Massacre au Cameroun: Macron dénonce « des violations des droits de l’Homme »

Le président français Emmanuel Macron a dénoncé samedi « des violations des droits de l’Homme intolérables » au Cameroun, après la mort la semaine dernière de 23 personnes dont une majorité d’enfants au cours d’une opération militaire.

« Je vais appeler la semaine prochaine le président (du Cameroun) Paul Biya et on mettra le maximum de pression pour que la situation cesse. Il y a des violations des droits de l’Homme au Cameroun qui sont intolérables, je fais le maximum », a expliqué le chef de l’État français en marge d’une visite au Salon de l’agriculture à Paris, alors qu’il était interpellé sur cette question par un passant.

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf sont âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

« La France a un rôle compliqué en Afrique, quand la France dit: +tel dirigeant n’a pas été démocratiquement élu+, les Africains nous disent +de quoi vous mêlez-vous?+… Moi, je mets la pression sur chacun; je travaille avec l’Union africaine pour mettre la pression », a ajouté Emmanuel Macron, en faisant valoir que « ce n’est pas la France qui peut faire la démocratie au Cameroun, ce sont les Camerounais ».

Mardi, la France, allié traditionnel du Cameroun, avait déjà condamné des « violences » et demandé que les « responsables répondent de leurs actes ».

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré lundi que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Législatives en Iran: les conservateurs en tête après les premiers résultats

Les conservateurs en Iran sont en tête selon les premiers résultats des élections législatives publiés samedi, une avance favorisée par une probable faible participation consécutive à la disqualification de milliers de candidats.

Les élections ont eu lieu vendredi dans un contexte de violente récession économique, due en partie aux sanctions américaines, et de tensions exacerbées entre Téhéran et Washington, ennemis jurés.

Avant le vote, près de la moitié des 16.000 candidatures avaient été invalidées, dont celles de milliers de réformateurs et de modérés, ce qui a pratiquement réduit le scrutin à un affrontement entre conservateurs et ultraconservateurs.

Les observateurs ont prédit une forte abstention, la population étant désillusionnée par les promesses non tenues des hommes politiques et tentant de faire face aux dures conditions de vie.

Samedi en milieu de journée, les votes avaient été comptés dans 71 circonscriptions sur 208 à l’échelle nationale, selon les chiffres du comité électoral national rapportés par l’agence de presse Isna.

L’alliance formée par les conservateurs et les ultraconservateurs semblait avoir un avantage confortable à Téhéran selon les premiers résultats, a déclaré le porte-parole du comité Esmaïl Moussavi à la télévision d’Etat.

Selon M. Moussavi, la plupart des votes sont allés aux trois premiers noms sur cette liste menée par Mohammad Bagher Ghalibaf, trois fois candidat malheureux à la présidentielle, ex-chef de la police, membre des Gardiens de la révolution -l’armée idéologique de l’Iran-, et maire de Téhéran de 2005 à 2017.

Les modérés et les réformateurs étaient très rares parmi les 40 candidats au total à Téhéran, a ajouté le porte-parole. Avec ses 30 sièges, la capitale iranienne représente un enjeu électoral de premier plan.

– « Une sélection » –

Les résultats définitifs pour Téhéran et d’autres provinces seront annoncés dimanche matin au plus tard, a ajouté M. Moussavi.

Les autorités ont annoncé la fermeture des écoles dans des dizaines de grandes villes pour permettre les opérations de dépouillement.

Si ces premiers résultats sont confirmés, cela constituerait un coup dur pour le président modéré Hassan Rohani, dont la marge de manoeuvre sera limitée jusqu’à la fin de son mandat en 2021.

Selon des chiffres non officiels publiés par l’agence Fars, la coalition conservatrice a remporté 135 des 290 sièges au nouveau Parlement. Les réformateurs en ont gagné 20 et les indépendants 28.

L’agence Fars a indiqué que 1,9 million de personnes avaient voté à Téhéran sur plus de neuf millions d’électeurs.

Plusieurs semblent avoir boycotté les élections dans la capitale. Parmi eux, Mme Arghavan Aram, qui gère une ONG pour les personnes transgenres.

« Une élection avec une seule tendance politique n’est pas une élection, c’est une sélection », a-t-elle dit.

