Torrent de critiques sur le Japon pour sa gestion du Diamond Princess

Les critiques pleuvent sur le gouvernement japonais, accusé de ne pas avoir pris de dispositions radicales à temps pour endiguer la propagation du coronavirus sur le paquebot Diamond Princess où la première période de quarantaine prend en théorie fin mercredi.

Les 3.711 personnes embarquées sur ce navire battant pavillon britannique avaient été mises en quarantaine au large du Japon le 5 février, après que le coronavirus eut été détecté sur un passager qui avait été débarqué à Hong Kong.

Sur le papier, les règles étaient claires: les passagers étaient confinés dans les cabines, sauf pour de brèves sorties sur le pont, avec port de masques et évitement de contact.

Mais, outre que plusieurs ont dénoncé des comportements inappropriés (certains discutaient sans masque ou fumaient sur le pont), des doutes ont vite surgi quant à l’efficacité des dispositions prises.

En quelques jours, des tests ont répertorié plusieurs centaines de personnes porteuses du virus. Mardi, 542 cas avaient été signalés alors même que tous les résultats n’étaient pas connus.

Quant aux membres d’équipage, ils n’ont pas été placés à l’isolement, partageant les espaces de travail et de vie, les salles de bains, en portant simplement des masques et des gants lors de l’interaction avec les passagers (distribution de repas, de serviettes, de journaux, etc.)

– La « peur » d’un spécialiste –

Au moins deux représentants du gouvernement ont eux-mêmes présenté des tests positifs au virus après avoir travaillé sur le navire.

La critique la plus vive, faite sur un ton direct extrêmement rare au Japon dans les milieux officiels ou universitaires, est venue d’un expert japonais. Pour Kentaro Iwata, professeur à la division des maladies infectieuses de l’Université de Kobe interrogé par l’AFP, la mise en quarantaine à bord du navire est « un échec majeur, une erreur » et justifie le « scepticisme » de l’étranger.

« J’ai été en Afrique pour traiter l’épidémie d’Ebola. J’ai été dans d’autres pays pour le choléra, en Chine en 2003 pour m’occuper du Sras (…) Jamais je n’ai eu peur d’être moi-même infecté », assène-t-il par ailleurs dans une vidéo en anglais où il dit avoir eu « peur » et qualifie tout ce qu’il a vu sur le bateau de « chaotique ».

Des responsables japonais ont cependant défendu cette approche, dont Shigeru Omi, ancien chef régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui conseille le gouvernement et selon qui la quarantaine a « un effet très positif » sur la réduction des infections.

« Nous pensons que la majorité des infections se sont produites avant la date à laquelle les mesures de quarantaine ont commencé », a-t-il déclaré aux journalistes.

Cela ne semble pas avoir convaincu les gouvernements des Etats-Unis, de Corée du Sud, d’Italie, du Canada ou encore d’Australie qui ont décidé d’évacuer leurs citoyens.

Plus de 300 Américains ont été rapatriés et plus de 200 Canadiens devraient suivre sous peu.

Nancy Messonier, une fonctionnaire du Centre de contrôle des maladies des États-Unis, a déclaré aux journalistes que « les données provenant du Japon suggèrent qu’il existe un risque plus élevé parmi les personnes à bord du navire ».

Les salves de reproche ont placé les responsables japonais sur la défensive.

– Le Japon « n’est pas parfait » –

« Il n’y avait pas d’accord international établi sur la manière de répondre et sur qui est responsable ni sur quand débarquer », justifie M. Omi, arguant que les bateaux avec des cas de coronavirus ont été refoulés dans de nombreux ports.

Et d’ajouter: « aucune organisation n’est parfaite, le Japon ne fait pas exception. »

Le ministre de la Santé, Katsunobu Kato, a admis mardi l’existence de critiques, mais a déclaré que le gouvernement se concentrait sur la « santé des membres d’équipage et des passagers ».

L’identification du moment où des infections ont pu commencer sur le navire a été rendue plus difficile par la lenteur du déploiement des tests, avec moins de 300 personnes initialement testées et l’éventail n’a été élargi que progressivement pour inclure les groupes à risque.

Le gouvernement japonais a été pris de court, manquant de kits d’examen, mais il a attendu des jours pour demander de l’aide au secteur privé et inviter des experts à ses réunions de crise.

Il n’a terminé les tests à bord sur l’ensemble des passagers qu’un jour avant la fin de la quarantaine.

La manière dont le gouvernement a géré la crise semble avoir entamé la popularité du Premier ministre Shinzo Abe, déjà affecté par un énième scandale de favoritisme.

Selon un récent sondage, 52% des personnes interrogées disent désapprouver la réponse du gouvernement à l’épidémie.

hih-sah-kap-uh/phv

Au Sénégal, la forte demande chinoise perturbe le secteur de l’arachide

Les premières livraisons de cacahuètes, spécialité sénégalaise, ont trouvé acquéreurs avec une rare rapidité cette année, absorbées par l’appétit des négociants chinois. Pour le bonheur des producteurs, et au grand dam des fabricants d’huile d’arachide, privés de matière première et durement éprouvés.

Le retour des acheteurs chinois après quelques années d’absence, d’abord timidement il y a 12 mois puis massivement depuis le début de l’actuelle campagne arachidière (décembre-avril), perturbe ce secteur clé d’un pays essentiellement agricole, dont 27% des ménages cultivent l’arachide selon la Banque mondiale.

