Les Togolais aux urnes pour élire leur président, sans grand entrain ni suspense

Les Togolais élisent samedi leur président, lors d’un scrutin sans grand suspense qui devrait assurer au sortant Faure Gnassingbé un quatrième mandat face à une opposition divisée et dont nombre de partisans ont annoncé vouloir boycotter un scrutin qu’ils ne jugent ni libre ni transparent.

« Un coup K.O.! »: dans les rues de Lomé ces derniers jours, les supporters du chef de l’Etat, reconnaissables à leur tee-shirt et casquette bleu ciel, continuaient de scander ce qui est devenu au fil des semaines leur principal slogan.

« Nous, les partisans du grand parti UNIR, nous voulons que notre champion passe dès le premier tour, et c’est fini », expliquait l’un d’eux, Komi Ladjo, à l’AFP.

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes dans plus de 9.000 bureaux de vote de 7h à 16h. 10.000 policiers et gendarmes seront déployés dans tout le pays pour sécuriser le processus.

Les résultats sont attendus en début de semaine, selon des sources au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui a assuré vendredi soir que tout était prêt pour le scrutin.

Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis 53 ans, ne devrait pas rencontrer d’obstacle majeur à sa réélection, après avoir déjà remporté trois scrutins contestés par l’opposition et la société civile, en 2005, 2010 et 2015.

Il affronte six autres candidats, dont le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui pourrait faire figure d’outsider malgré son profil d’homme du sérail.

Le président peut se targuer d’un bilan économique plutôt positif, avec une croissance stable de 5% mais ses détracteurs dénoncent une gouvernance autoritaire et la corruption de son entourage quand la moitié de la population vit sous le seuil de la grande pauvreté, avec moins d’1,90 dollar par jour.

Le Togo a d’ailleurs connu une grave crise politique en 2017 et 2018 avec des manifestations monstres pour demander la démission du président, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et c’est donc en un front divisé que se présentent ses leaders pour le vote.

– Absence d’engouement –

Dans les rues de Lomé, à Sokodé (centre) ou encore à Dapaong (nord), beaucoup se sont dits « déçus » par l’opposition et ont prévenu qu’ils n’iraient pas voter.

Plusieurs partis de l’opposition ont d’ailleurs décidé de boycotter le scrutin, et l’absence d’engouement populaire a dominé toute la campagne.

Les affiches géantes « Faure, croire en notre futur », placardées partout, rappellent combien le rapport de forces est inégal avec ses principaux rivaux, bien moins visibles, comme « Fabre, la force du courage et de la détermination » et « Kodjo, la chance de l’alternance ».

« Faure a utilisé tout ce qui appartient à l’Etat. Les bus de l’Etat. Même la compagnie téléphonique de l’Etat nous envoie des messages : « Votez Faure ». C’est David contre Goliath », explique Clément, un militant de l’opposition.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour, mais ce scénario paraît plutôt improbable.

« Notre candidat a été plusieurs fois candidat, mais on lui a volé la victoire a chaque fois ! Cette fois-ci, on ne peut plus lui voler, c’est lui qui va remporter la victoire », voulait pourtant croire Nyagniko, une militante de l’ANC.

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral, s’ajoutant aux 9.000 observateurs du conseil épiscopal Justice et Paix qui n’ont pas non plus été autorisés à surveiller le vote.

« Cela nous laisse vraiment perplexes et dubitatifs sur l’issue de ce scrutin », a regretté David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD), qui a accusé le pouvoir d’organiser une élection à « huis clos ».

Le président de la Ceni, Tchambakou Ayassor, a en outre annoncé jeudi « l’annulation du système de sécurisation électronique des résultats de vote » qui devrait se faire via un logiciel baptisé « SINCERE », alimentant doutes et spéculations sur la tenue d’un scrutin libre et transparent.

Quelque 315 observateurs internationaux issus majoritairement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) seront toutefois présents, même si le président sortant est soutenu par nombre de ses pairs africains.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Le Dalaï Lama fête, en exil, ses 80 ans de leader spirituel du Tibet

Le Dalaï Lama fête samedi ses 80 ans en tant que leader spirituel du Tibet, une fonction qu’il a presque entièrement occupée en exil, sous les attaques constantes de la Chine.

A des centaines de kilomètres de l’immense palais Potala de Lhassa, le leader bouddhiste s’adresse depuis 1959 à ses compagnons tibétains d’exil depuis Dharamsala, au pied de l’Himalaya indien.

Mais il reste contre vents et marées le visage universellement reconnu de l’autonomie du Tibet, devenu province chinoise à part entière depuis 1951. Lauréat du prix Nobel de la paix en 1989, le vieux leader bouddhiste est désormais moins en vue.

