Qui était l’opposant russe Nemtsov, assassiné il y a cinq ans

Abattu il y a cinq ans près du Kremlin, l’opposant russe Boris Nemtsov est devenu un symbole de ralliement pour les voix critiques du Kremlin, dont les partisans célèbrent sa mémoire par une manifestation samedi.

– Charismatique opposant

Incarnant la génération des jeunes réformateurs des années 1990, il a d’abord servi comme gouverneur de la région de Nijni-Novgorod avant de devenir en 1997 vice-Premier ministre du président d’alors, Boris Eltsine.

Nemtsov, qui quitte le gouvernement avec la dévastatrice crise économique de 1998, fut envisagé par Eltsine comme un dauphin potentiel, avant de finalement lui préférer Vladimir Poutine.

Après l’arrivée au pouvoir de Poutine en 2000, Boris Nemtsov rejoint les rangs des critiques du nouveau président et devient notamment l’un des chefs de file de la vague de contestation de 2011-2012.

Plusieurs fois interpellé, perquisitionné et mis sur écoute, il s’était spécialisé dans les enquêtes sur la corruption dans les hautes sphères de l’Etat.

– Abattu au coeur de Moscou

Boris Nemtsov a été abattu à 55 ans de plusieurs balles le soir du 27 février 2015, sur un pont à deux pas du Kremlin, siège du pouvoir russe. Sa mort provoque la stupeur.

Bien que plutôt en retrait de la vie publique depuis quelque temps, il avait appelé le jour même de son assassinat à participer à une manifestation contre la guerre en Ukraine, qui a éclaté l’année précédente entre forces de Kiev et séparatistes pro-russes.

Selon ses alliés politiques, il préparait également un dossier prouvant l’implication massive dans ce conflit de troupes régulières russes, ce que Moscou a toujours nié malgré les constatations de nombreuses organisations et médias dont l’AFP.

Deux semaines après le meurtre, cinq suspects sont arrêtés. Tous sont originaires des républiques du Caucase russe et seront condamnés en 2017 à des peines de 11 à 20 ans de prison.

L’enquête estime que Boris Nemtsov a été assassiné pour ses critiques de l’Islam. Le commanditaire est identifié comme Rouslan Gueremeïev, commandant d’une unité militaire tchétchène. Il n’est jamais arrêté et est considéré en fuite à l’étranger.

L’opposition russe ne croit guère à cette thèse, jugeant plus probable que l’assassinat a été ordonné par le dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov ou son entourage. Les opposants russes l’accusent d’être impliqué dans les morts de plusieurs de ses détracteurs.

– Symbole

La mort de Nemtsov a profondément marqué l’opposition au Kremlin qui organise autour de l’anniversaire de son assassinat l’un de ses plus importants rassemblements chaque année.

Ses partisans entretiennent jour après jour un mémorial de fortune sur le pont où il a été tué et que la mairie de Moscou a plusieurs fois tenté de débarrasser. Aucune plaque commémorative officielle n’a été installée.

De nombreux pays occidentaux ont eux rendu hommage à l’opposant de diverses manières. A Washington, la rue passant devant l’ambassade russe a été baptisée Boris Nemtsov, suscitant la colère de Moscou.

Ce mois-ci, Prague a fait de même avec la place faisant face à la représentation diplomatique russe en République tchèque.

Réagissant à cette décision, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé que la Russie « aurait préféré » que les autorités tchèques rendent hommage aux forces soviétiques ayant vaincu les Nazis en Europe centrale et orientale il y a 75 ans.

L’opposition russe défile contre Poutine

L’opposition russe doit manifester samedi à Moscou contre les réformes constitutionnelles voulues par le président Vladimir Poutine et en mémoire de l’opposant Boris Nemtsov, assassiné il y a cinq ans aux pieds du Kremlin.

Il s’agira de la première manifestation d’ampleur depuis l’annonce de la vaste révision constitutionnelle voulue par le président russe et depuis le mouvement de protestation en faveur d’élections libres qui a secoué Moscou à l’été 2019 et qui avait été fermement réprimé par les autorités.

Elle commémorera également la mort de Boris Nemtsov, l’une des principales voix anti-Poutine jusqu’à son assassinat en février 2015. Cinq exécutants ont été condamnés, mais le commanditaire est resté introuvable.