Mais elle a dit espérer un avenir dans lequel « Trump (le président américain Donald Trump) part, les démocrates arrivent au pouvoir et un guide suprême modéré » en Iran, espérant que les choses changeront.

– Nouveaux décès au coronavirus –

Les élections de vendredi, les onzièmes depuis la révolution islamique de 1979, ont coïncidé avec l’annonce de nouveaux décès en Iran dus au nouveau coronavirus.

Samedi, les autorités iraniennes ont annoncé un nouveau décès portant le nombre de morts liés à cette maladie à cinq, soit le plus grand nombre de décès enregistrés dans un pays hors Extrême-Orient. Au total 28 personnes ont été contaminées en Iran. Les cinq personnes décédées sont probablement iraniennes.

L’Iran est par ailleurs plongé dans une violente récession, après le retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 entre Téhéran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), et le rétablissement des sanctions américaines qui ont asphyxié l’économie de ce pays pétrolier.

M. Rohani voyait dans cet pacte l’espoir d’une ère de prospérité pour l’Iran. Mais les ultraconservateurs sont opposés à toute négociation avec l’Occident et sont impatients de sortir de l’accord international sur le nucléaire.

Soudan du Sud: le rebelle Riek Machar redevient vice-président, espoirs de paix relancés

Le dirigeant rebelle du Soudan du Sud Riek Machar est redevenu samedi à Juba premier vice-président, conformément à un accord de paix conclu en 2018, relançant les espoirs de paix dans ce jeune pays ravagé par la guerre depuis six ans.

« Je jure d’être fidèle (…) à la République du Soudan du Sud », a déclaré lors de sa prestation de serment M. Machar devant un parterre de diplomates et de représentants des pays voisins, dont le dirigeant du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan.

M. Machar a donné l’accolade et serré la main de son rival de toujours, le président Salva Kiir, avec qui il va tenter de gouverner pour la troisième fois depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.

« Je veux vous assurer que, pour le peuple du Soudan du Sud, nous allons travailler ensemble pour mettre fin à sa souffrance », a affirmé le dirigeant rebelle.

Sous pression internationale, ils se sont mis d’accord pour former un gouvernement d’union nationale, pierre angulaire de l’accord de paix conclu en septembre 2018.

Salva Kiir a dissous vendredi son gouvernement en vue de la formation de ce nouvel exécutif d’union, dont la composition doit être annoncée samedi.

« La formation de ce gouvernement nous donne espoir d’un nouvel élan vers la fin de la souffrance du peuple et une voie vers une paix durable », a affirmé Riek Machar.

M. Machar, qui a déjà été vice-président par deux fois entre 2011 et 2013, puis brièvement en 2016, devait initialement prêter serment vendredi.

Les deux précédentes échéances pour former le gouvernement d’union n’avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d’une armée nationale unifiée, le nombre d’États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de M. Machar.

La récente proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), a contribué à débloquer la situation.

M. Machar a d’abord rejeté cette concession du président, en contestant le statut proposé de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, mais sans que cela empêche l’accord sur le gouvernement.

– « Beaucoup plus à faire » –

Les deux hommes « continueront à résoudre le problème » une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi à l’AFP Manawa Peter Gatkuoth, l’un des porte-parole de M. Machar.

« Le compromis de Kiir sur les Etats (régionaux) permet aux deux parties d’aller enfin de l’avant, même s’ils ont encore beaucoup plus à faire dans les semaines, les mois et les années à venir », a estimé Alan Boswell, expert sud-soudanais qui collabore au centre d’analyse International Crisis Group ((ICG), interrogé par l’AFP.

Riek Machar vivait en exil depuis l’échec d’une précédente tentative de gouvernement d’union en 2016, brutalement interrompue par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Le président Kiir a annoncé jeudi que ses hommes seraient chargés de la sécurité de la capitale, ainsi que de celle de M. Machar.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Chassés par la guerre civile, plus de quatre millions de personnes ont fui leur foyer, dont 2,2 millions sont réfugiés ou demandeurs d’asile dans les pays voisins, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Malgré ses richesses en pétrole, près de 82% des 11 millions d’habitants du Soudan du Sud vivent sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale 2018), et le pays se classe au 186ème rang sur 189 de l’indicateur de développement humain du Pnud.