Le charismatique quatorzième dalaï lama a ralenti le rythme de ses déplacements, autrefois soutenu, et a été hospitalisé en avril pour une infection pulmonaire, mais son aura pâtit également de l’influence grandissante de la Chine, et des représailles qu’elle agite régulièrement envers tous ceux qui sont tentés par un rapprochement avec le vieux leader bouddhiste.

Pékin accuse le dalaï lama, âgé de 84 ans, de vouloir diviser la Chine et le considère comme un « loup en robe de moine ».

– Sans commémoration –

Son bureau a d’ores et déjà prévenu que cet anniversaire se ferait sans commémoration, après avoir annulé un rassemblement de ses fidèles, prévu en mars, pour cause de coronavirus.

Né le 6 juillet 1935 sous le nom de Lhamo Dhondup, fils d’un couple de modestes fermiers des collines du nord-est tibétain, l’enfant a deux ans quand arrive dans son village une expédition en quête du nouveau leader spirituel du Tibet.

Capable de désigner des objets ayant appartenu au treizième dalaï lama, décédé en 1933, le garçon est proclamé comme sa réincarnation. Séparé de sa famille, il est emmené dans un monastère puis à Lhassa, où il reçoit une austère éducation théologique et philosophique, avant d’être intronisé quatorzième dalaï lama en 1939.

En 1950, alors âgé de 15 ans, il est intronisé à la hâte chef de l’Etat tibétain après l’entrée de l’armée chinoise au Tibet. En dépit de ses efforts pour protéger les Tibétains, il est contraint de fuir en 1959 vers l’Inde voisine, après la répression sanglante lancée par l’armée chinoise contre des manifestants tibétains.

Depuis, à la tête d’un gouvernement en exil, il a cherché sans relâche un compromis avec Pékin sur le sort des Tibétains, basé d’abord sur une revendication d’indépendance qui a lentement évolué vers une demande de plus grande autonomie.

Les militants tibétains comme Pékin savent que la mort de Tenzin Gyatso, le plus célèbre moine bouddhiste de la planète, pourrait porter un coup d’arrêt à la quête d’autonomie de la région himalayenne.

La façon dont sera choisi son successeur reste également posée.

Les bouddhistes tibétains choisissent traditionnellement le dalaï lama à travers une quête rituelle, qui peut prendre plusieurs années, avec un comité itinérant qui recherche des signes qu’un jeune enfant puisse être la réincarnation du dernier chef spirituel.

Le quatorzième dalaï lama pourrait néanmoins décider d’un processus non traditionnel qui empêcherait la Chine d’avoir son mot à dire: il pourrait choisir lui-même, de son vivant, son successeur, peut-être une fille, ou décréter qu’il est le dernier dalaï lama.

Premier décès d’un Européen touché par le coronavirus

Un premier Européen infecté par le coronavirus est décédé vendredi soir en Italie, alors que le nombre de nouvelles contaminations chutait en Chine mais doublait presque en Corée du Sud.

Adriano Trevisan, maçon retraité de 78 ans, a succombé en Vénétie (nord de l’Italie) au bout d’une dizaine de jours d’hospitalisation pour une autre maladie que le Covid-19, selon le ministre italien de la Santé, Roberto Speranza. Après son hospitalisation, il avait été testé positif au coronavirus.

L’annonce de sa mort s’est faite dans la foulée d’un vent de panique en Italie: une quinzaine de malades ont été répertoriés, portant à vingt le nombre total dans le pays, le plus touché en Europe. Les autorités ont alors fermé les lieux publics dans onze villes du nord de l’Italie.

Le Premier ministre Giuseppe Conte, interrogé à Bruxelles par la presse italienne, s’est voulu rassurant en soulignant que l’Italie « applique un très haut niveau de précaution ».

La première personne morte en Europe après avoir été infectée par cette épidémie, apparue en décembre à Wuhan (centre de la Chine), était un touriste chinois, originaire de la province du Hubei, dont Wuhan est la capitale. Arrivé en France le 23 janvier, cet homme de 80 ans avait péri à Paris le 14 février. Ce décès était alors « le premier hors d’Asie, le premier en Europe », comme l’avait souligné la ministre française de la Santé, Agnès Buzyn.

– Expansion –

Si la crainte saisit un peu plus l’Europe, c’est aussi parce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète de la difficulté à contenir l’expansion de l’épidémie.

Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tiré la sonnette d’alarme vendredi à Genève: « Au moment où nous parlons, nous sommes encore dans une phase où il est possible de contenir l’épidémie ». Mais la « fenêtre de tir se rétrécit », a-t-il averti, déplorant le manque de soutien financier international.

Il faut dire que les foyers de la maladie ont continué d’essaimer, avec vendredi un premier cas confirmé au Liban et en Israël, et deux morts supplémentaires en Iran (quatre au total).

