Après un an d’existence, le Hirak algérien s’interroge sur son avenir

Après avoir échoué à empêcher en décembre l’élection d’un successeur au président déchu Abdelaziz Bouteflika, le mouvement de contestation en Algérie, le « Hirak », s’interroge sur son avenir, confronté aux risques d’essoufflement face à un régime qui semble avoir repris la main.

Informel, non structuré, agrégeant autour de deux mots d’ordre essentiels –« Silmyia » (pacifique) et « Qu’ils partent tous! »– un éventail d’opinions disparates, voire de fractures idéologiques, le « Hirak » entre dans sa 2e année avec de nombreuses questions auxquelles il doit répondre rapidement.

Le mouvement est jeune, « tout s’y fait dans la spontanéité, la découverte, l’expérimentation mais aussi dans les clivages », explique à l’AFP Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain. « Il faut apprendre à écouter l’autre, à accepter qu’il soit d’un avis différent, apprendre à négocier des consensus. On n’y est pas encore ».

L’élection en décembre d’un nouveau chef de l’Etat, Abdelamdjid Tebboune, ancien cadre de la présidence Bouteflika et pur produit du « système », paraît avoir enterré la principale revendication du « Hirak »: la fin du régime au pouvoir depuis l’indépendance en 1962 et une « transition » vers des institutions nouvelles.

« La transition politique, on n’y est pas; on est en train d’y réfléchir » au sein de la contestation, assure Mme Dirèche, directrice de recherches au Centre national de recherche scientifique (CNRS, France).

Actuellement, « on est dans quelque chose de très bizarre: la mobilisation est toujours là (…), mais on voit bien qu’il y a une vraie difficulté à passer à autre chose » que ces rassemblements hebdomadaires, relève-t-elle.

– Importantes décisions –

Le « Hirak » doit-il négocier avec un président qui a dit « lui tendre la main »? Doit-il se structurer et désigner des représentants? Doit-il envisager d’autres modes d’action?

« Le mouvement a d’importantes décisions à prendre », confirme Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban).

Ses militants ne sont unanimement d’accord que sur les deux principaux mots d’ordre, mais « pas sur les modalités (d’action) ni sur l’institutionnalisation (du mouvement), ni sur le leadership », note la chercheuse.

L’absence de chefs a beaucoup servi la contestation, jusque-là: « Puisqu’ils n’existaient pas, ils n’ont pas pu être incarcérés ni harcelés ou cooptés », comme le faisait le régime pour taire les oppositions, poursuit-elle. Mais cette absence de figures dirigeantes identifiées entrave la capacité du mouvement à négocier avec le pouvoir.

En Algérie, faute de véritables partis d’opposition, de syndicats et de médias indépendants, « les forces d’opposition et de contestation qui auraient pu prendre le relais » n’existent pas, souligne Karima Dirèche.

– Penser à « l’après » –

Pour Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris-I et spécialiste du Maghreb, « la seule option pacifique » pour la contestation « est de reconstruire des organisations politiques ou des associations civiles afin de préparer les élections locales et nationales » et avoir des élus capables de « relayer la parole du +Hirak+ dans les institutions ».

« Le problème est que, malgré leur goût de la chose politique, les Algériens ont une confiance très limitée dans les institutions existantes », constate-t-il.

Le mouvement commence néanmoins à se structurer au niveau local.

En face, le pouvoir est en pleine « régénération », avec un président à nouveau « façade civile d’un régime qui reste aux mains de l’institution militaire », analyse Dalia Ghanem.

Un pouvoir tenté de jouer le pourrissement alors que le « Hirak » n’a plus obtenu gain de cause depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril et le report d’une première tentative de scrutin présidentiel en juillet.

« Les dirigeants (algériens) savent très bien faire ça », observe Mme Dirèche.

En outre, « chaque mouvement social est par définition victime du temps et ne peut continuer éternellement », selon Dalia Ghanem: dès lors, « comment convaincre les gens de continuer à descendre dans la rue chaque vendredi? ».

Il faut donc penser à « l’après ».

Mais, traumatisés par des années de violence politique, les Algériens renâclent à d’autres modes d’actions, comme la grève générale ou la désobéissance civile. Chez les Algériens, « on réfléchit à deux fois avant la confrontation », note Karima Dirèche.

L’historienne ne croit pas à l’essouflement des marches: « Ce mode opératoire permet d’économiser ses forces ». Les défilés sont un moyen de « s’initier à la politique, chose interdite jusqu’à présent et absente des réseaux classiques, à l’école ou à l’université, dans les partis ».

« Les choses sont en train de s’apprendre, s’expérimenter, et bien évidemment tout cela va produire quelque chose. Mais quoi? Comment? Quand? Difficile à dire ».

Pour Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien, « il faut s’inscrire dans le temps long ».

« Il y a des demandes, des exigences du peuple. Le +Hirak+ est un aiguillon. Il rappelle sans cesse que rien ne va. Tôt ou tard, le régime devra en tenir compte ».

Présidentielle au Togo: Jean-Pierre Fabre et Agbéyomé Kodjo, deux candidats d’une opposition divisée

Face au président sortant Faure Gnassingbé, dont la victoire pour un quatrième mandat samedi ne laisse guère de suspens, Jean-Pierre Fabre, candidat historique de l’opposition togolaise devra affronter un autre adversaire, l’ancien premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui s’est révélé lors de cette campagne être un outsider crédible.