« Le Kremlin va regarder combien de gens participent à la marche pour Nemtsov. De cela dépendra avec quel niveau de cynisme ils continueront l’opération destinée à maintenir Poutine au pouvoir », écrivait mardi sur Twitter l’opposant numéro 1 au Kremlin, Alexeï Navalny, appelant ses partisans à rejoindre le défilé.

Autorisée par les autorités, la marche de samedi est la première manifestation d’importance depuis que Vladimir Poutine a annoncé une révision constitutionnelle qui renforcera plusieurs prérogatives du président et musclera le rôle du Conseil d’Etat, un organe jusqu’alors consultatif.

Pour beaucoup d’analystes, Vladimir Poutine organise avec cette réforme l’après 2024, en se laissant le maximum de portes ouvertes pour préserver son influence, pérenniser le système qu’il a bâti en 20 ans au pouvoir, alors qu’il doit quitter les fonctions présidentielles puisqu’il ne pourra pas se représenter.

« Je vais aller à la marche (…) car c’est l’une des seules possibilités de se réunir avec ceux qui vous sont idéologiquement proches et sentir que tout n’est pas sans espoir », a indiqué à l’AFP Viktoria Popova, artiste de 30 ans.

– « Rester pour toujours » –

Un des organisateurs de la marche, l’opposant Ilia Iachine, a indiqué qu’elle était une façon de rappeler au président Poutine qu’il ne peut pas rester au pouvoir éternellement.

« Il y a des moments où vous ne pouvez pas juste rester à la maison (…) Poutine ne peut pas rester au pouvoir pour toujours, il est temps de le lui rappeler », a-t-il déclaré.

Selon un récent sondage du centre indépendant Levada, seul 25% des Russes sont prêts à voter en faveur des changements constitutionnels voulus par Vladimir Poutine, tandis que 65% disent ne pas comprendre ce qu’ils signifient. Les sondés sont plus divisés que jamais sur l’avenir du président: 44% veulent le voir quitter le pouvoir après 2024, 45% veulent le voir rester.

L’assassinat par balles de Boris Nemtsov en février 2015 avait, lui, provoqué une onde de choc dans la société russe comme à l’étranger, les appels à retrouver les auteurs et les commanditaires se multipliant sur fond de soupçons d’implication des autorités russes.

L’opposant, qui incarnait la génération des jeunes réformateurs des années 1990, avait servi dans le gouvernement de Boris Eltsine avant de devenir un virulent critique du président Vladimir Poutine. Il préparait au moment de sa mort une enquête sur l’implication de l’armée russe dans la guerre dans l’est de l’Ukraine, qui a fait plus de 13.000 morts depuis son déclenchement en 2014.

En 2017, cinq hommes originaires des républiques russes de Tchétchénie et d’Ingouchie ont été condamnés pour son meurtre à des peines de 11 à 20 ans de prison.

L’enquête officielle estime que l’opposant a été assassiné pour ses critiques de l’Islam, mais elle est mise en doute par l’opposition, qui soupçonne une implication de l’autoritaire dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, déjà mis en cause dans d’autres assassinats d’opposants et de journalistes.

Le commanditaire présumé a été identifié par les enquêteurs comme un certain Rouslan Gueremeïev, commandant d’une unité militaire tchétchène. Jamais arrêté, il aurait fui à l’étranger.

L’Union européenne et Alexeï Navalny ont appelé les autorités russes à rouvrir l’enquête.

Les Slovaques votent aux législatives, avant tout contre la corruption

Les Slovaques votent samedi pour renouveler leur parlement dans l’espoir de réduire la corruption, imputée notamment aux populistes du gouvernement sortant, cet objectif étant devenu priorité nationale après le meurtre d’un journaliste d’investigation en 2018.

L’assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova, dont un riche entrepreneur lié à des hommes politiques est accusé d’être commanditaire, a mobilisé l’opinion.

Aussi, la plupart des sondages indiquent-ils que le parti populiste de gauche Smer-SD, actuellement au pouvoir, durement touché, pourrait se retrouver à égalité avec OLaNO, un parti d’opposition de centre droit, dont le combat contre la corruption est le principal mot d’ordre rassembleur.

