pays.

Lundi matin, quelques heures après l’intervention policière à Tyendinaga, des membres de la communauté mohawk de Kahnawake, qui bloquent également des voies sur leur territoire depuis plusieurs semaines, ont brièvement perturbé la circulation sur un pont menant à Montréal.

Dans la capitale Ottawa, plusieurs centaines de personnes ont défilé et dansé dans les rues lors d’une manifestation spontanée, a constaté l’AFP.

« Il est absolument essentiel que ces barricades soient levées », a réaffirmé lundi le ministre de la Sécurité publique Bill Blair, en marge d’une réunion d’urgence convoquée par Justin Trudeau à Ottawa.

Pour autant, « nous restons engagés à mettre en oeuvre le processus de réconciliation, mais ce sont deux questions distinctes », a-t-il ajouté.

Un Justin Trudeau à bout de patience avait durci le ton vendredi face aux manifestants. Il avait exigé la levée immédiate de tous ces barrages qui affectent l’économie canadienne, tout en appelant à une reprise du dialogue et une issue « pacifique » à cette crise.

M. Trudeau, qui a fait de la réconciliation avec les autochtones l’une des priorités de son deuxième mandat, marche sur des oeufs.

Pressé d’agir vite par l’opposition conservatrice, le dirigeant libéral veut éviter que la crise ne dégénère en cas d’incident lors d’une intervention policière, comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières décennies.

Il y a trente ans, la crise d’Oka au Québec, qui avait mobilisé les Mohawks en raison de l’agrandissement controversé d’un terrain de golf, avait fait un mort du côté des forces de l’ordre.

Cinq ans plus tard, c’est un militant autochtone qui avait été tué par balle par la police lors d’une intervention dans le parc provincial d’Ipperwash en Ontario.

Virus: l’OMS évoque un risque de « pandémie », mais recul de l’épidémie en Chine

Le directeur général de l’OMS a appelé lundi le monde à se préparer à une « éventuelle pandémie » du nouveau coronavirus, en jugeant « très préoccupante (…) l’augmentation soudaine » de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.

L’épidémie a en revanche reculé en Chine, d’où a surgi le nouveau coronavirus fin décembre et où 77.000 personnes ont été contaminées depuis.

Les experts de la mission conjointe de l’OMS qui se sont rendus dans plusieurs provinces chinoises, dont à Wuhan, épicentre de l’épidémie, ont en effet constaté que l’épidémie du Covid-19 a atteint en Chine « un pic, suivi d’un plateau, entre le 23 janvier et le 2 février, et qu’elle n’a cessé de décliner depuis lors », a déclaré à la presse le chef de l’agence spécialisée des Nations unies, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Cela devrait donner aux pays l’espoir que ce virus peut être contenu », a-t-il insisté, saluant une fois de plus les mesures drastiques prises par la Chine où des dizaines de millions de personnes vivent confinées depuis des semaines.

Ailleurs dans le monde, l’épidémie de pneumonie virale s’est accélérée lundi, avec des bilans en forte hausse de la Corée du Sud à l’Iran, qui enregistrent désormais le plus grand nombre de cas de contamination et de décès en dehors de la Chine.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie, ndlr), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a assuré Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« L’augmentation soudaine du nombre de cas en Italie, en Iran et en Corée du Sud est très préoccupante », a ajouté le patron de l’OMS, qui doit se rendre mardi à Téhéran avec des experts.

En Europe, l’Italie, qui compte désormais cinq morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de villes du Nord.

L’Italie, passée de 6 à 219 cas en quatre jours, est le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Corée du Sud et la Chine.

« Nous devons comprendre la dynamique de l’épidémie en Iran. Cela va prendre quelques jours, une équipe arrive en Iran demain », a expliqué aux médias le Dr Michael Ryan, directeur du Programme pour les urgences de l’OMS.

Scientifiquement parlant, la mission conjointe qui s’est rendue en Chine a également permis de montrer « qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans l’ADN du coronavirus », a indiqué le Dr. Tedros.

Quant au taux de mortalité en Chine, il est de 0,7%, et se situe entre 2 et 4% à Wuhan, a-t-il détaillé.

Les experts ont également constaté que les personnes qui ont été contaminées mais ne souffrent pas de symptômes graves ont un temps de guérison d’environ deux semaines, tandis que ceux qui sont sévèrement atteints se rétablissent dans un délai de trois à six semaines, a-t-il expliqué.