– Jean-Pierre Fabre –

Surnommé « le marcheur », Jean-Pierre Fabre a parcouru des kilomètres inlassablement, des années durant, pour manifester contre le président Faure Gnassingbé, dont la famille est au pouvoir depuis plus de 50 ans. Mais à 67 ans, le candidat historique de l’opposition peine désormais à rassembler et à se faire entendre.

Le chef de file de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) n’a guère de chance d’être élu face à un appareil d’Etat qui contrôle tous les rouages du pouvoir, mais son défi sera surtout de remporter plus de suffrages qu’en 2010 et 2015 (respectivement près de 34% et 35% des voix) et d’être le premier candidat de l’opposition.

Economiste de formation à la stature imposante, marié et père de trois enfants, M. Fabre s’est engagé en tant que défenseur des droits humains sous l’ère du général Gnassingbé Eyadéma, le père de l’actuel président, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans jusqu’à sa mort en 2005.

En 1992, il rejoint Gilchrist Olympio, l’éternel opposant du vieux général Eyadéma et l’Union des forces de changement (UFC), dont il prend les rênes, avant de claquer la porte en 2010 et de fonder l’ANC.

Récemment élu maire d’une commune implantée au coeur de la capitale Lomé, il garde un fort soutien populaire dans le sud du pays dont il est originaire.

Sa « force », sa « détermination », mots qui reviennent sans cesse dans sa campagne, mais aussi l’énergie et le travail qu’il a déployés depuis ses débuts en politique forcent le respect, même au sein de ses détracteurs.

Toutefois, beaucoup lui reprochent de ne pas avoir su tirer partie des manifestations massives de 2017 et 2018, où des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour demander la démission de Faure Gnassingbé.

La C14, coalition des partis de l’opposition, fondée alors avec Tikpi Atchadam du Parti national panafricain (PNP), n’a pas survécu aux querelles intestines.

Après deux années de manifestations qui ont fait une vingtaine de morts et des dizaines d’arrestation, le pouvoir a finalement validé la réforme constitutionnelle permettant au chef de l’Etat de se représenter à un quatrième mandat en 2020, mais aussi à se représenter en 2025.

Face à cet échec, M. Atchadam s’est résolu au silence et à l’exil, et de nombreux partis ont quitté la coalition.

« Fabre pourrait déclencher l’alternance au Togo, s’il arrivait à tendre une main fraternelle à ses collègues de l’opposition, mais son caractère ne permet pas aux autres de l’approcher », assure l’un de ses rivaux. « Il a toujours pensé qu’il pouvait renverser seul le régime ».

– Agbéyomé Kodjo –

Ancien Premier ministre sous le règne du général Eyadéma, dont il était considéré comme « l’enfant chéri », Messan Agbéyomé Kodjo est cette année l’un des six candidats de l’opposition et a crée la surprise durant cette campagne.

Enregistrant un score insignifiant à la présidentielle de 2010 (0,9% des voix), Kodjo a fortement gagné en popularité ces deux derniers mois, grâce au soutien de Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, archevêque émérite de Lomé, voix importante de la société civile togolaise qui n’a pas hésité à le désigner comme « le choix de Dieu ».

Quatre partis politiques membres de l’ancienne C14, dont la formation politique de la coordinatrice de cette coalition, Brigitte Adjamagbo-Johnson, l’ont également rejoint.

Ses proches louent la « rigueur » et le « pragmatisme » de l’homme politique qui a été président de l’Assemblée nationale (1999-2000) et a occupé plusieurs portefeuilles ministériels dans des gouvernements de Gnassingbé Eyadéma, avant d’être limogé en 2002, contraint à l’exil, puis incarcéré pendant quelques mois à son retour au Togo.

L’opposant a animé avec détermination le Collectif Sauvons le Togo (CST), un regroupement de partis d’opposition et d’organisations de la société civile, mais ses adversaires voient dans sa candidature une « stratégie » servant les intérêts du pouvoir.

« Avec une telle opération, il sera plus facile de dire que l’opposition a perdu parce qu’elle a éparpillé ses voix », selon Messan Lawson, opposant et éditorialiste togolais.

Faure Gnassingbé, l’héritier discret qui s’est imposé à la tête du Togo

Héritier d’une dynastie à la tête du Togo depuis plus d’un demi-siècle, Faure Gnassingbé s’est affirmé comme un président implacable avec ses adversaires, si bien qu’il est pratiquement sûr de décrocher samedi un quatrième mandat.

« Bébé Gnass », comme le surnommaient avec une certaine condescendance ses adversaires politiques, a longtemps été en quête de légitimité vis-à-vis de son père, le général Gnassingbé Eyadéma – « le vieux » – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans jusqu’à sa mort, et à qui il a succédé en 2005.

La première élection de Faure Gnassingbé, vivement contestée par l’opposition, a été remportée au terme d’un scrutin marqué par des violences ayant fait 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Mais, cette année, la campagne électorale est placée sous le thème de la réconciliation: il doit regagner le soutien historique dont bénéficiait la famille dans le nord du pays, et qui s’est effrité depuis les manifestations massives de 2017 et 2018 et la forte répression qui s’en est suivie.