Soudan du Sud: un pays ravagé par la guerre civile

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est l’un des pays les plus pauvres malgré ses richesses pétrolières, avec une économie ruinée par six années de guerre civile qui ont généré une grave crise humanitaire.

– Plus jeune État au monde –

Le 9 janvier 2005, le Nord et le Sud du Soudan signent un accord de paix, après des décennies de guerre civile entre rebelles sudistes et Khartoum (1959-1972 et 1983-2005), qui ont provoqué des millions de morts.

Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance, six mois après avoir voté par référendum sa sécession.

Cet État enclavé est frontalier du Soudan, de l’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo et de la Centrafrique.

Avec une superficie de 589.745 km2, le pays, dont la capitale est Juba, représente presque un quart de l’ancien Soudan. Nord et Sud se disputent toujours la province riche en pétrole d’Abyei.

Contrairement au Nord musulman, le Sud est essentiellement chrétien et animiste.

– Guerre civile –

Le 15 décembre 2013, d’intenses combats opposent des factions rivales de l’armée à Juba. Le président Kiir, de l’ethnie dinka, accuse de tentative de coup d’État son ancien vice-président, Riek Machar, de l’ethnie nuer, limogé en juillet.

Celui-ci nie toute tentative de putsch, puis appelle l’armée à renverser Salva Kiir, l’accusant de vouloir « allumer une guerre ethnique ».

Les combats et massacres entre Dinka et Nuer s’étendent dans le pays.

Après un accord de paix signé en 2015, M. Machar redevient pour quelques semaines vice-président en 2016. Mais il doit s’exiler après des combats à Juba en juillet.

Un nouvel accord de paix intervient en septembre 2018 qui prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale.

La guerre civile, marquée par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts, pour moitié dus aux maladies et au manque d’accès aux soins.

– Pauvreté et crise humanitaire –

Près de 82% des 11 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale 2018), et le pays se classe au 186ème rang sur 189 de l’indicateur de développement humain du Pnud.

Chassés par la guerre civile, plus de quatre millions de personnes ont fui leur foyer, dont 2,2 millions sont réfugiés ou demandeurs d’asile dans les pays voisins, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Mi-février, les essaims de criquets qui dévastent les cultures en Afrique de l’Est sont arrivés au Soudan du Sud, dont 60% de la population est déjà menacée par la faim, sous l’effet combiné de la guerre, de la sécheresse et d’inondations.

– Économie dépendante du pétrole –

Le Sud a hérité à l’indépendance des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan, mais reste tributaire des infrastructures du Nord pour ses exportations.

Le pétrole représente la quasi-totalité de ses exportations et plus de 40% du PNB, selon la Banque mondiale.

L’économie a pâti d’une baisse des cours de l’or noir et d’infrastructures endommagées par la guerre.

La croissance du PIB est estimée à 3,2% lors de l’année budgétaire 2018/2019, après une contraction de 3,5% l’année précédente, tandis que l’inflation a été divisée par deux à environ 60%.

C’est l’un des pays les plus affectés par la corruption selon Transparency International (178ème sur 180).

– Marais et savane –

Le Soudan du sud abrite une faune variée (antilopes, éléphants, girafes, lions…), malmenée par la guerre civile et le braconnage, mais qui pourrait permettre un essor du tourisme après le conflit.

Le pays abrite le plus grand écosystème de savane d’Afrique de l’Est qui favorise une importante migration saisonnière.

Le Sud, plus grande zone marécageuse du monde, héberge d’innombrables oiseaux et d’immenses étendues de papyrus et plantes aquatiques.

Burundi: « vague d’arrestations » dans la région de Bujumbura, selon l’opposition

Le Conseil national pour la liberté (CNL), principal parti d’opposition au Burundi, a dénoncé samedi « une vague d’arrestations » de ses responsables locaux dans la province de Bujumbura depuis jeudi.

« Après un simulacre d’attaque (…) mercredi, il y a eu une vague d’arrestations de responsables locaux du parti CNL », a déclaré à l’AFP Therence Manirambona, porte-parole du parti. Il a affirmé que « 23 personnes avaient déjà été arrêtés par la police et des Imbonerakure (jeunesse du parti au pouvoir) et sont détenus dans des cachots de la police ».