Précurseur à la base de militants inégalée, les atouts-clé de Bernie Sanders

Il a une base de militants que ses rivaux lui envient, un discours pour réduire les inégalités devenu un must pour tous les démocrates, et une capacité à débattre et résister aux attaques personnelles: voici les principales qualités qui ont fait de Bernie Sanders le favori de la course à l’investiture démocrate.

– Précurseur

Doyen de la course à 78 ans, le sénateur du Vermont, « socialiste » revendiqué, défend les droits des travailleurs et dénonce un système conçu pour les riches depuis les années 70.

Il a fait des inégalités, de l’augmentation du salaire minimum, d’une sécurité sociale sur le modèle européen un leitmotiv depuis 40 ans, alors que ses rivaux et le parti démocrate ne se sont emparés de ces thèmes que récemment. Il prône aussi un « +New Deal+ vert », vaste plan de relance de l’économie alliant justice sociale et lutte contre le changement climatique.

Depuis sa campagne malheureuse contre Hillary Clinton en 2016, le parti démocrate a évolué dans sa direction, et « les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », disait-il dimanche sur CBS.

« Si les grands partis refusent de prendre les décisions nécessaires pour changer les inégalités économiques dans ce pays, il ne faut pas s’étonner que les électeurs se tournent vers des candidats plus extrêmes idéologiquement », dit Costas Panagopoulos, professeur à Northeastern University.

-Base enthousiaste

Cette constance vaut au sénateur indépendant du Vermont le soutien d’une base électorale « très dévouée », que tous ses rivaux lui envient, souligne David Barker, politologue à l’American University de Washington. Seul Donald Trump peut se targuer d’une base aussi fidèle, selon plusieurs analystes.

Faite surtout de jeunes blancs lors de sa première campagne présidentielle en 2015-2016, cette base s’est diversifiée depuis pour inclure beaucoup plus d’électeurs noirs ou hispaniques, à l’image du soutien actif que lui apporte la jeune élue du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez.

Sa victoire haut la main samedi dans le Nevada, première primaire du calendrier organisée dans un Etat où les minorités constituent une part importante de l’électorat, a confirmé l’élargissement de sa base.

Ses partisans sont aussi très généreux, et ont permis au sénateur de bénéficier d’un record de donations individuelles depuis le début de sa campagne (121 millions de dollars).

Utilisant avec dextérité les réseaux sociaux, ils peuvent s’avérer redoutables contre les détracteurs de leur héros. Les critiques contre les méthodes de ces « Bernie bro(thers) » vont d’ailleurs crescendo: le jeune candidat centriste Pete Buttigieg a pour la première fois épinglé publiquement M. Sanders sur ce point lors du dernier débat démocrate mercredi dernier.

– Infatigable

Fort de ses 40 ans d’expérience, et malgré une crise cardiaque qui aurait pu sonner le glas de sa campagne en octobre, Bernie Sanders enchaîne les meetings à travers le pays – où il harangue souvent la foule pendant plus d’une heure – à un rythme endiablé.

Depuis sa victoire dans le Nevada, Bernie Sanders porte désormais son attention vers la prochaine primaire en Caroline du Sud samedi avec l’espoir de l’emporter, ce qui lui donnerait un avantage certain pour le « Super mardi » du 3 mars, rendez-vous clé des primaires avec 14 Etats qui désigneront leur candidat.

– Fin communicateur anti-élite

Depuis 40 ans qu’il défend ses idées « socialistes », dont près de 30 ans comme élu au Congrès, Bernie Sanders a peaufiné ses arguments.

Avec sa dénonciation de Wall Street et son appel à changer « un système corrompu », sa présentation pédagogique du coût du système de santé privé américain ou de la dette étudiante, il est un débatteur aguerri, et un bon communicateur qui ne reculera pas devant Donald Trump, selon M. Barker.

Il partage avec le président un discours anti-élite et une spontanéité qui fait qu' »ils n’ont pas besoin de demander leur avis à un +focus group+ avant de s’exprimer », souligne Jim Campbell, politologue à l’université de Buffalo.

Lors du débat de mercredi dernier, Bernie Sanders a réussi à sortir quasi-indemne d’attaques contre son passé « communiste », émanant du milliardaire new-yorkais Michael Bloomberg, ou contre ses idées présentées comme « clivantes » par Pete Buttigieg.