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement sénégalais cherche une position d’équilibre entre les intérêts des très nombreux cultivateurs et ceux des usines de transformation. La Chine, quant à elle, affirme participer à la création de richesse, alors que la majorité de la population sénégalaise vit toujours en-dessous du seuil de pauvreté.

Dans le village de Sanguil, au coeur du bassin arachidier du centre du pays, des camions chargés de conteneurs vont et viennent autour d’un bâtiment dissimulé par de hauts murs qui abrite un site de décorticage des cacahuètes.

Quand le portail s’ouvre apparaissent des Asiatiques entourés d’ouvriers sénégalais qui s’affairent parmi les machines à décortiquer et les sacs d’arachide, la plante dont la cacahuète est la graine, consommée décortiquée ou pressée pour en extraire de l’huile.

Baye Niass Fall, un paysan de 50 ans, attend d’être payé, le sourire aux lèvres, car il fait une bonne affaire en vendant, « aux Chinois », dit-il.

Les Chinois ou leurs intermédiaires proposent 300 francs CFA (0,45 euro) par kilo de cacahuètes en coque, et 525 CFA (0,8 euro) si elles sont décortiquées. Les huileries proposent généralement 210 CFA (0,32 euro) pour les cacahuètes en coque.

– Agitation sociale –

« Cette année, on ne va pas brader nos arachides », se réjouit Sidy Bâ, un responsable des planteurs.

La Chine est le premier importateur des cacahuètes sénégalaises, principale culture du pays, depuis un accord conclu avec Dakar en 2014 et renouvelé en 2019.

Depuis le début de l’année, une forte demande de la Chine, un rendement affecté par une météo défavorable et des prévisions de production jugées trop optimistes ont créé des tensions sur le marché.

Les exportateurs, notamment Chinois, ont raflé la marchandise les premières semaines. L’huilerie publique, la Sonacos, et ses trois concurrentes privées, se sont retrouvées à court de cacahuètes.

Des mouvements sociaux ont agité les huileries.

La Sonacos, qui emploie directement 4.000 personnes, s’est séparée de 500 saisonniers et a annulé le recrutement de 600 autres, selon un responsable syndical, Samuel Ndour. La Copeol, privée, a mis fin au contrat de plus de 120 saisonniers, selon un autre syndicaliste, Samba Wane.

Ayant emprunté pour financer ses achats, la Sonacos voit ses « efforts de relance compromis », s’alarme son directeur général, Modou Fada Diagne.

– Bien « précieux » –

On a accusé les professionnels chinois de « concurrence déloyale », d’aller dans les champs pour acheter la cacahuète encore en terre et de compromettre ainsi la prochaine saison en rendant indisponibles les graines nécessaires pour les semences.

Le gouvernement a également été accusé de faire profiter les travailleurs chinois des fruits d’une récolte qu’il subventionne.

L’arachide est « la marchandise la plus précieuse du Sénégal exportée vers la Chine », selon son ambassade à Dakar.

D’environ 100.000 tonnes en 2015, les exportations sont passées à 200.000 tonnes l’an dernier, précise-t-elle dans un message à l’AFP, assurant que la demande chinoise « a favorisé le développement de l’agriculture locale ».

Les producteurs ont écoulé leurs graines « à un prix jamais imaginé », a de son côté affirmé à la presse le ministre sénégalais de l’Agriculture, Moussa Baldé.

– L’arachide comme le gaz –

Certes, 1.500 emplois seraient menacés dans les huileries, mais « il y a un million de producteurs qui sont contents », selon lui.

Pour autant, l’Etat vient de suspendre les exportations, le tonnage convenu en début de campagne ayant été vite atteint, sur un total d’1,4 million de tonnes attendues sur le marché.

Le ministre « espère » que, d’ici à mai et la fin de la commercialisation, la Sonacos fera une collecte suffisante pour faire tourner ses usines.

L’essayiste sénégalais Adama Gaye, auteur de « Chine-Afrique: le dragon et l’autruche », voit dans cette situation un exemple d’un risque couru à l’échelle du continent et généralement reproché aux puissances étrangères: « confiner les pays africains à un statut de producteurs de matières premières, sans valeur ajoutée ».

« L’arachide n’est que la version agricole de ce que gaz, pétrole et mines ont été dans un passé récent » et l’Afrique doit « exiger l’installation d’huileries pour capter une partie de la manne », dit-il.

Mais il faudra compter avec les producteurs, prévient leur représentant Sidy Bâ: « Avec l’ouverture des marchés et les réseaux sociaux, les paysans d’aujourd’hui savent qui paie le plus et qui paie le moins ».

Au Pakistan, retour de la musique pachtoune après les années de sang

Pendant des années, tirs de Kalachnikov et attentats assourdissants ont couvert les mélodies endiablées de la musique des Pachtounes. Mais la tradition séculaire fait son retour alors que la situation sécuritaire s’améliore dans le nord-ouest du Pakistan, d’où ce groupe ethnique est originaire.

Les spectacles qui se déroulaient autrefois en secret, par crainte de représailles de groupes extrémistes, reprennent vie. Les magasins d’instruments de musique sont à nouveau ouverts et prospèrent, tandis que des chanteurs pop pachtounes ont la faveur des chaînes de télévision pakistanaises.

« La musique est le piment de la vie… elle fait partie de notre culture depuis des temps immémoriaux », affirme Farman Ali Shah, un poète du village de Warsak, près des zones tribales frontalières de l’Afghanistan et de ses quatre décennies de conflit.