A 53 ans, le chef de l’Etat s’est cette fois adonné aux bains de foule, dont il n’a jamais été très coutumier.

« Tout le monde est surpris de le voir depuis le début de la campagne faire des accolades à des gens », commente Komandega Taama, un député de l’opposition et ancien candidat à la présidentielle de 2015.

– Mystérieux et discret –

Chemise ouverte et costume taillé sur mesure, le président-candidat s’est laissé étreindre par des partisans surexcités lors de ses meetings et, large sourire aux lèvres, a serré beaucoup de mains.

Toutefois, sa grande réserve était encore palpable dans ses discours et sa voix était basse pour reprendre le slogan de sa campagne, « Premier KO ».

Car si l’exercice est bien rôdé après trois élections présidentielles au compteur et quinze années à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de l’Etat reste un personnage mystérieux, qui n’a jamais accordé une interview à la presse locale.

« Il est très méfiant, il parle peu », confie à l’AFP l’un de ses proches collaborateurs. « J’ai parfois l’impression qu’il n’a confiance en personne ».

Féru de religion, ce président célibataire est aussi connu pour être un homme à femmes, et a eu de nombreux enfants et petits-enfants. Il est lui-même issu d’une fratrie qui pourrait s’élever à plus de 50 frères et soeurs.

L’histoire mouvementée de la dynastie Gnassingbé a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.

– Sécurité –

L’un de ses demi-frères, Kpatcha, qui fut son ministre de la Défense, est toujours détenu dans une prison de Lomé après un coup d’Etat manqué en 2009. La famille reste profondément divisée et beaucoup n’ont cessé de dénoncer « un coup monté » pour évincer son rival.

Toutefois, ces dernières années, perturbées par d’importantes manifestations, ont montré que le chef de l’Etat peut compter sur de solides soutiens à l’intérieur, avec au premier chef l’armée, mais aussi sur la scène internationale et régionale.

Le Togo n’a pas connu le sursaut de croissance attendu, stagnant aux alentours de 5% ces dernières années, le niveau de pauvreté reste très élevé, mais il a su, malgré les controverses, faire voter une révision constitutionnelle qui lui permettra de se représenter pour un cinquième mandat en 2025.

Dans une région où la pression jihadiste est « très forte » selon ses propres mots, le président-candidat a axé sa campagne sur les risques de voir l’instabilité du Sahel se propager vers le Togo, une crainte partagée par la France, ex-puissance coloniale et allié traditionnel, et par ses voisins de l’Afrique côtière.

Alors qu’il visitait cette semaine les postes de l’armée sur la frontière avec le Burkina Faso, Faure Gnassingbé a posé en père de la nation, appelant « les populations, les leaders religieux, et les chefs traditionnels » à ne pas se soulever contre les forces de défense et de sécurité.

« Notre principale richesse c’est la stabilité et la sécurité, si nous perdons cela tous nos projets de développement seront compromis et remis en cause », a-t-il prévenu dans un entretien avec l’AFP. « Il nous faut tirer les leçons de ce qui se passe ailleurs ».

Iran: une opposante féministe dénonce des élections « sans espoir »

Elle a cru le régime iranien capable de changer mais aujourd’hui ne le pense plus. A la veille de législatives dans son pays, Shaparak Shajarizadeh, militante en exil des droits des femmes iraniennes, appelle ses concitoyens à ne pas voter.

« J’ai fait partie de ceux qui avaient des espoirs de changement, mais aujourd’hui nous n’avons le choix qu’entre deux maux », estime-t-elle dans un entretien à l’AFP à Genève.

Les réformateurs et les conservateurs, censés offrir un choix politique aux électeurs de la république islamique, « ne sont que les deux faces de la même pièce », estime, désabusée, Shaparak Shajarizadeh, 44 ans.

En conséquence, elle fait « campagne pour demander aux gens de ne pas aller voter ». Les Iraniens « ont perdu tout espoir », notamment depuis la répression sanglante l’an dernier d’une contestation née d’une hausse du prix de l’essence, estime-t-elle.

De fait, les invalidations massives de candidatures réformatrices et modérées risquent de transformer le scrutin de vendredi en un affrontement entre conservateurs et ultra-conservateurs.

Elle avait pourtant cru aux promesses de changement du réformateur Mohammad Khatami, président de 1997 à 2005, avant que ses espérances ne s’évanouissent.

Aujourd’hui, elle préfère qualifier le président Hassan Rohani, élu en 2013 et réélu en 2017 pour un dernier mandat de quatre ans, de « soi-disant réformateur ». Et ne se prive pas de traiter de « menteur » celui que nombre de chancelleries considèrent pourtant comme un pragmatique et un fragile rempart face à l’aile la plus dure du régime.

De passage en Suisse, elle a reçu mardi un prix remis par le Geneva Summit for Human Rights and Democracy, organisé par 25 ONG, pour sa défense des droits des femmes en Iran, une cause pour laquelle elle a été « emprisonnée, battue et brutalisée ».