En Corée du Sud, un deuxième mort a été déploré samedi, et le nombre d’infections a bondi pour la deuxième journée consécutive, passant à un total de 346 avec 142 nouveaux cas répertoriés, selon le bilan annoncé samedi matin par les autorités sanitaires sud-coréennes.

Parmi ces nouveaux 142 cas, 92 sont liés à un hôpital de Cheongdo, dans le sud du pays, où s’était effectué il y a trois semaines un acte religieux d’une secte chrétienne, l’Eglise de Shincheonji de Jésus.

Au total, plus de 150 membres de cette secte chrétienne ont été contaminées. La première de ces personnes à l’avoir été est une femme de 61 ans, qui ignorait avoir contracté la pneumonie virale et aurait transmis le virus, notamment en assistant à des offices religieux.

– Ralentissement en Chine –

En Chine continentale en revanche, pays de très loin le plus meurtri par la pneumonie virale, l’heure est au ralentissement. Les autorités sanitaires ont annoncé samedi matin 109 nouveaux décès, contre 118 la veille, pour un total national de 2.345.

Le chiffre quotidien des nouveaux cas de contamination au coronavirus en Chine est en plus forte baisse encore, avec 397 nouveaux cas contre près de 900 vendredi.

Cette baisse intervient après que les responsables du Hubei ont reçu instruction de réviser certains de leurs chiffres de ces derniers jours pour dissiper des « doutes » sur les données concernant l’évolution de la maladie. Il s’agit de la dernière modification en date de la méthode de comptage après plusieurs autres, ce qui complique quelque peu le suivi de l’épidémie.

Officiellement, le nombre des contaminations sur l’ensemble de la Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) est de plus de 76.000.

En dehors de la Chine continentale et des deux cas en Europe, douze décès ont été recensés: 4 en Iran, 2 à Hong Kong, 2 en Corée du Sud, 2 à bord du paquebot Diamond Princess placé en quarantaine au Japon, et une personne dans trois autres pays asiatiques (Japon, Philippines et Taïwan).

Un peu plus de 1.300 contaminations ont par ailleurs été recensées dans le monde en dehors de la Chine continentale.

Soudan du Sud: le chef rebelle Riek Machar a été nommé vice-président

Le chef rebelle sud-soudanais Riek Machar a été nommé officiellement premier vice-président vendredi soir et prêtera serment samedi, selon un décret lu à la télévision.

Le président Salva Kiir et M. Machar sont convenus jeudi de former un gouvernement d’union nationale à la date butoir de samedi, pour tenter de mettre fin à six années d’une guerre civile dévastatrice.

M. Machar, qui a déjà été vice-président par deux fois entre 2011 et 2013, puis brièvement en 2016, devait initialement prêter serment vendredi. Mais la cérémonie a finalement été repoussée à samedi.

« Aujourd’hui (vendredi), son excellence le président publiera un décret présidentiel pour la nomination des vice-présidents et la dissolution des institutions à l’échelon national et régional », avait indiqué à l’AFP le ministre de l’Information, Michael Makuei.

Conformément à l’accord de paix signé en septembre 2018, M. Machar deviendra premier vice-président. Pour les quatre autres postes de vice-président, un consensus a été atteint seulement pour trois: un vice-président actuel et ancien allié de M. Machar, Taban Deng Gai, James Wani Igga du parti de M. Kiir, et Rebecca Nyandeng, ancienne ministre et ancienne alliée de M. Kiir devenue opposante.

« Les vice-présidents prêteront serment demain (samedi) et ensuite nous continuerons le processus pour la nomination du gouvernement, des gouverneurs des 10 États et des trois administrateurs en chef des zones administratives », a ajouté M. Makuei.

La formation d’un gouvernement d’union nationale était le point clé de l’accord de paix de 2018 et la date limite pour y parvenir avait été fixée au 22 février.

Les deux précédents échéances pour former ce gouvernement n’avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d’une armée nationale unifiée, le nombre d’États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de M. Machar.

La proposition de M. Kiir dimanche de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), a contribué à débloquer la situation.

M. Machar a d’abord rejeté cette concession du président, en contestant le statut proposé de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, mais sans que cela empêche l’accord sur le gouvernement.

Les deux hommes « continueront à résoudre le problème » une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi à l’AFP Manawa Peter Gatkuoth, l’un des porte-parole de M. Machar.

Ce dernier vivait en exil depuis l’échec d’une précédente tentative de gouvernement d’union en 2016, qui avait pris fin abruptement quand d’intenses combats avaient opposé ses troupes à celles de M. Kiir à Juba.

Le président Kiir a annoncé jeudi que ses hommes seraient chargés de la sécurité de la capitale, ainsi que de celle de M. Machar.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Avec un retrait d’Afghanistan, Trump veut tenir une promesse électorale

Donald Trump est souvent accusé de se comporter sur la scène internationale comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, mais avec l’accord avec les talibans annoncé pour la semaine prochaine, il espère pouvoir tenir une importante promesse électorale, en pleine campagne présidentielle.