Les mélodies pachtounes reposent sur des accords de rubabs, des instruments à corde traditionnels, posés sur le son clair des tablas, les percussions locales.

Elles poussent les hommes, dans cette culture très conservatrice et patriarcale où les femmes sont absentes des évènements publics, à des danses en cercle. Chaque participant y tourbillonne avec force moulinets des bras et autres pirouettes.

« Pendant des siècles, nous avons été une société libérale », assure pourtant le joueur de rubab et député Haider Ali Khan, originaire de la vallée de Swat. « Nous aimons notre religion mais en même temps nous aimons notre musique traditionnelle », ajoute-t-il.

Longtemps, les mélodies pachtounes ont pourtant été réduites au silence par les extrémistes.

A partir des années 1970, des mouvements islamistes rigoristes ont gagné en influence dans les zones pachtounes le long de la frontière avec l’Afghanistan. Leurs interprétations strictes de l’islam méprisaient la musique.

– Chaos –

Puis l’extrémisme est devenu violent, après l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979, qui a vu l’émergence d’une génération de moudjahidines. Les talibans, au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001, avaient interdit la musique.

L’intervention d’une coalition internationale menée par les Etats-Unis en Afghanistan a renversé leur règne. Mais elle a aussi plongé le Pakistan dans le chaos.

De nombreux groupes insurgés s’y sont réfugiés. Un mouvement taliban pakistanais s’est formé, prenant le contrôle de certaines parties du Khyber Pakhtunkhwa, la province du Nord-Ouest dont Peshawar est la capitale.

« Les extrémistes tuaient les artistes et les chanteurs pour créer la peur », explique le chanteur Gulzar Alam, lui-même attaqué à trois reprises, et qui s’est réfugié ces dernières années en Afghanistan.

« Si vous enlevez la culture d’une communauté, d’une tribu ou d’un groupe ethnique, la communauté sera éliminée », déplore-t-il.

Les représentations publiques ont été pratiquement interrompues par les attentats-suicides. Des bombes explosaient dans les marchés de CD. Les magasins d’instruments étaient anéantis.

Quelques courageux continuaient à inviter des musiciens pour des spectacles privés et autres mariages. Mais les groupes devaient se produire sotto voce, pour éviter d’être entendus par les islamistes.

« Ils demandaient aux gens d’arrêter la musique, mais les villageois ne les ont jamais acceptés », se souvient Noor Sher, dont la famille fabrique des rubabs à la main depuis 25 ans.

Des musiciens d’Afghanistan, où les Pachtounes constituent la principale ethnie, ont aussi fui la violence faisant rage dans leur pays. Certains se sont installés à Peshawar, où ils ont ouvert des écoles de musique, maintenant la tradition en vie.

– « Libérer l’esprit » –

L’armée pakistanaise a intensifié ses efforts pour vaincre les extrémistes en 2014. La sécurité s’est considérablement améliorée depuis.

Entre 2015 et 2018, les morts violentes – à caractère extrémiste, politique ou criminel – ont chuté de 80% dans le pays, passant de 6.574 à 1.131 décès répertoriés, selon le CRSS, un centre de recherche pakistanais.

« Maintenant, la situation est bonne, très bonne. Nous pouvons jouer n’importe où, quand les gens nous invitent », estime Akhtar Gul, un joueur de rubab.

Mais beaucoup restent prudents dans le nord-ouest pakistanais, craignant toujours des représailles. Certains interviewés par l’AFP ont refusé de critiquer les extrémistes.

Les attitudes conservatrices envers la musique continuent en outre de résonner dans la région. Abdul Latif, 24 ans, cache ainsi son amour pour le rubab à sa famille, qui considère que cet instrument dissone avec l’islam.

« Cela fait partie de la culture pachtoune, mais je pense que ma famille n’en est pas consciente », observe-t-il.

Pour des musiciens comme Gulzar Alam, forcés de fuir, les dégâts sont plus profonds.

« Il faut beaucoup de temps pour libérer l’esprit ou le cerveau des artistes de la peur », explique-t-il depuis Kaboul, qu’il cherche à quitter pour vivre en réfugié dans un pays occidental.

« On peut changer la politique d’un gouvernement d’un simple coup de crayon, cela ne prend pas beaucoup de temps », remarque le député Haider Ali Khan. « Mais changer l’état d’esprit que vous avez forgé en deux ou trois décennies, ce n’est pas facile », dit-il.

Haïti: le Premier ministre fustige des policiers ayant provoqué des incendies

Le Premier ministre démissionnaire haïtien Jean-Michel Lapin a fustigé mardi les policiers qui ont incendié les stands du carnaval à Port-au-Prince, dénonçant des « actes barbares » qui « ne cadrent pas avec la démocratie ».

Lundi soir, à l’issue d’une manifestation de policiers, des incendies ont ravagé la quasi-totalité des stands construits sur la place du champ de Mars, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. Le carnaval national est prévu les 23, 24 et 25 février.

« Le comportement de ce groupe de citoyens, ces policiers et policières, a placé la population qui était là dans une situation difficile car ils ont (procédé à) des tirs et ont incendié des biens publics », a dit M. Lapin à la presse mardi.

« Ces actes barbares, illégaux, inadmissibles et indignes du policier, viennent rappeler la violence aveugle des extrémistes et des terroristes », a-t-il ensuite dénoncé dans un communiqué.