Ces interpellations ont été confirmées à l’AFP par un responsable policier qui a parlé « d’arrestations pour raison d’enquête ».

Selon le CNL, « des responsables de notre parti ont subi des mauvais traitement et malheureusement l’un d’eux, Félix Ndikuriyo (…) a été battu à mort jeudi soir ».

« Personne n’est emprisonné pour des raisons politiques, ils ont été arrêtés pour avoir violé la loi », a affirmé Léonidas Ntirandekura, un responsable gouvernemental local. Selon lui, M. Ndikuriyo « est mort de maladie ».

Le porte-parole du CNL a dénoncé une « entreprise de harcèlement orchestrée par le pouvoir à l’approche des élections de mai 2020 ». « Aujourd’hui, nous comptons au moins 6 militants assassinés, d’autres ont été portés disparus ou ont été torturés, plus de 200 croupissent en prison et plus de 100 permanences détruites ou dégradées », a-t-il affirmé.

Des chiffres confirmés par la société civile et les medias.

Le président du CNL, Agathon Rwasa, est considéré comme le principal du candidat du parti Cndd-FDD au pouvoir, le général Evariste Ndayishimiye, à la présidentielle du 20 mai.

L’actuel président, Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, avait surpris en annonçant en juin 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution modifiée par référendum le lui permettait.

L’annonce en avril 2015 de sa candidature à un troisième mandat avait plongé le Burundi dans un cycle de violences et de violations massives des droits humains qui ont fait 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes, selon les estimations de la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête.

Soudan du Sud: le chef rebelle Riek Machar investi vice-président

Le dirigeant rebelle du Soudan du Sud Riek Machar a été investi samedi à Juba premier vice-président de ce pays en guerre depuis six ans, conformément à un accord de paix conclu en 2018.

« Je jure d’être fidèle (…) à la République du Soudan du Sud », a déclaré M. Machar devant un parterre de diplomates et de représentants des pays voisins, dont le dirigeant du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan.

M. Machar a donné l’accolade et serré la main de son rival de toujours, le président Salva Kiir, avec qui il va tenter de gouverner pour la troisième fois depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.

Sous pression internationale, ils se sont mis d’accord pour former un gouvernement d’union nationale, pierre angulaire de l’accord de paix conclu en septembre 2018.

Salva Kiir a dissous vendredi son gouvernement en vue de la formation de ce nouvel exécutif d’union dont la composition doit être annoncée samedi.

M. Machar, qui a déjà été vice-président par deux fois entre 2011 et 2013, puis brièvement en 2016, devait initialement prêter serment vendredi.

Les deux précédentes échéances pour former le gouvernement d’union n’avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d’une armée nationale unifiée, le nombre d’États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de M. Machar.

La récente proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), a contribué à débloquer la situation.

M. Machar a d’abord rejeté cette concession du président, en contestant le statut proposé de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, mais sans que cela empêche l’accord sur le gouvernement.

Les deux hommes « continueront à résoudre le problème » une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi à l’AFP Manawa Peter Gatkuoth, l’un des porte-parole de M. Machar.

Ce dernier vivait en exil depuis l’échec d’une précédente tentative de gouvernement d’union en 2016, brutalement interrompue par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Le président Kiir a annoncé jeudi que ses hommes seraient chargés de la sécurité de la capitale, ainsi que de celle de M. Machar.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Washington accuse la Russie de désinformation en ligne sur le coronavirus

Des milliers de comptes liés à la Russie sur Twitter, Facebook et Instagram propagent de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus apparu en Chine, ont affirmé à l’AFP des responsables américains.

La campagne de désinformation et de propagation de théories du complot a démarré il y a un mois, à un moment où le nombre de morts en Chine était de trois et l’épidémie n’en était qu’à 200 cas à Wuhan, selon ces responsables. Aujourd’hui, le bilan est monté à plus de 2.200 morts et 75.000 cas en Chine, et plus d’un millier de cas dans 26 autres pays.

La campagne russe rappelle les tentatives du KGB pour faire croire, pendant la Guerre froide, que le VIH était une invention de scientifiques américains.

« Le but de la Russie est de semer la discorde et d’affaiblir de l’intérieur les institutions des Etats-Unis et leurs alliances, y compris au travers de campagnes souterraines et pernicieuses », a estimé Philip Reeker, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’Europe et de l’Eurasie.