« C’est au président que revient le crédit » d’un accord, indiquait récemment un haut responsable de l’administration américaine, avant l’annonce vendredi d’une trêve partielle ouvrant la voie à des discussions inter-afghanes et un retrait des forces américaines du pays.

L’opinion américaine est très favorable à un retrait d’Afghanistan après plus de 18 ans d’un conflit meurtrier qui n’a pas permis d’infliger une défaite aux talibans mais qui continue de faire des victimes, en vain.

Les opposants à Donald Trump estiment que si la guerre prend fin, ce sera malgré la politique étrangère souvent imprévisible du président américain, et non grâce à elle.

Mais Donald Trump et ses partisans pourront argumenter avant les élections de novembre qu’il a tenu sa promesse de mettre fin à une guerre impopulaire.

« Le président appellera ça une victoire et retirera des forces américaines pour montrer qu’il a gagné et sa base applaudira », estime Robert Guttman, professeur à la Johns Hopkins University.

– Déstabilisateur en chef –

Comme il le fait dans son pays, le milliardaire républicain a cherché à déstabiliser ou tout simplement ignorer les dynamiques traditionnelles de la scène internationale. Il a couvert d’insultes les alliances les plus anciennes des Etats-Unis, avec les Européens et l’Otan, et a couvert de louanges les rivaux des Etats-Unis, la Russie et la Chine.

Avec son bagou de promoteur immobilier new-yorkais, Donald Trump a tenté de remporter des victoires diplomatiques que ses prédécesseurs considéraient comme impossible, avec un succès très mitigé.

Il pensait que sa touche personnelle débloquerait l’impasse avec la Corée du Nord, mais après trois rencontres historiques avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, Pyongyang n’a pas bougé sur son programme nucléaire.

Il pensait que sa campagne de « pression maximum » forcerait l’Iran à négocier: il a imposé des sanctions sévères au régime de Téhéran, s’est retiré d’un accord international qui avait permis de limiter les ambitions nucléaires du régime, et a même fait tuer le responsable militaire le plus influent du pays.

Mais là aussi, c’est l’impasse. Le président Trump a notamment avoué avoir envisager de bombarder des cibles iraniennes avant d’annuler l’opération à la dernière minute.

Il a promis de mettre un terme aux « guerres sans fin », sans succès jusque-là.

Une force réduite a reçu l’ordre de quitter la Syrie, pour ensuite se voir ordonner de rester, donnant un avantage stratégique énorme au régime syrien et à son allié russe.

Mais en Afghanistan, il pourrait enfin avoir trouvé ses marques.

– Des incertitudes –

L’annonce simultanée d’un accord par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et par les talibans est une étape importante.

Les deux parties espèrent signer un accord le 29 février, si la baisse des violences devant s’amorcer samedi et durer une semaine est concluante, ce qui constituerait un pas en avant historique en vue de pourparlers de paix en Afghanistan.

Les choses pourraient encore tourner mal, en partie à cause de la nature imprévisible de Donald Trump.

Pas plus tard qu’en septembre, Trump étonnait le monde entier en tweetant qu’il avait invité les talibans à Camp David. La rencontre avait été annulée.

Ses opposants l’avaient alors accusé d’avoir voulu réussir un coup politique en utilisant les pires ennemis des Etats-Unis.

Mais pour l’exécutif, c’est la décision brutale de M. Trump de suspendre les négociations qui a persuadé les talibans de faire plus d’efforts, pour convaincre les Etats-Unis qu’ils étaient sérieux.

« C’est le tweet du président et la décision qu’il a prise », a indiqué le haut responsable de l’administration.

Mais pour le professeur Guttman, « avec Trump, rien n’est jamais certain, ni 100% vrai ».

Cela constitue néanmoins une belle histoire pour la campagne électorale, ajoute-t-il. « Trump va appeler ça une grande victoire et un super accord diplomatique que personne d’autre que lui n’aurait pu obtenir ».

La campagne démocrate s’emballe dans le Nevada, Sanders en favori

Les candidats aux primaires démocrates sillonnaient vendredi le Nevada, à la veille d’un troisième vote qui pourrait donner à Bernie Sanders une impulsion décisive vers l’investiture du parti pour défier Donald Trump, ou propulser un rival capable d’enrayer son ascension.

Organisé dans les casinos de Las Vegas jusque dans les régions désertiques de cet Etat de l’Ouest américain, le scrutin pourrait encore accroître la dynamique du sénateur indépendant avant l’avalanche de votes du « Super Tuesday », début mars, et le rapprocher d’un duel avec le républicain lors de la présidentielle de novembre.