Devant la presse, le Premier ministre démissionnaire a toutefois reconnu comme « justes » les revendications des policiers concernant la revalorisation de leurs salaires, primes de risques et assurances.

Depuis plusieurs mois, les agents de la police nationale d’Haïti réclament le droit de former un syndicat qui assurerait la transparence dans les négociations avec leur hiérarchie.

Des voix se sont élevées dans la société civile haïtienne pour appeler à l’annulation du carnaval, au regard des immenses difficultés auxquelles le pays fait face.

Mais le chef du gouvernement intérimaire a assuré que les festivités se tiendraient aux dates prévues, et sur le parcours traditionnel.

« L’Etat a la responsabilité de respecter chaque droit fondamental, ce qui veut dire qu’il est de la responsabilité de l’Etat de porter des loisirs et réjouissances à tout le monde », a lancé M. Lapin.

Depuis le début de l’année, Haïti enregistre une recrudescence des enlèvements contre rançon, qui s’ajoutent aux luttes entre bandes armées qui empêchent régulièrement la circulation sur les principaux axes routiers du pays.

Par ailleurs, aucune issue n’a encore été trouvée à la crise politique qui paralyse le pays depuis plus d’un an.

Haïti n’a ainsi pas de cabinet ministériel opérationnel. M. Lapin, nommé en mars 2019, a présenté sa démission l’été dernier.

Et face à l’appauvrissement de la population, accélérée par une inflation de plus de 20%, l’opposition réclame toujours la démission du président Jovenel Moïse, impliqué « dans un stratagème de détournements de fonds » selon la Cour des comptes.

Au Cachemire indien, le parcours du combattant de patients et médecins

Sanaullah Dar allait être opéré d’urgence pour ôter une tumeur dans sa vessie lorsque l’Inde a soudain bouclé le Cachemire indien, coupant les communications et restreignant les déplacements. Quatre mois plus tard, il était mort.

En raison du couvre-feu, décrété début août lorsque le gouvernement indien a révoqué le statut d’autonomie de cette région, théâtre d’une insurrection séparatiste, la famille de cet habitant du Cachemire n’a pu organiser son opération chirurgicale à Bombay. Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée incapable de contacter l’hôpital, situé à 1.700 kilomètres de leur vallée himalayenne.

Lorsque ses proches ont finalement réussi à l’amener à un hôpital à Delhi fin octobre, il était déjà trop tard. Le patient est décédé une semaine après être rentré chez lui.

« La coupure des communications était un gros problème, à cause duquel nous n’avons pas pu lui obtenir de traitement adéquat à temps », raconte à l’AFP son neveu Sajjad.

Omar, un oncologiste du Cachemire qui s’est occupé de ce malade et a souhaité n’être identifié que par son prénom, estime que l’opération chirurgicale « aurait probablement pu sauver » Sanaullah Dar si elle avait été réalisée à temps.

Ce dernier n’est pas le seul patient à mourir au Cachemire en raison de l’impossibilité d’accès aux soins, dit le médecin à l’AFP, indiquant avoir entendu d’autres confrères des récits de décès de patients dus au confinement imposé par les autorités indiennes.

Après des mois de restrictions draconiennes destinées à éviter un soulèvement de cette région à majorité musulmane, New Delhi a progressivement assoupli les mesures mises en place à l’occasion de cette révocation controversée décidée par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi.

Les réseaux de téléphonie mobile ont été rétablis et les interdictions de déplacements assouplies. L’accès à internet a été partiellement restauré fin janvier, mais les utilisateurs ne peuvent accéder qu’à une liste réduite de sites approuvés par le gouvernement.

– Se procurer des médicaments –

Malgré cela, la vie reste compliquée pour médecins et patients.

Les données mobiles sont toujours limitées à la 2G et la connexion extrêmement lente, empêchant de mener des consultations à distance normalement très pratiquées. Réseaux sociaux et applications de messagerie restent bloqués.

Omar est membre d’un groupe WhatsApp de cardiologues internationaux qui a permis de détecter 1.600 anomalies cardiaques chez des patients au Cachemire durant les dix-huit mois qui ont précédé le couvre-feu d’août, en se partageant et analysant plus de 50.000 électrocardiogrammes urgents.

« Je n’ai plus accès à quoi que ce soit d’importance », explique-t-il, se retrouvant incapable de suivre les dernières avancées de sa science et d’échanger avec ses confrères à travers le monde. « La clé dans la santé est d’être à jour », dit-il.

Dans les hôpitaux et universités, seul le personnel administratif a accès au haut débit, privant les docteurs de faire des recherches sur internet pour diagnostiquer et traiter leurs malades.

Les patients souffrant de maladies chroniques ou graves sont aussi confrontés à des difficultés pour se procurer des médicaments vitaux.

Abdul Rahim Langoo, propriétaire d’un bateau-maison à Srinagar, touché par une forme rare de cancer, a cru qu’il allait mourir lorsque la ligne avec son fournisseur de médicaments à New Delhi a été coupée en août. Même depuis le rétablissement des communications, ce Cachemiri de 57 ans peine à lui envoyer sa prescription par internet, document nécessaire pour passer la commande.

Avec la chute brutale de la fréquentation touristique depuis l’été, son chiffre d’affaires a dégringolé et il n’a pas les moyens de se payer un vol pour la capitale, à 650 kilomètres de chez lui.