La vie de celle qui se définit comme une « femme ordinaire, qui ne faisait pas de politique » a basculé en 2018, quand elle est arrêtée à plusieurs reprises et détenue pour s’opposer au port du voile islamique.

Son crime: être descendue dans la rue cheveux au vent, son foulard au bout d’un bâton. Son combat devient alors celui de celles que l’on appelle « les filles de la rue de la Révolution », du nom d’une grande artère de Téhéran, opposées à l’obligation de cacher leur chevelure en public.

– « Ils font ce qu’ils veulent » –

« Dans le tribunal, on ne vous laisse même pas parler à votre avocat, on ne fait que vous réciter des accusations inventées et on vous jette en prison. Ils font ce qu’ils veulent », raconte-t-elle.

Elle choisit alors de s’enfuir en traversant à pied la frontière montagneuse avec la Turquie, la tête couverte pour ne pas attirer l’attention.

Elle vit aujourd’hui au Canada, à Toronto, avec son mari et leur fils de 11 ans, d’où elle continue à militer activement pour les droits des Iraniennes. A commencer par celui d’enlever le foulard imposé aux femmes par le régime islamiste, issu de la révolution khomeyniste de 1979.

Désormais figure de la contestation féministe, elle apparaît en 2018 dans une liste des 100 femmes les plus influentes du monde réalisée par la BBC.

Elle témoigne de son combat dans un livre, « La liberté n’est pas un crime » (ed. Plon), écrit avec la journaliste canadienne Rima Elkouri, et enchaîne témoignages, interviews et conférences.

Son avocate, Nasrin Sotoudeh, porte-voix de la contestation et des droits des femmes en Iran, lauréate du Prix Sakharov du Parlement européen en 2012, est aujourd’hui en prison.

Pour changer le cours des choses en Iran, Shaparak Shajarizadeh prône des « sanctions ciblées » contre les responsables du régime, mais épargnant la population déjà éprouvée par une situation économique désastreuse, aggravée par l’embargo total décrété par les Etats-Unis.

« Il faut viser des personnes précises, pas alourdir encore les difficultés du peuple », souligne-t-elle.

Mais pour elle, ce sont surtout les mouvements issus de la société civile, en particulier la mobilisation contre le code vestimentaire islamique imposé aux femmes, qui feront bouger le pays.

« Les vraies héroïnes, ce sont les femmes qui refusent de porter le foulard », assure-t-elle.

La dette de l’Argentine « n’est pas soutenable », selon le FMI

La dette de l’Argentine « n’est pas soutenable » et le pays a besoin que les créanciers contribuent à la rendre supportable, a conclu mercredi le Fonds monétaire international (FMI) qui vient d’achever une mission à Buenos Aires.

« Le personnel du FMI estime aujourd’hui que la dette de l’Argentine n’est pas soutenable », indique l’institution internationale dans un communiqué. Elle en appelle à la contribution des détenteurs d’obligations pour « aider à restaurer la soutenabilité de la dette ».

Le FMI estime que l’excédent primaire (hors paiement de la dette) qui serait nécessaire à l’Etat argentin pour faire face à ces obligations et relancer la croissance n’est « ni politiquement, ni économiquement faisable ».

La dette argentine représente plus de 311 milliards de dollars, soit plus de 90% du PIB.

Deux mois après son entrée en fonction, le président argentin Alberto Fernandez, un péroniste de centre-gauche, avait déclaré qu’en l’état actuel, la dette de son pays n’était pas remboursable. Il a appelé le FMI et les créanciers de son pays à renégocier les délais, le capital et les intérêts de la dette.

Dans un communiqué publié mercredi, le ministère argentin de l’Economie se félicite de la convergence de vues entre le gouvernement et le FMI, ce dernier ayant souligné la récente détérioration de la situation économique. Le ministre de l’Economie Martin Guzman a par ailleurs assuré qu’il continuerait à dialoguer « étroitement » avec le fonds pour trouver une solution à la crise économique et sociale du pays.

« Les autorités argentines s’efforcent de remédier à la situation économique et sociale difficile à laquelle le pays est confronté. Elles ont mis en œuvre un ensemble de politiques pour faire face à l’augmentation de la pauvreté, tout en prenant des mesures pour stabiliser l’économie », a encore indiqué le Fonds, qui estime toutefois que des efforts supplémentaires sont nécessaire pour réduire l’inflation.

– « Nette détérioration » –

Mais la dette et la capacité à rembourser les intérêts « se sont nettement détériorées par rapport à la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI en juillet 2019 » qui estimait que la dette était soutenable.

Depuis, le peso s’est déprécié de plus de 40%, les réserves internationales ont diminué d’environ 20 milliards de dollars et le PIB réel s’est contracté plus que prévu.

L’Argentine avait remboursé la totalité de sa dette envers le FMI en 2006. Mais le gouvernement du libéral Mauricio Macri (2015-2019) a contracté en 2018 le plus gros prêt de l’histoire du Fonds pour 57 milliards de dollars, dont 44 milliards ont déjà été versés.

L’Argentine est aux prises avec la pire crise économique depuis 2001. L’économie est en récession depuis près de deux ans, l’inflation dépasse les 53% et le taux de pauvreté atteint près de 40%. Face à cette situation, Alberto Fernandez a renoncé aux derniers décaissements du FMI.