Fidèle à sa nouvelle tradition, Donald Trump s’invitera vendredi dans le Nevada à la mi-journée pour un meeting de campagne juste avant le vote démocrate.

A coup de tweets et de discours moqueurs devant ses milliers de partisans, le président républicain se délecte de la bataille des primaires démocrates, affublant les candidats de surnoms moqueurs.

Mais il était furieux vendredi après la révélation que les Russes étaient à pied d’oeuvre, de façon souterraine, pour l’aider à remporter la présidentielle, selon le renseignement américain. Une « campagne de désinformation », selon lui, des démocrates.

– Sanders contre Bloomberg –

Faisant campagne sur un programme résolument à gauche, Bernie Sanders dispose d’un net avantage dans la moyenne des (rares) sondages portant sur le Nevada: il affiche 30% des intentions de vote, loin devant l’ancien vice-président modéré Joe Biden (16%).

L’ex-maire Pete Buttigieg et la sénatrice Elizabeth Warren suivent dans un mouchoir de poche (autour de 14%), devant le milliardaire Tom Steyer (10%).

L’autre milliardaire engagé dans la course démocrate, Michael Bloomberg, fait l’impasse, dans un choix rarissime, sur les premiers Etats pour entrer en lice lors du « Super Tuesday » le 3 mars, lorsque 14 Etats voteront.

Cet ex-républicain essuyait encore vendredi des critiques nourries après sa piètre performance lors d’un débat mercredi.

« Si cela se passe comme ça pour un débat démocrate, il est assez probable que Trump n’en fera qu’une bouchée », a jugé Bernie Sanders, dans un extrait d’entretien diffusé sur la chaîne CBS.

Comme la plupart de ses rivaux, il s’est encore indigné du montant inédit que dépense le multi-milliardaire pour financer sa campagne: déjà plus de 360 millions de dollars en spots publicitaires, selon Advertising Analytics, tirés de sa fortune.

« Nous sommes en démocratie. Chaque personne vaut un vote. Un type qui vaut 60 milliards de dollars ne peut pas acheter une élection », a lancé M. Sanders.

Mais la fortune de l’ancien maire de New York l’a déjà fait gagner en notoriété et propulsé à la troisième place dans la moyenne des sondages nationaux.

Certains démocrates s’inquiètent donc de voir le parti se déchirer dans un duel entre MM. Bloomberg et Sanders, des candidats aux deux pôles opposés pour les électeurs démocrates.

D’où la tentative frénétique chez les prétendants démocrates à la Maison Blanche de se présenter en candidat du rassemblement, plus au centre.

– Eviter le fiasco –

Déjà plus de 75.000 électeurs démocrates ont voté lors de scrutins anticipés organisés dans le Nevada, selon le parti démocrate, dont une majorité participait pour la première fois à ces primaires, ce qui pourrait laisser attendre une forte mobilisation.

Mais à qui profitera-t-elle?

Derrière le favori Bernie Sanders, la progressiste Elizabeth Warren a retrouvé de l’élan, et des financements, grâce à sa bonne performance lors du débat. La sénatrice a levé quelque cinq millions de dollars après l’émission.

Sur le terrain, le modéré Pete Buttigieg dispose aussi d’une bonne organisation. Pour contrer Bernie Sanders, il tente, lui aussi, de profiter de la controverse qui oppose le syndicat des employés de la restauration, très puissant dans les casinos de Las Vegas, aux partisans du socialiste.

Comme l’Iowa, le Nevada organise des « caucus » pour ses primaires, des assemblées d’électeurs qui exprimeront publiquement leur choix de candidat samedi à partir de la mi-journée.

Après le chaos dans la publication des résultats de ce premier Etat, les démocrates du Nevada cherchent à tout prix à éviter un même fiasco.

Le coronavirus en France: 1 décès, 10 guéris, 1 hospitalisé

Sur les douze cas avérés en France d’infection au nouveau coronavirus, un Britannique est toujours hospitalisé à Lyon, un Chinois est mort à Paris et les dix autres patients sont guéris. Plus d’une soixantaine de Français sont par ailleurs encore en quarantaine dans l’Hexagone.

– Un octogénaire décédé

Après plusieurs jours en réanimation à l’hôpital Bichat à Paris, un touriste chinois de 80 ans meurt le 14 février. Son décès annoncé le lendemain est le seul à ce jour en Europe.

Arrivé en France le 23 janvier, cet homme originaire de la province de Hubei avait, dans un premier temps, consulté les urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou le 25 janvier mais n’avait pas été repéré comme un cas suspect car il ne correspondait pas aux critères. Il avait de la fièvre mais ni toux ni signe respiratoire et ne venait pas de Wuhan, épicentre de l’épidémie, mais d’une ville à 400 km au nord.