« Je suis dans le tourisme et depuis août il n’y a pas de tourisme, nous n’avons pas de revenus », déclare-t-il à l’AFP, assis dans son bateau délicatement décoré mais désespérément vide sur un lac de Srinagar.

« J’ai du mal à joindre les deux bouts pour pouvoir acheter ce médicament chaque mois », confie-t-il.

Haro sur Bloomberg: le milliardaire attendu au tournant pour son premier débat démocrate

Accusé par ses rivaux d’avoir « acheté » sa place dans la présidentielle américaine, traité de « milliardaire égocentrique », Michael Bloomberg devrait faire face mercredi au feu croisé des autres candidats à l’investiture démocrate lors de son premier débat télévisé de la campagne.

Le débat démocrate, organisé dans la soirée à Las Vegas, dans le Nevada (02H00 GMT jeudi), promet d’être houleux entre les candidats qui espèrent défier le républicain Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

Neuvième homme le plus riche du monde en 2019 selon Forbes, Michael Bloomberg se présente en candidat capable de rassembler au centre. L’ancien maire de New York et patron de l’agence Bloomberg finance sa candidature à coup de centaines de millions de dollars tirés de ses fonds personnels.

« J’ai quelque chose à dire à M. Bloomberg: les Américains en ont assez que des milliardaires achètent les élections », a lancé ce week-end le sénateur indépendant Bernie Sanders, favori dans les sondages pour les primaires démocrates.

« C’est une honte que Mike Bloomberg puisse acheter sa place dans les débats », a renchéri mardi la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, en le qualifiant de « milliardaire égocentrique ».

– Plus de 300 millions de dollars –

Sans s’être encore présenté à une seule primaire, Michael Bloomberg a grimpé à la troisième place – sur huit candidats en lice – de la moyenne des sondages nationaux, derrière Bernie Sanders et l’ancien vice-président modéré Joe Biden.

Ce dernier jouera gros lors du débat, après deux revers lors des votes de l’Iowa et du New Hampshire.

Egalement en perte de vitesse, Elizabeth Warren arrive quatrième, suivie par deux modérés qui ont, au contraire, le vent en poupe depuis ces scrutins: l’ex-maire de South Bend Pete Buttigieg puis la sénatrice Amy Klobuchar.

Après une entrée très tardive dans la campagne, en novembre, M. Bloomberg a opté pour une stratégie rarissime dans l’histoire des primaires américaines: faire l’impasse sur les quatre premiers Etats qui votent en février (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud).

A 78 ans, il entrera donc dans la course lors du « Super Tuesday » du 3 mars, lorsque les 14 prochains Etats voteront.

En tablant sur ces Etats riches en « délégués », Michael Bloomberg pense pouvoir compenser son retard. Car c’est celui, ou celle, qui obtiendra une majorité de délégués (1.991) qui décrochera l’investiture du parti.

Disposant d’une fortune personnelle estimée par Forbes à environ 60 milliards de dollars, il a déjà dépensé plus de 300 millions en spots publicitaires qui tournent en boucle.

Michael Bloomberg y souligne son engagement pour la lutte contre le changement climatique et contre les violences par armes à feu qui font des ravages aux Etats-Unis.

Mais sans convaincre l’aile gauche du parti qui observe avec hostilité cet ancien républicain devenu indépendant avant de passer démocrate.

Les critiques fusent aussi du côté des candidats modérés, qui s’indignent d’anciens propos et politiques de M. Bloomberg, perçus comme discriminatoires.

L’ancien maire s’est ainsi excusé d’avoir longtemps défendu les interpellations et fouilles arbitraires (« stop-and-frisk »), accusées d’avoir suscité une explosion des contrôles au faciès à New York.

Il met désormais en avant ses propositions censées aider les minorités et a reçu le soutien d’influents élus noirs qui saluent ses excuses et appellent à aller de l’avant.

Chez les électeurs démocrates, un seul objectif prime: choisir le candidat capable de battre Donald Trump le 3 novembre. Et certains voient justement en Michael Bloomberg leur meilleure option.

– Railleries de Trump –

Les deux milliardaires croisent d’ailleurs déjà le fer sur les réseaux sociaux.

Le président républicain surnomme régulièrement le candidat démocrate « Mini Mike », en allusion à sa taille (1,70m). Mardi, il l’a aussi accusé, sans preuve, « d’acheter illégalement l’investiture démocrate ».

M. Bloomberg le lui rend bien, en affirmant que le républicain a peur de l’affronter à la présidentielle. Ce « self-made man » ironise aussi sur la fortune de M. Trump, qu’il « a héritée de son père et mal dépensée ».

Le débat se tient mercredi dans le Nevada car cet Etat de l’Ouest américain organisera samedi le troisième vote des primaires.

Bernie Sanders arrive en tête de la moyenne des rares sondages menés dans le Nevada, suivi par Joe Biden puis Elizabeth Warren et Pete Buttigieg.

Coronavirus: des passagers du paquebot débarquent au Japon, plus de 2.000 morts en Chine

Des passagers du Diamond Princess ont commencé à quitter mercredi au Japon le paquebot où ont été constatés plus de 540 cas de contamination au nouveau coronavirus qui a fait plus de 2.000 morts en Chine.

Quelque 500 passagers ne présentant pas de symptômes, dont les tests se sont révélés négatifs et qui n’ont pas eu de contact avec des personnes porteuses du virus, devaient débarquer pendant la journée, après 14 jours de quarantaine au Japon, selon le ministère japonais de la Santé.