Selon un sondage de l’institut AKO-Focus, publié cette semaine en République Tchèque voisine pour contourner le silence radio imposé en Slovaquie, OLaNO dépasserait même le Smer-SD de 3,5% des intentions de vote.

« Cet Etat mafieux doit se donner une nouvelle direction », a dit vendredi à l’AFP Dasa Hankova, une vendeuse de Bratislava d’âge moyen. Sa voix ira au chef d’OLaNO, Igor Matovic.

– « Aspiration à la décence » –

« Il s’efforcera de mettre fin à la corruption, c’est la question la plus importante aujourd’hui », a-t-elle ajouté.

Un analyste politique basé à Bratislava, Radoslav Stefancik exprime une opinion similaire : « Cette élection traduit avant tout l’aspiration à la décence en politique ».

« Au lieu de manifester dans les rues contre le parti au pouvoir Smer-SD, les gens le feront dans les bureaux de vote », a-t-il dit à l’AFP.

Le double assassinat avait déclenché en 2018 les plus importantes manifestations contre le gouvernement depuis l’époque communiste. Le Premier ministre d’alors Robert Fico avait été contraint de démissionner, laissant son poste à un proche, Peter Pellegrini.

Le mouvement d’opinion a également propulsé Zuzana Caputova, une avocate libérale et militante anti-corruption peu connue, à la présidence du pays.

Selon l’analyste politique Grigorij Maseznikov, le meurtre du journaliste « a reconfiguré toute la scène politique, avec l’émergence de nouveaux partis libéraux et démocratiques qui ont immédiatement obtenu du soutien ».

« Le scénario le plus probable est la création d’une coalition gouvernementale de centre droit pro-démocratie de six ou même sept partis », ajoute le politologue.

Jurant de partir en guerre contre la démoralisation dès son arrivée au pouvoir, le chef d’OLaNO Igor Matovic semble avoir galvanisé l’indignation du public contre le meurtre de Kuciak et la corruption à haut niveau révélée par l’enquête.

Devenu millionnaire par ses propres moyens, cet ancien patron de presse de 46 ans ayant fondé OLaNO (Gens ordinaires et personnalités indépendantes) il y a une dizaine d’années pourrait prendre la tête du gouvernement s’il parvient à unifier une opposition fragmentée.

– Montée de l’extrême droite –

M. Fico, qui est toujours patron du Smer-SD, a exclu de former une coalition avec le parti d’extrême droite Notre Slovaquie LSNS de Marian Kotleba. Mais il a fait cause commune avec lui il y a quelques jours au parlement pour voter une loi offrant un 13e mois aux retraités, aussitôt dénoncée comme électoraliste par ses adversaires.

« Je voterai pour Fico, c’est un vrai leader. L’opposition fait plein de promesses, mais, dites-moi, qui a fait quelque chose pour la Slovaquie ? » a déclaré à l’AFP Jaroslav, un retraité sexagénaire de Bratislava, préférant de ne pas donner son nom de famille.

De son côté, le LSNS, qui se présente comme un parti anti-élites et affiche son inimitié à l’égard de la minorité Rom, dénonçant les allocations qu’elle perçoit, pourrait porter de dix à vingt le nombre de ses sièges dans la chambre unique.

Son chef Marian Kotleba, 42 ans, ancien gouverneur de la région de Banska Bystrica, est actuellement poursuivi en justice pour incitation à la haine, mais de telles accusations contre lui n’ont jamais abouti dans le passé.

« Eux (les Roms) reçoivent tout gratuitement », a dit Jozef Mikus, un ancien ouvrier d’usine, lors d’un meeting récent du LSNS à Topolcany, une petite ville dans l’ouest de la Slovaquie.

Favorable à la Russie, hostile à l’UE, Kotleba voudrait que la Slovaquie quitte l’Otan.

Les bureaux de vote ouvrent à 6H00 GMT et fermeront à 21H00 GMT. Des sondages sortie des urnes devraient indiquer peu après l’orientation de ce scrutin auquel participent 25 partis politiques. Moins que dix devraient entrer au parlement.