Donald Trump l’a aussi déjà attaqué plusieurs fois sur son « socialisme » qui, pour beaucoup d’Américains, rime avec le communisme honni de la Guerre froide. Le président a ainsi rappelé son voyage avec sa femme à Moscou en 1988, ou sa défense à la même époque du régime sandiniste au Nicaragua.

Ces attaques font que beaucoup de démocrates modérés doutent que Bernie Sanders puisse emporter la présidentielle face à Trump en novembre.

Mais plusieurs sondages indiquent qu’il peut gagner. Un tout récent sondage CBS News/YouGov le voit ainsi devancer légèrement Trump au plan national, et d’autres sondages le prédisent gagnant dans des Etats-clé comme le Michigan, le Wisconsin ou la Pennsylvanie.

Harvey Weinstein jugé coupable d’agression sexuelle et de viol

Le producteur déchu Harvey Weinstein a été reconnu coupable lundi d’agression sexuelle et de viol, mais a évité une condamnation pour les accusations les plus graves, un verdict en demi-teinte qui constitue cependant une victoire pour le mouvement #MeToo.

Reconnu coupable d’agression sexuelle et de viol, Harvey Weinstein, 67 ans, est passible de 25 ans de prison au maximum, mais ne risque pas la perpétuité, car le jury l’a disculpé de la circonstance aggravante de comportement « prédateur », qui aurait pu lui valoir la prison à vie.

Sa peine sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats.

Il s’agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo, celle de l’acteur Bill Cosby résultant de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement anti-agressions sexuelles ne commence en octobre 2017.

Le jury a eu besoin de cinq jours pour parvenir à une décision à l’unanimité sur certains chefs, condition nécessaire pour prononcer un verdict.

Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi les plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Au final, le jury ne l’a jugé coupable que des deux chefs les moins graves, l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013.

Il a, en revanche, relaxé le producteur d’un chef de viol plus grave lié à Jessica Mann, mais surtout de la circonstance aggravante de comportement « prédateur ».

L’agression de Mimi Haleyi et le viol présumé de Jessica Mann étaient poursuivis en tant que tels, tandis que le viol d’une troisième femme, la comédienne Annabella Sciorra, bien que prescrit, pouvait, lui, déclencher cette circonstance aggravante.

Mais le jury a également déclaré Harvey Weinstein non coupable de ce viol remontant à l’hiver 1993, près avoir demandé à réentendre le témoignage de l’actrice durant ses délibérations.

– Témoins discrédités

Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer le récit des trois femmes.

Les avocats d’Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l’accusé après les faits présumés.

Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu’en 2016.

« Ce n’était pas une relation », avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. « Jessica Mann était la poupée de chiffon d’Harvey Weinstein. »

Mimi Haleyi a elle raconté avoir eu un rapport sexuel initié par l’accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance.

Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l’ancien magnat du cinéma par « peur », tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu’il s’agissait pour elle de maintenir une « relation professionnelle ».

La défense avait cherché à dépeindre deux femmes opportunistes, prêtes à se soumettre aux caprices du producteur, voire à ses pulsions sexuelles, pour tenter de mettre un pied à Hollywood.

Les avocats d’Harvey Weinstein avaient aussi laissé entendre que les deux plaignantes avaient témoigné par intérêt, pour augmenter leurs chances d’obtenir du producteur des dommages et intérêts une fois celui-ci condamné.

« Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l’espoir de faire entendre leur voix » au procès, leur avait opposé la procureure.

La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast avaient souligné qu’en fait d’opportunités, elles n’avaient quasiment rien obtenu du magnat d’Hollywood.

L’accusation a aussi rappelé qu’aucune des deux femmes n’avait attaqué en justice Harvey Weinstein pour obtenir réparation financière et qu’elles n’avaient aucun intérêt à venir témoigner au procès.

Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d’affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.

M. Weinstein doit encore répondre d’une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

Pourfendeur de Wall Street, Bernie Sanders y a aussi ses fidèles

Bernie Sanders, grand favori pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de novembre, a fait de Wall Street sa bête noire. Mais même au coeur de la finance new-yorkaise, ce socialiste revendiqué a ses fans.