Il a promis aux Argentins de ne pas rembourser la dette tant que la situation économique ne se serait pas améliorée.

En 2001, l’Argentine avait connu le plus important défaut de paiement de l’histoire et une grave crise économique et sociale qui avait traumatisé les Argentins et les marchés financiers.

Les Sud-Soudanais, traumatisés par les massacres, sceptiques sur les chances de paix

Derrière la clôture barbelée qu’elle a peur de quitter, placée sous protection armée dans son propre pays, Jenty John Musa entend dire que la paix serait sur le point d’arriver au Soudan du Sud.

« On entend à la radio: +Il y a la paix, il y a la paix+. Mais on n’en est pas sûr », raconte Jenty à l’AFP à Wau (nord-ouest), où comme des milliers d’autres, elle a trouvé refuge dans un camp protégé par l’ONU, après avoir fui les violences.

« Qu’ils viennent vers nous et nous montrent que maintenant il y a la paix », dit-elle à l’intention des dirigeants sud-soudanais, qui n’arrivent pas à s’accorder sur l’avenir de leur pays.

Après une multitude de trêves rompues et de promesses non tenues, la méfiance est profondément enracinée dans le plus jeune pays au monde, plongé dans la guerre civile depuis décembre 2013, deux ans après son indépendance du Soudan.

La pression internationale s’accroît sur le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar pour qu’ils forment un gouvernement d’union nationale avant la date-butoir du 22 février.

Ces deux rivaux de longue date ont signé en septembre 2018 à Addis Abeba un accord de paix destiné à mettre fin à une guerre civile qui a fait plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Mais la prudence reste de mise alors que MM. Kiir et Machar ont échoué à respecter deux précédentes échéances pour la formation de ce gouvernement, considéré comme une étape cruciale vers la paix.

Les deux dirigeants ont maintes fois montré par le passé qu’ils n’avaient aucun scrupule à enfreindre un accord. Leurs deux précédentes tentatives pour gouverner ensemble se sont achevées dans un bain de sang.

Cette fois-ci, ils se sont engagés à créer une armée nationale unifiée. Mais cette promesse ne s’est pas encore matérialisée. Des négociations à n’en plus finir n’ont pas encore permis d’ouvrir la voie à l’unité du pays.

– Dérobades perpétuelles –

Les combats avaient diminué après la signature de l’accord de paix. Mais les violences sont à nouveau en hausse à l’approche du 22 février.

La question centrale du nombre d’États régionaux n’a pas été résolue. La rébellion a rejeté dimanche la proposition du président Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei).

M. Machar a décliné ce qui était perçu comme une concession du chef de l’Etat, favorable jusque-là aux 32 Etats, car il s’oppose à la décision de faire de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, une « zone administrative ».

A Wau, on n’est que trop habitué à ces dérobades perpétuelles. Quand le précédent gouvernement « d’union » a implosé en 2016 à Juba, les combats ont éclaté dans la capitale, avant de s’étendre à Wau, où les habitants se sont massacrés, communauté contre communauté.

« Je ne peux pas oublier ce que j’ai vu. C’est toujours dangereux là, dehors », explique Jawahier Khelifa, une mère de quatre enfants.

Comme des milliers de personnes prises au piège, elle s’était précipitée vers la base de l’ONU, située juste en dehors de la ville de Wau, pour y trouver de l’aide.

Trois ans plus tard, ils sont encore des milliers à vivre en extérieur sous des tentes, trop apeurés pour se risquer hors du camp.

Près de 190.000 personnes vivent sous protection de l’ONU dans de tels camps au Soudan du Sud. Malgré les promesses venant de Juba que la paix est à portée de main, ils refusent toujours d’en partir.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la crainte que le processus de paix n’échoue à nouveau est le principal facteur qui dissuade les gens de rentrer chez eux.

– « Scepticisme toujours de mise » –

Juleta Edward, 55 ans, a regardé ses enfants grandir dans l’univers surpeuplé, presque carcéral, de Wau. Mais à ses yeux, l’essentiel est qu’ils soient sains et saufs.

Elle se montre extrêmement dubitative sur le processus de paix et n’a pas mis un pied hors du camp depuis juin 2016, quand elle avait fui la ville après avoir assisté à la mort de membres de sa famille.

« Je veux voir si la paix est réelle (ou pas) et ensuite je pourrai quitter cet endroit », dit-elle.

« L’expérience est le meilleur professeur qui soit », remarque Sam Muhumure, chef du bureau de la mission de paix des Nations unies au Soudan du Sud (Minus) à Wau.

« C’est pour cela qu’ils regardent avec attention chaque mesure que les dirigeants politiques prennent. Il y a eu un bon progrès (…), mais le scepticisme est toujours de mise », dit-il.

Avec l’accord de paix, la sécurité s’est améliorée à Wau. Mais sans avancée politique, tout peut être remis en cause du jour au lendemain.

« Les bénéfices de la paix, pour le moment, sont maigres », juge James Reynolds, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan du Sud.

A Wau, les gens veulent voir des actes et non se contenter de paroles de la part de dirigeants qui n’ont cessé d’abuser de leur confiance.