Il a ensuite développé des problèmes respiratoires qui ont motivé un changement de son classement et le test s’est révélé positif le 28 janvier.

– Dix guérisons

+ La fille de 50 ans du patient décédé, contaminée et hospitalisée à Bichat, a été déclarée guérie.

+ Un couple de Chinois, qui avaient fait partie des premiers cas annoncés le 24 janvier, est sorti de l’hôpital le 12 février. L’homme de 31 ans et la femme de 30 ans originaires de Wuhan étaient arrivés en France le 18 janvier.

+ Le 13 février, un patient de 48 ans a pu sortir à son tour après 22 jours d’hospitalisation à Bordeaux. Cet homme d’origine chinoise était rentré en France le 22 janvier après être notamment passé par Wuhan. Il avait été hospitalisé après s’être présenté à SOS-Médecins avec toux et fièvre. Selon l’équipe médicale, il été traité avec du remdesivir, un antiviral « prometteur ».

+ Un médecin hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, est sorti le 14 février. Ce premier cas avéré de transmission sur le sol français avait été annoncé le 30 janvier: il s’agit d’un médecin libéral qui a été contaminé par un patient chinois, parti ensuite pour Taïwan où il a déclaré la maladie.

Le chef de service des maladies infectieuses de cet hôpital, le professeur Eric Caumes, a indiqué à France 2 que ce patient avait suivi un traitement expérimental, basé sur des molécules utilisées « dans d’autres maladies virales ».

+ Six Britanniques, dont un enfant, avaient été contaminés par un compatriote de retour de Singapour qu’ils avaient côtoyé dans un chalet des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) où il avait séjourné quelques jours fin janvier avant de repartir dans son pays.

Les six, qui sont les derniers cas avérés en France, avaient été hospitalisés à Grenoble, à Lyon et Saint-Etienne. Cinq d’entre eux ont pu ressortir depuis.

– Un patient encore hospitalisé

« Il ne reste aujourd’hui qu’un seul patient hospitalisé, à Lyon, dont nous attendons la sortie prochaine », a indiqué vendredi le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran.

Il s’agit du sixième et dernier Britannique dont l’état de santé « n’inquiète pas les médecins », a commenté vendredi soir le Directeur général de la santé Jérôme Salomon.

– Plus 350 passages en quarantaine

Depuis le début de l’épidémie, plus de 350 personnes ont été placées en quarantaine en France après avoir été rapatriées de Wuhan en quatre vagues: trois avions affrétés par la France sont arrivés les 31 janvier, 2 février et 21 février avec à leur bord ressortissants français et étrangers, et un vol opéré par les Britanniques, via Londres, le 9 février.

Certains passagers étrangers sont repartis directement dans leur pays. Les Français et étrangers restés en France ont été confinés pendant 14 jours, durée maximale d’incubation du virus, dans trois lieux.

Les 225 accueillis dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône) sont tous déjà ressortis, d’abord 181 le 14 février puis 44 le 16 février.

Sur les 113 hébergés dans un centre de formation des officiers de sapeurs-pompiers à Aix-en-Provence, 78 sont sortis le 16 février. Les 35 personnes arrivées via Londres ne doivent ressortir que dimanche 23 février.

La quatrième vague de 28 Français est arrivée ce vendredi dans un centre de vacances du village de Branville, dans le Calvados.

– Les Français du Diamond Princess

Quatre Français étaient à bord du paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine au Japon et qui reste le plus important foyer de contagion hors de Chine.

Trois d’entre eux ont été testés positifs et hospitalisés au Japon, le quatrième est un membre d’équipage toujours à bord.

bur-abb-BC-abd/pgr/alu

La guerre en Afghanistan en chiffres

La guerre en Afghanistan, lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre, est la plus longue que les Etats-Unis aient jamais menée. Voici les chiffres-clés de ce conflit que l’accord avec les talibans cherche à conclure.

– LES EFFECTIFS –

L’Otan s’est engagé en Afghanistan dès décembre 2001 mais les Etats-Unis ont fourni tout au long du conflit le plus gros contingent militaire, qui a atteint jusqu’à 98.000 soldats au plus fort des combats, en 2011, selon les chiffres du Pentagone.

En février 2020, quelque 16.500 militaires venus de 38 pays étaient encore déployés en Afghanistan pour participer à l’opération Resolute Support (RS) de l’Otan, qui n’a aujourd’hui plus officiellement qu’une mission de formation et d’assistance à l’armée afghane, selon les derniers chiffres de l’Alliance atlantique.

Les Etats-Unis fournissent encore le plus gros contingent de l’opération avec 8.000 militaires, suivis de l’Allemagne (1.300 soldats), le Royaume-Uni (1.100), l’Italie (900), la Géorgie (870) et la Roumanie (800).

La France, qui a eu jusqu’à 4.000 soldats en Afghanistan en 2010, s’est retirée du pays en 2012.