« En disséminant la désinformation sur le coronavirus, des acteurs russes malveillants choisissent une fois de plus de menacer la sécurité publique au détriment de la réponse globale » à l’épidémie, a-t-il ajouté.

Les responsables de la diplomatie américaine chargés de lutter contre la désinformation russe disent que des comptes aux noms de personnes fictives reproduisent des lignes d’attaques russes, non seulement en anglais mais aussi en français, en espagnol, en italien et en allemand.

Les théories propagées incluent l’idée que le virus a été créé par les Etats-Unis pour « faire une guerre économique à la Chine », que c’est une arme biologique inventée par la CIA, ou encore qu’il fait partie d’une stratégie occidentale de « messages anti-Chine ».

Des tweets accusent aussi faussement le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, dont la fondation a investi des milliards de dollars dans des programmes de santé internationaux.

Les milliers de comptes impliqués étaient surveillés pour s’être ingérés dans diverses crises à travers le monde, de la guerre en Syrie aux manifestations au Chili et en France avec les gilets jaunes. Ils postent des messages « quasi-identiques » sur le coronavirus, selon un rapport préparé pour le Global Engagement Center du département d’Etat, la cellule de lutte contre les campagnes de désinformation étrangères.

– Comptes coordonnés –

Contrairement à d’autres sujets où l’activité dure généralement trois jours, les comptes s’activent depuis un mois, selon les responsables américains, signe de l’importance accordée à l’affaire par les Russes.

« C’est typique de la doctrine russe de confrontation informationnelle », explique un responsable. « Le nombre mondial de cas du coronavirus n’a pas atteint son pic, donc la stratégie russe est d’exploiter l’environnement informationnel de façon très peu coûteuse mais très efficace, afin de semer la discorde entre la Chine et nous, ou pour des raisons économiques ».

Le département d’Etat fait coïncider le début de la campagne sur internet au 20 janvier, quand les médias contrôlés par l’Etat russe ont commencé à diffuser des articles et interviews anti-occidentaux sur les origines de l’épidémie, notamment RT et Sputnik. Les opérateurs des comptes ont commencé le lendemain.

« Il est peu probable que ce soit une coïncidence », dit un responsable. « Quand les médias russes ont commencé à sortir ces théories, les comptes russes ont vraiment commencé à les promouvoir mondialement ».

« Ces milliers de comptes travaillent de concert les uns avec les autres, au quotidien, avec des phrases, un ton et un rythme identiques. On peut tous les relier assez facilement à RT, Sputnik et d’autres médias liés à la Russie ».

« Ce ne sont pas des robots, ce sont de vraies personnes derrière un clavier », ajoute le responsable.

« On peut ainsi voir pleinement à l’oeuvre leur écosystème de désinformation, incluant des télévisions d’Etat, des sites internet qui leur sont proches et des milliers de fausses identités sur internet qui, tous, poussent les même thèmes », a commenté Lea Gabrielle, qui dirige le Global Engagement Center.

Washington considère que la désinformation russe nuit à la réponse sanitaire contre le virus, notamment en Afrique et en Asie.

« Ces opérateurs semblent avoir carte blanche pour semer la discorde », dit un responsable du département d’Etat, en affirmant que les trolls russes étaient autonomes et n’agissaient pas forcément sur ordre explicite.

« Il n’est pas nécessaire qu’un thème particulier soit décidé au plus haut niveau. Ils ont la capacité indépendante d’opérer dans cet espace pour infliger les dommages qu’ils souhaitent, avec des conséquences potentiellement catastrophiques ».

Soudan du Sud: un pays ravagé par la guerre civile

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est l’un des pays les plus pauvres malgré ses richesses pétrolières, avec une économie ruinée par six années de guerre civile qui ont généré une grave crise humanitaire.

– Plus jeune État au monde –

Le 9 janvier 2005, le Nord et le Sud du Soudan signent un accord de paix, après des décennies de guerre civile entre rebelles sudistes et Khartoum (1959-1972 et 1983-2005), qui ont provoqué des millions de morts.

Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance, six mois après avoir voté par référendum sa sécession.

Cet État enclavé est frontalier du Soudan, de l’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo et de la Centrafrique.