« Beaucoup de gens sont morts. Nous voulons que nos leaders se concentrent sur leur peuple et lui donne ce qu’il souhaite », résume Juleta. « Nous voulons qu’ils servent le peuple ».

Mozambique: civils et forces de sécurité paniqués par l’intensification des attaques islamistes

Des colonnes de villageois tétanisés sur les routes, des multinationales gazières qui réclament des renforts militaires, des policiers « en panique » faute d’équipements: dans le nord du Mozambique, théâtre d’une insurrection islamiste depuis octobre 2017, les attaques se sont récemment intensifiées, semant la terreur.

Un mystérieux groupe d’inspiration islamiste opère dans la province de Cabo Delgado, à majorité musulmane, depuis deux ans et demi. Les insurgés brûlent des villages, décapitent des civils, s’emparent de véhicules militaires.

Les violences ont fait plus de 700 morts, selon Médecins sans frontières (MSF), l’une des rares organisations non gouvernementales à travailler dans la région, et provoqué le déplacement d’au moins 100.000 personnes, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

« Au cours des derniers mois, il y a eu une augmentation spectaculaire des attaques brutales perpétrées par des groupes armés », a constaté début février un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic.

« Les dernières semaines ont été la période la plus instable » depuis octobre 2017, « les attaques s’étendent maintenant vers les districts du sud de Cabo Delgado, obligeant les gens à s’enfuir à Pemba », la capitale de la province.

L’un des derniers incidents a été signalé à seulement 100 km de Pemba, ville d’environ 200.000 habitants, selon Andrej Mahecic.

Les civils paient le prix fort, s’enfuyant « dans de nombreuses directions, y compris sur de petites îles, où beaucoup n’ont nulle part où loger », explique Andrej Mahecic. « La plupart laissent tout derrière eux, ils n’ont pas le temps d’emporter leurs biens, la nourriture ou leurs documents d’identité ».

MSF décrit des « colonnes de gens marchant sur les routes principales alors que leurs villages sont en feu ». Dans la ville de Macomia (nord), il est fréquent de trouver quatre familles vivant sous le même toit, ajoute l’ONG.

– Géants gaziers inquiets –

« Tout le monde est tétanisé », explique à l’AFP un instituteur sur place. « Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école, parce que leurs parents ne les laissent pas quitter la maison » de peur d’être attaqués sur le chemin de l’école.

« Les gens dorment dans les forêts » de crainte que leur village soit attaqué, ajoute un employé d’une station service à Macomia.

La semaine dernière, le président mozambicain Filipe Nyusi a délocalisé symboliquement le conseil des ministres à Pemba, où il a accusé des « étrangers » d’alimenter cette « guerre ».

Depuis juin, le groupe Etat islamique (EI) a endossé la responsabilité de plusieurs des raids meurtriers dans le Cabo Delgado, sans apporter toutefois de preuve tangible de son soutien logistique.

Les islamistes ont récemment mené des opérations contre les forces de sécurité et leurs installations, note Ryan Cummings, du cabinet de conseil Signal Risk. Ce qui pourrait présager d’une « sophistication du modus operandi » des assaillants, de quoi « inquiéter les multinationales » installées dans la région pour exploiter les immenses réserves sous-marines de gaz.

Elles ont d’ailleurs récemment « demandé une augmentation du nombre de soldats » à proximité de leurs installations en construction, a reconnu le ministre de la Défense Jaime Neto.

« Nous garantissons la sécurité des projets (…). Nous avons suffisamment de personnel pour maintenir l’ordre public », a-t-il assuré.

Mais plusieurs témoignages recueillis par l’AFP auprès des forces de sécurité soulignent le manque de ressources des forces de sécurité.

– Ponts détruits –

« Ici à Macomia, on est tous en panique. On attend que les jihadistes attaquent la ville à tout moment », explique un policier. « On n’a pas d’équipements » pour riposter, « toutes les nuits, c’est l’angoisse ».

« On n’a pas les moyens d’intercepter les communications », ajoute un membre de l’unité de police chargée des opérations spéciales, en première ligne de la lutte contre l’insurrection. Quand il y a des attaques, « on ne répond pas immédiatement » de crainte d’être « en infériorité numérique », confie-t-il.

Les forces de sécurité sont également affaiblies par les désertions. « Beaucoup de jeunes (…) font défection quand ils sont envoyés dans le Cabo Delgado », explique à l’AFP un responsable de la police basé à Maputo.

« La situation est chaotique. Ce sont les jihadistes qui chassent et attaquent les troupes gouvernementales et pas l’inverse », résume-t-il.

L’intensification des attaques coïncide avec la saison des pluies, qui perturbe la logistique des forces de sécurité mozambicaines, discrètement épaulées par des mercenaires russes.

Deux ponts ont été récemment détruits, coupant la principale route reliant Pemba au nord du Cabo Delgado, explique un analyste militaire.

Les jihadistes, qui se faufilent eux dans les forêts, « sont au fait des difficultés de déplacement des troupes », ajoute-t-il. « Ils attaquent quand bon leur semble ».

Présidentielle au Togo: Faure Gnassingbé vers un quatrième mandat

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes samedi, pour une élection présidentielle qui devrait reconduire pour un quatrième mandat le sortant Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest depuis plus d’un demi-siècle.