Outre leur participation à Resolute Support, plusieurs milliers de militaires américains participent sur le sol afghan à l’opération américaine Freedom’s Sentinel.

Le Pentagone ne publie pas le nombre exact de ses troupes participant à cette opération antijihadiste, mais il estime à « environ 14.000 militaires » le déploiement américain total en Afghanistan, bien que le président Donald Trump ait mentionné plusieurs fois le chiffre de 13.000.

– LES PERTES –

Ce sont les Etats-Unis, au sein de la coalition, qui ont payé le prix humain le plus fort en Afghanistan avec 1.909 militaires tués à l’ennemi et 20.717 blessés au 20 février, selon les chiffres du Pentagone.

Parmi les autres pays membres de la coalition, c’est le Royaume-Uni qui a subi le plus de pertes, avec 454 morts, suivi du Canada (157) et de la France (89 morts), selon les chiffres du site icasualties.org, qui compile les morts et les blessés des guerres en Irak/Syrie et en Afghanistan.

Le gouvernement afghan a cessé de publier les pertes dans les rangs de l’armée afghane, qui sont très élevées. L’ONU évalue entre 32.000 et 60.000 le nombre de civils afghans tués dans ce conflit.

– LE COÛT –

Au 30 septembre 2019, le Pentagone évaluait officiellement le coût des opérations militaires en Afghanistan à 776 milliards de dollars depuis 2001, dont 197,3 milliards destinés à la reconstruction du pays et de ses institutions.

Mais selon une étude de la Brown University publiée fin 2019, le coût des guerres américaines est bien supérieur au budget du seul Pentagone: l’aide accordée par le département d’Etat n’est pas comptabilisée, pas plus que les opérations des services de renseignement ou encore les coûts médicaux des milliers d’anciens combattants blessés dans ce conflit.

En tenant compte de tous ces facteurs, les chercheurs de Brown évaluent à 6.400 milliards le coût total des guerres antijihadistes menées par les Etats-Unis en Irak, en Syrie, en Afghanistan et ailleurs depuis 2001.

Lesotho: sur le point d’être inculpé de meurtre, le Premier ministre part en Afrique du Sud

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane, sur le point d’être inculpé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, est « parti » pour l’Afrique du Sud voisine, officiellement pour « raisons médicales », nouveau coup de théâtre dans ce feuilleton politico-judiciaire.

« S’il est établi qu’il a en réalité essayé d’éviter l’inculpation, nous lancerons un mandat d’arrêt » contre le Premier ministre, a prévenu le numéro 2 de la police du Lesotho, Paseka Mokete.

Thomas Thabane devait être officiellement accusé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, Lipolelo Thabane, assassinée le 14 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru.

Ce crime est intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Après avoir piétiné pendant plus de deux ans, l’enquête s’est accélérée ces dernières semaines.

La nouvelle épouse de Thomas Thabane, Maesaiah, âgée de 43 ans, a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution, une mesure qui a choqué dans le petit royaume d’Afrique australe.

Vendredi, le Premier ministre lui-même était convoqué devant un tribunal de Maseru pour se voir notifier formellement son inculpation pour meurtre dans cette même affaire.

« Il ne vient pas au tribunal, il est parti pour un contrôle médical en Afrique du Sud », a cependant annoncé à l’AFP son secrétaire, Thabo Thakalekoala, précisant que Thomas Thabane, âgé de 80 ans, était arrivé jeudi en Afrique du Sud voisine.

« C’est un contrôle de routine. Il va régulièrement en Afrique du Sud », a ajouté Thabo Thakalekoala. « Quand les médecins estimeront qu’il va bien, ils le laisseront partir », a-t-il encore dit.

« Nous avons été informés qu’il est parti pour un contrôle médical de routine », a confirmé le numéro 2 de la police, Paseka Mokete. « Selon des sources, il est en Afrique du Sud. On attend de parler avec son avocat qui doit nous dire où il se trouve exactement », a-t-il ajouté.

La police a assuré avoir « beaucoup d’éléments contre le Premier ministre ». « Son téléphone n’est pas la seule preuve que vous avons. Il y a plein d’autres preuves », a affirmé Paseka Mokete sans plus de détails.

Un appel téléphonique suspect, passé depuis le téléphone portable du Premier ministre, a été localisé à l’endroit du meurtre le jour du crime, selon la police.

– « Thriller » –

Empêtré dans ce scandale à la tête de l’Etat, le parti de Thomas Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), fait pression depuis des semaines sur le Premier ministre pour qu’il démissionne.

En début de semaine, il lui a donné un ultimatum lui ordonnant de quitter son poste d’ici à jeudi.

Jeudi précisément, Thomas Thabane a fait une allocution à la nation pour annoncer qu’il démissionnerait d’ici « fin juillet », invoquant son âge avancé.