« Je suis soulagé (…). Je veux me reposer », a lancé aux journalistes un Japonais de 77 ans, disant se diriger vers les transports en commun. Et la vie à bord? « C’était confortable (…) je vais bien », a-t-il simplement dit.

Un grand nombre de bus de la ville de Yokohama blancs à pois jaunes ainsi qu’une douzaine de taxis attendaient pour emmener vers leurs destinations respectives les croisiéristes, dont beaucoup roulaient derrière eux leurs bagages.

Certains prenaient le temps de se tourner vers l’immense navire pour faire un dernier signe de la main à ceux restés à bord, lesquels répondaient par grands gestes depuis leurs balcons.

Ce bateau de croisière, à quai à Yokohama dans la banlieue de Tokyo, a vu depuis début février le nombre de personnes contaminées répertoriées se multiplier et est le foyer le plus important du virus hors de Chine. Les porteurs étaient au moins 542 mardi, plaçant le Japon sous le feu des critiques sur la gestion de la quarantaine.

En Chine, d’où est parti le virus, le bilan dépasse 2.000 morts avec plus de 74.000 personnes infectées.

– « L’inconnu » –

Les 3.711 personnes originaires de 56 pays initialement à bord du Diamond Princess ont vu une croisière de rêve en Asie tourner au cauchemar, entre la peur de contracter une pneumonie virale meurtrière et un ennui sans fin confinés dans une cabine, pour certains sans fenêtre avec juste une petite promenade sur le pont.

« Une dernière fois, toute notre reconnaissance à l’équipage et au capitaine pour leur incroyable attention (…) pendant cette crise épique (…). Nous sommes impatients de vous revoir un jour à bord », a tweeté Yardley Wong, confinée avec son fils âgé de six ans.

Les personnes sans symptôme et dont le test est négatif ont reçu un certificat officiel indiquant qu’elles ne constituent « aucun risque d’infection au nouveau coronavirus, ladite personne ne présentant pas non plus de symptômes au moment de l’inspection ».

Le passager britannique David Abel, sorte de célébrité avec ses messages vidéo pleins d’entrain au début de la quarantaine, résumait l’état d’esprit à bord.

« C’est l’inconnu qui est le plus dur et qui commence à nous affecter mentalement », avait-il dit mardi. Il avait annoncé plus tard que le test de son épouse Sally s’était avéré positif.

En dehors de la province chinoise du Hubei (centre), « cette épidémie touche une très petite proportion de la population », avait déclaré lundi le Dr Michael Ryan, directeur des urgences de l’OMS.

La Chine a annoncé mercredi 1.749 nouvelles infections, le nombre le plus bas de cas supplémentaires ce mois-ci.

Quelque 900 cas ont été constatés ailleurs à travers le monde avec cinq décès en France, au Japon, aux Philippines, à Taïwan et à Hong Kong.

– Rapatriements en série –

Sur les douze cas confirmés d’infection en France, seules quatre personnes restaient hospitalisées mardi. Un troisième cas positif a en revanche été diagnostiqué parmi les quatre ressortissants français à bord du Diamond Princess. Les trois autres passagers français, dont l’un de 80 ans, sont hospitalisés au Japon.

Les dizaines de nouveaux cas constatés à bord chaque jour ont soulevé des questions sur l’efficacité de la quarantaine imposée au cours de laquelle les passagers étaient autorisés à se promener en petits groupes sur le pont avec des masques, tandis que le personnel de bord passait de cabine en cabine pour distribuer les repas.

Plusieurs pays ont décidé d’envoyer des avions pour rapatrier leurs ressortissants sans plus attendre.

La première de ces évacuations était celle de plus de 300 Américains dimanche par avion. Plus de 100 Américains demeurent encore sur le Diamond Princess.

La Corée du Sud a affrété un appareil et rapatrié six de ses ressortissants. Le Canada prévoit l’évacuation d’ici la fin de la semaine des Canadiens aux tests négatifs. Sur les 256 Canadiens à bord, 43 ont été confirmés porteurs du virus. Le Royaume-Uni, Hong Kong et l’Australie sont parmi les pays et territoires s’étant engagés à rapatrier leurs ressortissants.

Quant à l’équipage, il entamera une quarantaine une fois le dernier passager sorti.

A la hausse dans les sondages, Michael Bloomberg sera du prochain débat démocrate

Fort d’une poussée dans les sondages, le milliardaire américain Michael Bloomberg, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre, participera mercredi à son premier débat télévisé de la campagne, a annoncé son équipe mardi.

Les attaques de ses rivaux, le favori Bernie Sanders en tête, devraient fuser contre l’ancien maire de New York lors de leur première confrontation télévisée.

Neuvième homme le plus riche de la planète en 2019, Michael Bloomberg a, en s’appuyant sur ses quelque 60 milliards de fortune, secoué la campagne démocrate.

Patron de l’agence Bloomberg News, géant de l’information financière, il est accusé par ses rivaux d’avoir « acheté » sa place dans la campagne grâce à ses immenses moyens, et de risquer le conflit d’intérêts.

A ce propos, un haut conseiller de Michael Bloomberg a indiqué que ce dernier envisageait de vendre sa compagnie, qui emploie quelque 2.700 personnes dans le monde. Dans un entretien diffusé mardi sur CNN, le conseiller, Tim O’Brien, n’a toutefois pas précisé s’il le ferait en cas de victoire à la présidentielle américaine ou dès une éventuelle investiture démocrate.