Bain de foule pour Carles Puigdemont aux portes de l’Espagne

L’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique après la tentative de sécession de 2017, va rassembler samedi des dizaines de milliers de partisans à Perpignan, dans le sud de la France près de la Catalogne où le contexte politique est sensible.

C’est la première fois que l’ancien président régional catalan se rend ainsi aux portes de l’Espagne depuis son départ à Bruxelles pour échapper aux poursuites de la justice espagnole qui a condamné en octobre à la prison pour sédition plusieurs anciens membres de son gouvernement régional.

Jusqu’à l’obtention récente, à la suite d’une longue bataille judiciaire de son immunité d’eurodéputé, M. Puigdemont ne s’était pas risqué à faire le voyage en France, pays dont la collaboration policière et judiciaire est étroite avec Madrid.

Maintenant qu’il ne risque plus l’extradition, les indépendantistes catalans vont lui offrir un bain de foule dans cette ville du sud de la France toute proche de la frontière et que les indépendantistes catalans considèrent comme la capitale de la « Catalogne nord ».

Les organisateurs ont réservé 600 bus et estiment qu’entre 70.000 et 100.000 militants séparatistes feront le déplacement d’Espagne pour ce meeting qui doit commencer à 12H00 (11H00 GMT) sur l’esplanade du parc des expositions de Perpignan.

– « A la maison » –

« Pour moi, c’est comme être à la maison », a confié mercredi M. Puigdemont au quotidien La dépêche du Midi.

La principale figure de la tentative de sécession de 2017 sera reçue samedi par le maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol, et par la présidente du département des Pyrénées-Orientales, Hermeline Malherbe, après avoir assisté vendredi à un match de l’équipe de rugby locale, porte-drapeau de l’identité catalane.

Des réceptions dénoncées par l’ancien Premier ministre français Manuel Valls, candidat malheureux l’an dernier à la mairie de Barcelone, sa ville natale.

« Des élus de tous bords vont recevoir en grande pompe à Perpignan un dirigeant politique qui a fui l’Espagne et qui est poursuivi par la justice d’un Etat de droit. Cet indépendantiste qui n’a rien d’un progressiste affirme venir en « Catalogne-nord » et non pas en France », a-t-il dit sur Twitter en critiquant un « électoralisme à la petite semaine » et une « absence de respect du pays voisin ».

– Contexte sensible en Catalogne –

Ce meeting de Carles Puigdemont intervient dans un contexte politique sensible en Catalogne.

Son successeur à la tête du gouvernement régional, Quim Torra, a en effet annoncé fin janvier la tenue prochaine d’élections régionales anticipées en raison des tensions entre les deux partis séparatistes contrôlant la région: Ensemble pour la Catalogne (JxC) de M. Puigdemont et Gauche Républicaine de Catalogne de son ancien numéro deux Oriol Junqueras (ERC), condamné à 13 ans de prison pour la tentative de sécession.

Ces tensions découlent des divergences stratégiques entre ces deux formations, ERC étant favorable à un dialogue avec le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez tandis que JxC prône toujours la désobéissance.

Ce dialogue, fixé par ERC comme une condition à son appui à M. Sanchez au parlement, vient de commencer mercredi à Madrid entre le gouvernement central et le gouvernement catalan pour tenter de trouver une solution à ce conflit qui envenime depuis des années la politique en Espagne.

Mais il est vu d’un mauvais oeil par M. Puigdemont et ses partisans. « L’expérience nous conseille résolument de ne pas faire confiance », a affirmé récemment l’ancien président régional qui réclame toutefois d’être un interlocuteur de Madrid dans ces négociations.

Afghanistan: Washington et les talibans à Doha pour signer un accord historique

Les Etats-Unis et les talibans doivent signer samedi à Doha un accord historique qui ouvre la voie à un retrait des troupes américaines après plus de 18 ans de guerre en Afghanistan et à des négociations de paix inédites qui s’annoncent périlleuses.

Le président américain Donald Trump a exhorté vendredi les Afghans à « saisir la chance de la paix ».

« Si les talibans et le gouvernement afghan parviennent à respecter leurs engagements, nous aurons une voie toute tracée pour mettre fin à la guerre en Afghanistan et ramener nos soldats à la maison », a-t-il ajouté.