« La réalité est qu’à mon âge, j’ai perdu l’essentiel de mon énergie », a-t-il expliqué.

Toute cette affaire politico-judiciaire « est un feuilleton sans fin, presqu’un thriller », a déclaré vendredi à l’AFP Liesl Louw-Vaudran, analyste à l’Institut pour les études sur la sécurité (ISS) basé à Pretoria.

Le Lesotho, petit pays d’Afrique australe enclavé dans l’Afrique du Sud, est coutumier des épisodes d’instabilité politique.

Au cours de la dernière décennie, aucun Premier ministre n’a fini son mandat de cinq ans.

Avant de prendre ses fonctions de chef de gouvernement en juin 2017, Thomas Thabane avait déjà occupé ce poste de 2012 à 2015. Il avait été contraint momentanément à l’exil en Afrique du Sud après une tentative de coup d’Etat militaire en 2014.

Lors de sa dernière investiture, le 16 juin 2017, deux jours seulement après le meurtre de Lipolelo Thabane, Thomas Thabane avait prêté serment aux côtés de celle qui allait devenir sa nouvelle épouse, Maesaiah.

Le couple a ensuite assisté aux obsèques de Lipolelo Thabane, avant de convoler en justes noces deux mois plus tard.

Présidentielle: comme en 2016, les Russes à la manoeuvre pour aider Trump

On prend les mêmes et on recommence ? Exactement comme il y a quatre ans, les Russes sont à pied d’oeuvre, de façon souterraine, pour aider Donald Trump à remporter la présidentielle, assurent les renseignements américains.

Cette révélation, faite à des parlementaires du Congrès lors d’un briefing censé rester confidentiel, a vivement irrité le président, convaincu que l’opposition allait s’en emparer pour affirmer, comme en 2016, qu’il ne pouvait remporter la Maison Blanche que grâce à un coup de pouce de Moscou.

Selon le New York Times, le président a été particulièrement courroucé par la présence à ce briefing, remontant au 13 février, d’Adam Schiff, le démocrate qui a dirigé l’enquête parlementaire qui a déclenché sa mise en accusation au Congrès. Une procédure qui a finalement abouti à l’acquittement de M. Trump.

Le milliardaire républicain a dans la foulée annoncé mercredi le limogeage de son chef du renseignement par intérim, Joe Maguire, et son remplacement par un de ses fidèles. C’est en effet une collaboratrice de M. Maguire, Shelby Pierson, qui a informé les parlementaires, parmi lesquels M. Schiff.

Ce dernier a réagi jeudi soir en accusant Donald Trump de s’accommoder volontiers de cette aide russe illégale, tout comme le 45e président américain a toujours nié avoir bénéficié des piratages des services secrets russes qui avaient révélé des emails embarrassants du parti démocrate qui avaient plombé la campagne d’Hillary Clinton en 2016.

« Nous comptons sur les services de renseignement pour informer le Congrès de toute menace d’ingérence étrangère dans nos élections. Si les informations sont vraies et que le président interfère avec cela, alors il est de nouveau en train de mettre en péril nos efforts visant à arrêter toute ingérence étrangère. Exactement comme nous avions prévenu qu’il le ferait », a tweeté Adam Schiff.

– « Paranoïa » –

De son côté la Russie a mis vendredi sur le compte de la « paranoïa » les nouvelles accusations des responsables du renseignement américain, dont on ne connaît pas encore les détails.

« Cela n’a rien à voir avec la vérité », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant « de nouveaux messages paranoïaques qui seront malheureusement de plus en plus fréquents à fur et à mesure que les élections approchent » aux Etats-Unis.

Moscou a toujours démenti toute implication dans l’élection présidentielle de 2016, à l’aide de hackers et de « trolls » russes sur les réseaux sociaux, malgré un consensus des agences fédérales américaines sur le sujet.

M. Trump a pour sa part toujours assuré ne pas avoir eu besoin de Moscou pour parvenir à la Maison Blanche.

« Le président est dans le déni concernant l’ingérence étrangère dans les élections depuis trois ans parce que son ego ne peut pas accepter que la Russie soit intervenue en sa faveur », a dénoncé le démocrate Bennie Thompson, président de la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.

« En limogeant M. Maguire parce que son personnel a présenté les conclusions franches des services de renseignement au Congrès sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2020, le président ne refuse pas seulement de défendre (le pays) contre les ingérences étrangères, il les encourage », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Pour remplacer M. Maguire, Donald Trump a choisi Richard Grenell, l’actuel ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne qui, selon les démocrates, manque de l’expérience nécessaire pour un poste où il supervisera 17 agences fédérales, dont la CIA. La Maison Blanche a assuré que M. Grenell aurait une « approche impartiale ».