Avec une superficie de 589.745 km2, le pays, dont la capitale est Juba, représente presque un quart de l’ancien Soudan. Nord et Sud se disputent toujours la province riche en pétrole d’Abyei.

Contrairement au Nord musulman, le Sud est essentiellement chrétien et animiste.

– Guerre civile –

Le 15 décembre 2013, d’intenses combats opposent des factions rivales de l’armée à Juba. Le président Kiir, de l’ethnie dinka, accuse de tentative de coup d’État son ancien vice-président, Riek Machar, de l’ethnie nuer, limogé en juillet.

Celui-ci nie toute tentative de putsch, puis appelle l’armée à renverser Salva Kiir, l’accusant de vouloir « allumer une guerre ethnique ».

Les combats et massacres entre Dinka et Nuer s’étendent dans le pays.

Après un accord de paix signé en 2015, M. Machar redevient pour quelques semaines vice-président en 2016. Mais il doit s’exiler après des combats à Juba en juillet.

Un nouvel accord de paix intervient en septembre 2018 qui prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale.

La guerre civile, marquée par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts, pour moitié dus aux maladies et au manque d’accès aux soins.

– Pauvreté et crise humanitaire –

Près de 82% des 11 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale 2018), et le pays se classe au 186ème rang sur 189 de l’indicateur de développement humain du Pnud.

Chassés par la guerre civile, plus de quatre millions de personnes ont fui leur foyer, dont 2,2 millions sont réfugiés ou demandeurs d’asile dans les pays voisins, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Mi-février, les essaims de criquets qui dévastent les cultures en Afrique de l’Est sont arrivés au Soudan du Sud, dont 60% de la population est déjà menacée par la faim, sous l’effet combiné de la guerre, de la sécheresse et d’inondations.

– Économie dépendante du pétrole –

Le Sud a hérité à l’indépendance des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan, mais reste tributaire des infrastructures du Nord pour ses exportations.

Le pétrole représente la quasi-totalité de ses exportations et plus de 40% du PNB, selon la Banque mondiale.

L’économie a pâti d’une baisse des cours de l’or noir et d’infrastructures endommagées par la guerre.

La croissance du PIB est estimée à 3,2% lors de l’année budgétaire 2018/2019, après une contraction de 3,5% l’année précédente, tandis que l’inflation a été divisée par deux à environ 60%.

C’est l’un des pays les plus affectés par la corruption selon Transparency International (178ème sur 180).

– Marais et savane –

Le Soudan du sud abrite une faune variée (antilopes, éléphants, girafes, lions…), malmenée par la guerre civile et le braconnage, mais qui pourrait permettre un essor du tourisme après le conflit.

Le pays abrite le plus grand écosystème de savane d’Afrique de l’Est qui favorise une importante migration saisonnière.

Le Sud, plus grande zone marécageuse du monde, héberge d’innombrables oiseaux et d’immenses étendues de papyrus et plantes aquatiques.

Kazakhstan: 200 arrestations avant des manifestations de l’opposition

Environ 200 personnes ont été arrêtées samedi avant des manifestations organisées par deux partis d’opposition à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, pays autoritaire d’Asie centrale.

Ex-République soviétique riche en hydrocarbures, le Kazakhstan est régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme pour sa répression des manifestations et de l’opposition.

Des policiers ont interpellé samedi une trentaine de militants du Parti démocratique, au moment où ils tentaient d’organiser un rassemblement de protestation à Almaty, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Ce parti, non reconnu par les autorités, comptait tenir son premier congrès qui a dû être annulé après l’arrestation récente de son chef et de plusieurs militants.

Les protestataires réclamaient notamment la libération de Janbolat Mamaï, réalisateur et l’un des fers de lance du parti, arrêté et condamné vendredi à trois jours de détention pour avoir lancé cet appel à manifester. « Liberté pour Mamaï! » scandaient-ils.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont par ailleurs arrêté jusqu’à 70 personnes qui se dirigeaient vers le site désigné comme lieu de la manifestation.

Dans l’après-midi, la police a procédé à l’arrestation d’une centaine d’autres militants qui étaient en train de se réunir pour une manifestation séparée, organisée à l’appel du parti Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), interdit dans le pays, selon un journaliste de l’AFP.

Le militant Erik Joumabaïev, en fauteuil roulant, était parmi les manifestants détenus par la police. Il a été embarqué dans une ambulance.