« Mike publiera ses déclarations d’impôts. Mike Bloomberg vendra aussi Bloomberg LP. Il n’y aura aucune confusion autour de ses biens financiers », a assuré M. O’Brien.

En 2018, M. Bloomberg avait expliqué que dans le cas où il serait élu, il placerait ses sociétés dans un trust confié à une personne de confiance, ou cèderait son entreprise.

Le milliardaire a fait le pari d’une entrée tardive dans la campagne présidentielle, en novembre, mais a compensé son retard avec déjà plus de 300 millions de dollars d’investissements en spots publicitaires.

L’avalanche publicitaire du candidat de 78 ans a déjà eu un impact frappant: il a grimpé à la troisième place de la moyenne des sondages nationaux établie par RealClearPolitics.

Michael Bloomberg arrive même en deuxième place de deux nouveaux sondages publiés mardi.

Dans une enquête menée par NPR/PBS/Marist, M. Bloomberg devance l’ancien vice-président Joe Biden (15%), en nette perte de vitesse après avoir longtemps caracolé en tête des sondages.

Le sénateur indépendant Bernie Sanders assoit lui son statut de favori en creusant nettement l’écart, avec 31% des intentions de vote dans cette étude.

Un deuxième sondage mené pour Reuters par Ipsos le situe également en seconde position avec 17%, derrière Bernie Sanders (25%) mais devant Joe Biden (13%).

– Battre Trump –

Délaissant les premiers Etats des primaires démocrates, peu pourvus en délégués, Michael Bloomberg mise sur une entrée dans la course au moment du « Super Tuesday » le 3 mars, lors duquel 14 Etats voteront.

Huit candidats sont toujours en lice pour affronter le président Donald Trump le 3 novembre. C’est celui ou celle qui obtiendra une majorité de délégués (1.991) qui représentera le parti démocrate face au milliardaire républicain.

Le parti démocrate a modifié les règles pour le débat de mercredi.

Plus besoin désormais d’afficher le soutien de milliers de petits donateurs, seuls les sondages et le nombre de délégués déjà décrochés par les candidats comptent. Ce qui a ouvert la porte à M. Bloomberg, qui finance lui-même sa campagne.

« Mike a hâte de rejoindre les autres candidats démocrates sur scène et d’expliquer pourquoi il est le meilleur candidat pour battre Donald Trump et unifier le pays », a indiqué mardi son directeur de campagne Kevin Sheekey.

Mais cette volte-face a été critiquée par les autres candidats à l’investiture, qui accusent Michael Bloomberg d’avoir « acheté » son entrée dans les primaires.

Ce débat démocrate aura lieu à Las Vegas, dans le Nevada, où sera organisé samedi le troisième vote des primaires.

Climat, malbouffe… « Menace immédiate » pour la santé de tous les enfants, alerte l’ONU

Dérèglement climatique, malbouffe, marketing des fabricants de tabac… La santé des enfants fait partout face à une « menace immédiate » et aucun pays dans le monde ne protège leur avenir de façon satisfaisante, avertit l’Organisation des Nations unies (ONU).

Des avancées ont été réalisées au cours des 20 dernières années dans le domaine de la santé des enfants et des adolescents, mais « ces progrès sont aujourd’hui au point mort » voire « menacés », estiment les auteurs d’un rapport publié mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet.

Pour parvenir à cette conclusion sévère, ce groupe de 40 experts indépendants en santé infantile du monde entier, convoqués par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef, a construit un nouvel indice mesurant la possibilité des enfants de s’épanouir, à partir des données de 180 pays (indicateurs de mortalité, d’état de santé, de nutrition, d’éducation…).

Sans surprise, ce sont des pays riches qui arrivent en tête avec la Norvège en première position, suivie par la Corée du Sud, les Pays-Bas et la France. Inversement, le bas du classement est occupé par des pays d’Afrique subsaharienne: République centrafricaine, Tchad, Somalie et Niger.

Mais les auteurs du rapport, intitulé « Un avenir pour les enfants du monde? », mettent en regard de ce classement des mesures de « durabilité » (évolution des émissions de CO2, inégalités de revenus…) et soulignent que « si beaucoup de pays à haut revenu ont un très bon score à l’index d’épanouissement, ils sont proches du bas du classement pour leur contribution à la durabilité écologique ».

Quant aux pays les plus pauvres, si leurs émissions de gaz à effet de serre sont parmi les plus faibles, « beaucoup sont exposés aux effets les plus sévères d’un changement climatique rapide ».

– « Pratiques commerciales néfastes » –

Seuls neufs pays sont à la fois en mesure d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 par habitant fixés pour 2030 tout en étant situés dans les 70 meilleurs scores pour l’index d’épanouissement: l’Albanie, l’Arménie, la Grenade, la Jordanie, la Moldavie, le Sri Lanka, la Tunisie, l’Uruguay et le Vietnam.

« Les pays doivent revoir leur approche de la santé des enfants et des adolescents en faisant en sorte, non seulement de prendre soin d’eux aujourd’hui, mais en protégeant le monde dont ils hériteront », souligne Helen Clark, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande et co-présidente de la commission d’experts convoquée par l’OMS et l’Unicef.

Parmi les menaces pesant sur la santé des générations futures, le rapport évoque en premier lieu la pollution de l’air et l' »intensification des menaces climatiques ».