Surfant sur une dynamique favorable avec sa nette victoire dans le Nevada samedi et plusieurs sondages nationaux récents qui le placent largement devant ses rivaux, le sénateur de 78 ans apparaît comme le grand favori pour obtenir l’investiture démocrate et défier Donald Trump en novembre.

Son projet de taxer les riches et de resserrer le contrôle des banques et du système financier effraye des barons des marchés new-yorkais, tels l’ex-PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein ou le gestionnaire de fonds Leon Cooperman, qui a jugé mardi que Bernie Sanders était plus dangereux que le coronavirus pour les marchés financiers. Le milliardaire Warren Buffett a lui affirmé, lundi sur la chaîne CNBC, qu’il voterait « certainement » pour l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, accusé par Bernie Sanders de vouloir acheter la nomination démocrate avec sa fortune personnelle.

Mais d’autres acteurs du secteur accueillent avec enthousiasme la montée en puissance du sénateur du Vermont.

« Je ne suis pas Lloyd Blankfein, je travaille dans une entreprise familiale et je dois payer ma facture de santé à la fin du mois », explique Wade Black, un des membres fondateurs de la société d’investissement Scarsdale Equities, depuis son bureau du Rockefeller Center, au coeur de Manhattan.

Pour ce souriant quadragénaire démocrate qui dit avoir viré plus à gauche avec l’âge, les opinions à Wall Street sont bien plus diverses que certains clichés ne le laissent entendre.

« Beaucoup des gens qui y travaillent sont de simples salariés, ils ne sont pas payés comme les dirigeants de fonds spéculatifs. Il y a des employés de banque, du personnel administratif. Ce serait choquant qu’ils ne reflètent pas la diversité d’opinions qui existe aux Etats-Unis », insiste-t-il.

Un avis auquel souscrit Daniel Alpert, 61 ans, co-fondateur de la banque d’investissement new-yorkaise Westwood Capital.

« Wall Street s’est rajeunie. On ne sait pas vraiment ce que les jeunes pensent, car ils sont muselés. Les plus âgés qui sont restés occupent aujourd’hui des postes de direction, mais ne font que répéter le même refrain », décrit M. Alpert.

Le creusement des inégalités rend selon lui le message de Bernie Sanders plus audible dans l’ensemble de la société américaine, y compris le monde de la finance.

– Soutien financier –

Il n’y a eu aucun sondage qui permette d’avoir une idée précise de la proportion d’employés du secteur qui soutiennent M. Sanders.

Mais selon le Center for Responsive Politics, qui comptabilise les donations politiques de groupes de campagne et de particuliers supérieures à 200 dollars, Bernie Sanders a touché 1,7 million de dollars du secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier depuis le début de sa campagne il y a un an, sur un total de 108 millions collectés au 31 décembre 2019.

Une somme loin de celles provenant du même secteur qu’ont perçues ses rivaux démocrates Pete Buttigieg (4,4 millions) et Joe Biden (4,1 millions), sur une ligne plus modérée, ou Donald Trump (2,7 millions).

Les contributions issues de fonds spéculatifs, de groupes d’investissement privés ou de sociétés de capital-risque sont en revanche quasi-nulles pour le sénateur socialiste revendiqué, se targuant de dépendre essentiellement des dons modestes de particuliers.

Wade Black a lui versé « environ 400 dollars » pour la campagne de Bernie Sanders, disant contribuer sous le coup de l’émotion lorsqu’il estime que le candidat est injustement attaqué.

– Menace pour les marchés? –

Si Bernie Sanders s’en prend régulièrement à Wall Street et à la haute finance, opposant la classe dominante des 1% aux 99% restants de la population, ses soutiens dans ce secteur ne se sentent pas pour autant visés.

« Il parle des grandes banques d’investissement, comme Goldman Sachs ou Bank of America. Elles exercent un pouvoir immense, encore plus qu’en 2008 » lors de la crise financière mondiale, souligne M. Black.

Dans son programme, Bernie Sanders propose de démanteler ces établissements, « trop grands pour faire faillite » et de mettre fin à ce qu’il qualifie d’impunité pour leurs dirigeants.

Pour plusieurs milliardaires américains, ce projet de réforme et d’autres mesures dans la même veine font courir le risque d’un effondrement boursier si le sénateur accédait à la Maison Blanche.

« On avait dit la même chose pour Donald Trump. Le marché a chuté au lendemain de son élection avant de se reprendre. Tout cela est grotesque », balaie Dan Alpert.