Le Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), qui avait également annoncé son intention de manifester samedi, avait été interdit par un tribunal kazakh en 2018 car considéré comme « extrémiste ».

Le régime du Kazakhstan est critiqué depuis de longues années par les ONG de défense des droits de l’homme locales et internationales pour sa législation restrictive en matière de manifestations.

– Nouvelles restrictions –

Lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi avant son arrestation, Janbolat Mamaï avait indiqué qu' »au moins dix » membres de sa formation avaient été condamnés dans le courant de la semaine à des peines allant jusqu’à cinq jours de détention. Une mesure destinée, selon lui, à empêcher le Parti démocratique de tenir son congrès.

Il a lui-même été arrêté plus tard vendredi.

Sa femme, la journaliste Inga Imanbaï, enceinte, figure parmi les militants interpellés samedi. Elle a ensuite été relâchée.

Le chef du DCK Moukhtar Abliazov, ancien ministre de l’Energie, banquier qui vit en exil en France et opposant de longue date au régime kazakh, a estimé que la justice cherchait un prétexte pour réprimer sa formation politique.

En juin 2019, près de 4.000 personnes avaient été interpellées selon les autorités lors de manifestations contre l’élection présidentielle qui a mené Kassym-Jomart Tokaïev à la présidence.

Le nouveau président s’était engagé à réformer la législation sur le droit de manifester peu après avoir succédé à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991 jusqu’à sa démission surprise au printemps 2019.

Mais les ONG de défense des droits de l’homme ne sont pas satisfaites du nouveau projet de loi sur les manifestations qui, selon elles, contient de nouvelles restrictions.

A l’heure actuelle, les militants risquent d’être arrêtés s’ils participent à des rassemblements n’ayant pas reçu le feu vert des autorités, un feu vert qu’elles accordent très rarement pour des manifestations politiques.

Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en décembre lors de manifestations antigouvernementales non autorisées.

Algérie: des milliers de personnes à Alger pour fêter les un an du « Hirak »

Plusieurs milliers de personnes sont rassemblées au coeur d’Alger samedi, jour anniversaire du déclenchement du « Hirak », le mouvement populaire de contestation inédit qui agite l’Algérie depuis un an, a constaté un journaliste de l’AFP.

Autour de la Grande Poste, lieu de regroupement historique des manifestations, est déployé un dispositif policier semblable a celui constaté les vendredis, jours de manifestation hebdomadaire dans la capitale depuis un an, mais inhabituel le samedi.

« Nous sommes venus vous dégager! », « le Peuple veut faire chuter le régime », scandent à l’adresse des dirigeants algériens les manifestants rassemblés devant le bâtiment, sans que la police n’intervienne.

« Non au pouvoir militaire, Etat civil et non militaire », est-il inscrit sur une grande banderole, en référence à l’autorité exercée de façon opaque par le haut commandement militaire sur le pouvoir civil depuis l’indépendance du pays en 1962.

Des appels à manifester samedi ont été lancés sur les réseaux sociaux pour célébrer le premier anniversaire de ce mouvement de contestation, qui continue semaine après semaine à réclamer le changement total du « système » au pouvoir.

Vendredi, la 53e manifestation hebdomadaire consécutive a drainé une foule immense dans les rues d’Alger et dans de nombreuses autres villes du pays, démentant de manière cinglante les récents propos du président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre, qui a affirmé que « les choses commencent à s’apaiser » dans la rue.

Le 22 février 2019, les Algériens, perçus comme résignés et dépolitisés, descendaient en masse dans les rues des grandes villes, notamment à Alger où toute manifestation est pourtant interdite, pour s’opposer à la volonté annoncée du président Abdelaziz Bouteflika, profondément diminué par la maladie, de briguer un 5e mandat.

Six semaines de manifestations de plus en plus massives ont contraint le 2 avril le haut commandement de l’armée, pilier du régime, à exiger et obtenir la démission de M. Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans.

Mais le « Hirak », qui exige une véritable « rupture avec les institutions actuelles » et refuse que le processus soit confié au pouvoir en place, n’a pu empêcher l’organisation d’une présidentielle en décembre et l’élection de M. Tebboune, ancien fidèle de M. Bouteflika, malgré une abstention record (plus de 60%).