« Faure », tel qu’il est surnommé au Togo, a rassemblé les foules pour ses meetings, notamment dans le nord, et même dans les bastions les plus contestataires comme à Sokodé, grande ville du centre-nord: preuve d’un appareil d’Etat bien en place, plus que d’un véritable engouement populaire pour une élection sans grand suspense.

« Tous les responsables locaux sont d’Unir », le parti au pouvoir, explique à l’AFP un cadre associatif de Dapaong, dans l’extrême nord du pays. « Dire non à Unir, c’est refuser de manger », selon lui.

La campagne ne passionne pas les 7,8 millions de Togolais, et, sans les affiches électorales qui parsèment le pays, il serait difficile d’imaginer que la présidentielle est dans quelques jours à peine.

Après le décès de son père le 5 février 2005, le général Eyadéma Gnassingbé qui a dirigé le pays sans partage pendant 38 ans, Faure Gnassingbé a été aussitôt propulsé au pouvoir par l’armée, puis a remporté la présidentielle de la même année, un scrutin contesté par l’opposition et marqué par 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Quinze ans plus tard, des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes, sont descendues dans les rues entre 2017 et 2018 pour demander la démission du chef de l’Etat, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution, lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

– « Gaspillage d’énergie » –

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et aux querelles intestines.

« L’opposition avait su créer un véritable mouvement populaire capable d’inquiéter le régime mais elle n’a pas su capitaliser ce moment », explique à l’AFP Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais (PT, opposition), qui regrette un « véritable gaspillage d’énergie et d’opportunités ».

C’est donc en un front divisé que se présenteront samedi six candidats de l’opposition.

Le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) pourrait se trouver chahuté par l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui a enlevé de nombreux soutiens ces derniers mois, dont celui de l’ancien archevêque de Lomé.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour.

« On ne veut pas aller au second tour, ça ne sert à rien de perdre du temps et de l’argent, de toute façon Faure va gagner! », s’égosillait Luc Ntami, professeur à Dapaong dans un meeting du parti au pouvoir.

– Victoire annoncée –

Ce sentiment d’une victoire annoncée est d’ailleurs partagé par un grand nombre de Togolais de l’opposition qui ne croient plus à une vraie alternance démocratique par les urnes.

Plusieurs partis ont d’ailleurs décidé de boycotter le scrutin. C’est le cas du Parti national panafricain (PNP), à l’origine des manifestations de 2017 et dont des dizaines de militants ont été arrêtés, ou du PT de Nathaniel Olympio, qui affirme que « les conditions actuelles d’organisation des élections ne permettent pas la tenue d’un scrutin libre et transparent ».

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral.

David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD), a regretté également que le conseil épiscopal Justice et Paix « qui devait déployer jusqu’à 9.000 observateurs n’ait pas non plus été accrédité ». « Cela nous laisse vraiment perplexes et dubitatifs sur l’issue de ce scrutin ».

Le président sortant reste soutenu par nombre de ses pairs ouest-africains et par la communauté internationale.

La France, ex-puissance coloniale, déployée au Sahel voisin, avec l’opération militaire Barkhane, est sensible à son action contre la menace jihadiste.

Faure Gnassingbé le sait, il s’en sert comme un argument majeur de sa campagne, et peut s’appuyer sur une armée disciplinée et des services de renseignement efficaces, formés notamment par les Israéliens.

Sans stabilité ni sécurité, « tous nos projets de développement seront compromis et remis en cause », a insisté le chef de l’Etat, en visite cette semaine sur des postes militaires à la frontière avec le Burkina Faso.

Sur le plan du développement, « Faure » peut se targuer d’avoir lancé un vaste projet d’électrification et la réfection de 4.000 km de pistes pour désenclaver les zones rurales.

Toutefois, la majorité de la population vit toujours dans une grande pauvreté. Et sa promesse de créer « plus de 500.000 emplois » semble difficilement réalisable, faute de tissu industriel.

Coronavirus: mort de deux croisiéristes au Japon, recul des nouveaux cas en Chine

La Chine a annoncé jeudi une baisse spectaculaire des nouvelles contaminations au coronavirus mais la situation se complique au Japon avec le décès de deux ex-croisiéristes du navire Diamond Princess placé en quarantaine.

La commission nationale (ministère) de la Santé a fait état de 114 décès supplémentaires en Chine en 24 heures, ce qui porte à 2.118 le nombre total de morts au niveau national (hors Hong Kong et Macao).

Mais elle a surtout annoncé un nombre de nouvelles contaminations (394) en forte baisse: c’est seulement le quart du chiffre annoncé la veille et la plus faible augmentation depuis près d’un mois.

Au total, plus de 74.500 personnes ont désormais été contaminées dans le pays. Ailleurs dans le monde, quelque 25 pays sont touchés, dont l’Iran qui a annoncé deux morts — les premiers enregistrés au Moyen-Orient.

Au Japon, un homme et une femme qui étaient en croisière à bord du Diamond Princess sont décédés, ont rapporté jeudi des médias locaux. Les octogénaires sont les premiers cas mortels parmi les plus de 600 porteurs confirmés du virus sur le navire, placé en quarantaine près de Tokyo.