« Si le réchauffement climatique dépasse 4°C d’ici 2100 comme le prévoient les projections actuelles, cela entraînera des conséquences sanitaires désastreuses pour les enfants, en raison de la hausse du niveau des océans, des vagues de chaleur, de la prolifération de maladies telles que le paludisme et la dengue, ainsi que de la malnutrition ».

Les experts dénoncent aussi des « pratiques commerciales néfastes » pour la santé des enfants, exposés au marketing de marques d’aliments ultra-transformés, de boissons sucrées, d’alcool, de cigarettes électroniques ou de tabac.

De nombreuses études montrent que « l’auto-régulation par les industriels ne fonctionne pas », souligne Anthony Costello, pédiatre et ancien directeur de l’Institute for Global Health (Royaume-Uni), évoquant l’exposition aux publicités pour l’alcool pendant les rencontres sportives et l’explosion de l’obésité infantile et adolescente, multipliée par 11 entre 1975 et 2016.

Aussi, ils appellent les gouvernements nationaux à durcir leur réglementation en la matière.

Ils leur recommandent également de s’attaquer « avec la plus grande urgence » aux émissions de CO2 pour « faire en sorte que les enfants aient un avenir sur cette planète », de prendre en compte la voix des plus jeunes dans les décisions politiques et d’évaluer systématiquement les effets de ces décisions sur la santé infantile.

A Pompéi, des thermes romains tirés de l’oubli avec un petit squelette…

Des thermes romains conçus pour être le joyau de Pompéi mais détruits par l’éruption volcanique de l’an 79 ont été ouverts lundi au public, qui a aussi pu découvrir l’émouvante histoire d’un petit squelette…

Piliers et blocs de marbre se trouvent là où ils ont été laissés lorsque la cité antique fut submergée par les coulées pyroclastiques du Vésuve pendant la catastrophe.

Il en est de même du squelette d’un enfant qui y avait cherché refuge en vain et a été sorti de l’oubli par la dernière campagne de fouilles.

Les architectes de l’époque « s’étaient inspirés des thermes de l’empereur Néron à Rome, les salles devaient être plus grandes et plus légères, avec des bassins de marbre », a déclaré à l’AFP le directeur du site archéologique de Pompéi, Massimo Osanna.

« Ce furent des fouilles chargées d’émotion », a déclaré pour sa part Alberta Martellone, l’archéologue qui a dirigé un anthropologue, un géologue et un vulcanologue dans l’étude du squelette de l’enfant, mort entre huit et dix ans.

« Il ou elle cherchait un abri et au lieu de cela a trouvé la mort », raconte-t-elle.

– « Vie interrompue » –

Ces fouilles ont aussi été « émouvantes d’un point de vue architectural, parce qu’il est inhabituel de trouver un bâtiment aussi grand, avec des pièces aussi vastes, dans cette ville construite de manière si dense », explique l’archéologue.

Le chantier avec son petit squelette est « le symbole d’une vie interrompue ».

A l’origine, les bains publics de la ville étaient plus petits, sombres et souvent surpeuplés. Le nouveau complexe aurait fourni un cadre plus luxueux à ceux qui en avaient les moyens, à savoir la plupart des citoyens, mais pas les esclaves.

Des fouilles récentes à Pompéi ont abouti à plusieurs découvertes importantes, y compris une inscription découverte l’an passé qui prouve que la cité a été détruite après le 17 octobre 79 et non le 24 août comme on le pensait jusque-là.

Il y a quelques semaines, les archéologues ont découvert une fresque représentant un gladiateur en armure se tenant debout victorieux alors que du corps de son adversaire terrassé jaillissait le sang.

La fresque se trouve dans ce qui était, il y a 20 siècles, une taverne qui devait accueillir combattants et prostituées.

En plus des thermes, le public peut depuis lundi visiter une petite domus (demeure) avec une fresque représentant l’union du dieu Jupiter transformé en cygne et Léda, l’épouse de l’épouse de Tyndare roi de Sparte.

De l’autre côté de la rue du Vésuve, la surprenante Maison des cupidons d’or a rouvert ses portes après des travaux réalisés sur ses sols en mosaïque.

– Le défi du climat –

Alors que les chasseurs de trésors ont pillé Pompéi à travers les siècles à la recherche de bijoux ou d’objets précieux, des zones entières du site restent aujourd’hui encore inexplorées.

Chaque découverte aide les historiens à comprendre non seulement ce qu’était la vie dans l’antique cité, mais aussi ce qui s’est passé dans ses dernières heures tragiques, lorsque le ciel s’est chargé de feu et de cendres, a expliqué Massimo Osanna.

Le projet Grand Pompéi, financé en partie par l’UE, s’achèvera à la fin de l’année, mais le gouvernement italien a alloué 32 millions d’euros pour la poursuite des fouilles.

Les événements météorologiques violents causés par le changement climatique « sont notre plus grand défi », a ajouté M. Osanna, dont le nouveau livre « Pompéi, il tempo ritrovato » (Pompeï le temps retrouvé, Rizzoli) décrit la course pour préserver ce site vulnérable inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

« Nous avons 50 personnes – restaurateurs, archéologues, architectes, ingénieurs – sur place en permanence, qui effectuent des inspections et interviennent si nécessaire, et ce nombre passera à 70 l’année prochaine », a-t-il précisé.

La cité de ruines, près de Naples, est le deuxième site touristique le plus visité d’Italie, derrière le Colisée de Rome, avec un peu moins de quatre millions de visiteurs en 2019.