En Corée du Sud voisine, une femme de 61 ans est suspectée d’avoir contaminé à elle seule 38 personnes, dont 37 membres d’une même église à Daegu (sud-est).

En Chine cependant, les autorités estiment que les mesures drastiques prises ces dernières semaines, notamment la mise de facto en quarantaine de la province centrale du Hubei, à l’épicentre de l’épidémie, commencent à payer.

– Nouvel avion français –

« Après de très durs efforts, la situation est en train de changer », s’est félicité mercredi le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, selon l’agence Chine nouvelle.

Le Hubei et son chef-lieu Wuhan (11 millions d’habitants), où le virus est apparu en décembre sur un marché, restent « très touchés », a indiqué M. Wang lors d’une rencontre au Laos avec des homologues de pays d’Asie du sud-est.

« Mais la situation commence à être maîtrisée et des nouvelles réconfortantes nous arrivent » des autres régions du pays, a-t-il souligné.

Le nombre de nouveaux cas en Chine chute depuis quatre jours consécutifs. Et plus de 16.000 ex-malades sont désormais rétablis, selon les chiffres officiels.

Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné mercredi qu’il était « encore trop tôt » pour parler d’endiguement du virus, elle s’est félicitée des « énormes progrès » effectués dans la gestion de l’épidémie.

Depuis fin janvier, toute entrée ou sortie de la ville de Wuhan et de la plus grande partie du Hubei est interdite — à l’exception des produits de première nécessité.

Une situation qui a poussé de nombreux pays à évacuer leurs ressortissants. La France a d’ailleurs envoyé mercredi soir à Wuhan un nouvel avion afin de rapatrier des citoyens français et européens.

– ‘Chaotique’ –

L’appareil achemine 17 tonnes de matériel (combinaisons médicales de protection, masques, gants et produits désinfectants) à destination du personnel soignant chinois.

Mais si Pékin se montre optimiste quant à l’endiguement de l’épidémie de Covid-19, le Japon fait face à des critiques croissantes vis-à-vis de la quarantaine imposée au Diamond Princess.

L’immense paquebot amarré à Yokohama (est) est le théâtre de la plus grande concentration de cas positifs hors de Chine: plus de 600 ont été enregistrés parmi les croisiéristes et le personnel de bord.

Mercredi, 443 personnes ont pu débarquer après avoir été testées négatives et avoir subi une quarantaine de 14 jours.

Les personnes autorisées à sortir ont reçu un certificat indiquant qu’elles ne présentaient « aucun risque d’infection ». Mais certains s’inquiètent de voir des passagers éparpillés dans la nature.

Alors que les critiques directes sont rares au Japon dans les milieux officiels, un spécialiste des maladies infectieuses de l’Université de Kobe a déclaré à l’AFP que la quarantaine était « un échec majeur, une erreur ».

Dans une vidéo, effacée depuis, il disait également avoir eu « peur » et qualifiait ce qu’il a vu sur le Diamond Princess de « chaotique ».

Le ministère japonais de la Santé s’est défendu, soulignant avoir mené avec des experts des « consultations sur la manière appropriée de contrôler l’infection à bord du navire » et pris toute une série de mesures.

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Mexique: arrestation des meurtriers présumés d’une fillette

Les meurtriers présumés d’une petite fille de sept ans, dont le meurtre brutal avait indigné le Mexique, ont été arrêtés la semaine dernière à Mexico, a indiqué la maire de la capitale mexicaine, Claudia Sheinbaum.

« Les responsables présumés de l’assassinat de la mineure (…) ont été arrêtés dans un village de l’Etat de Mexico », a indiqué sans plus de détail, Mme Sheinbaum sur Twitter.

Les services du procureur de Mexico avaient diffusé mardi après-midi des photos de Giovana « N » et Mario Alberto « N », le couple soupçonné du meurtre précédé de tortures de cette petite fille à la fin de la semaine dernière dans le sud-est de la capitale.

Selon Ulises Lara, porte-parole de ces services, le couple incriminé risque entre 80 et 140 ans de prison s’il est reconnu coupable de ce meurtre.

Des dizaines de femmes s’étaient regroupées mardi dans la matinée devant le palais présidentiel à Mexico pour manifester leur colère après cet assassinat choquant.

La découverte au cours du week-end du corps de la fillette qui portait des stigmates de tortures a aussi déclenché des protestations à l’école où elle était scolarisée, ainsi qu’à ses funérailles commencées lundi et qui se sont achevées mardi.

L’indignation était aussi palpable sur les réseaux sociaux avec les mots-clés #Justiciaparatodas (Justice pour toutes) et #Niunamenos (Pas une de plus).

Le meurtre de l’enfant a d’autant plus choqué le pays que quelques jours auparavant, des centaines de femmes avaient déjà manifesté dans plusieurs villes du Mexique contre le féminicide d’Ingrid Escamilla, 25 ans, assassinée par son partenaire au nord de Mexico.

Le Mexique a enregistré 1.006 victimes de féminicide en 2019, selon les chiffres officiels. Leur nombre pourrait être plus élevé car il existe des lacunes pour définir ce type de délit comme constituant un crime, selon les experts.