Le texte négocié pendant un an et demi au Qatar, et que des émissaires américains et rebelles doivent parapher vers 11h00 GMT, n’est pas un accord de paix à proprement parler.

Les autorités afghanes, elles-mêmes aux prises avec les divisions nées d’une élection présidentielle contestée, ont en effet jusqu’ici été tenues à l’écart de ces pourparlers directs sans précédent. Et seule une « réduction de la violence » est prévue à ce stade plutôt qu’un réel cessez-le-feu.

« Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a pourtant assuré à l’approche de la signature le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, tandis qu’un chef des talibans, Sirajuddin Haqqani, affirmait dans le New York Times que « tout le monde » était « fatigué de la guerre ».

– Retrait progressif –

« Il y a tellement de spéculations sur le contenu de l’accord », dit Andrew Watkins, de l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group. « On connaît les grandes lignes mais on ne sait même pas avec certitude si tous les termes de l’accord seront rendus publics. »

Ces contours sont connus depuis septembre, lorsque sa signature, imminente, a été brusquement annulée par Donald Trump qui avait invoqué la mort d’un soldat américain dans un énième attentat à Kaboul.

Cette fois, les belligérants se sont entendus sur une période d’une semaine de « réduction de la violence », globalement respectée sur le terrain, et qui prend fin ce samedi.

Sauf incident de dernière minute, les négociateurs américains, menés par Zalmay Khalilzad, pourront signer ce pacte que le président américain brandira pour clamer, en campagne pour sa réélection dans huit mois, qu’il a tenu une de ses promesses phares: mettre fin à la plus longue guerre des Etats-Unis.

Les termes du marché conclu entre les ennemis est le suivant: l’armée américaine va commencer à se retirer d’Afghanistan, une revendication-clé des talibans, qui en contrepartie s’engageront à bannir tout acte de terrorisme depuis les territoires qu’ils contrôlent et à entamer de véritables négociations de paix avec le gouvernement de Kaboul — avec lequel ils refusaient jusqu’ici de parler.

Malgré les critiques de certains observateurs qui estiment qu’elle concède trop pour trop peu, l’administration Trump assure que les garanties antiterroristes fournies par les insurgés répondent à la raison première de l’intervention américaine, lancée en représailles aux attentats du 11-Septembre 2001 ourdis par Al-Qaïda depuis l’Afghanistan alors dirigé par les talibans.

– « Etape préliminaire » –

Dans un premier temps, les Américains devraient ramener leurs troupes d’environ 13.000 soldats aujourd’hui à 8.600 dans les prochains mois. Le calendrier et l’ampleur des retraits ultérieurs demeurent plus vagues, même si le milliardaire républicain n’a pas fait de mystère sur le fait qu’il veut « ramener les gars à la maison » et « mettre fin aux guerres sans fin ».

Washington insiste toutefois pour assurer que le retrait sera progressif et conditionnel au respect des engagements des talibans.

Quelque 30 pays devraient être représentés samedi à Doha, mais pas le gouvernement afghan qui a toutefois dépêché une petite délégation pour une « première prise de contact » avec les talibans.

Parallèlement, selon des médias afghans, les Etats-Unis organiseront une cérémonie avec le gouvernement afghan à Kaboul, également samedi après-midi.

Après ces cérémonies, des négociations interafghanes devraient ensuite commencer relativement rapidement, dans une ville à déterminer — Oslo a été évoquée par le passé.

« Aujourd’hui, ce n’est qu’une étape préliminaire pour le début de ce processus, ce n’est pas encore un motif de célébration pour le gouvernement et ses alliés », estime Andrew Watkins.

Entre 32.000 et 60.000 civils afghans ont été tués dans ce conflit, selon l’ONU, et plus de 1.900 militaires américains.

Anaïs Demoustier, actrice rayonnante du cinéma français

Anaïs Demoustier, qui a commencé le cinéma jeune, n’en finit pas de s’épanouir à l’écran. Récompensée par un César de la meilleure actrice pour « Alice et le maire », cette rayonnante comédienne de 32 ans y brille en conseillère d’un homme politique désabusé.

Dans ce film de Nicolas Pariser, elle incarne une jeune philosophe normalienne, intellectuelle travailleuse chargée de conseiller le maire de Lyon qui n’a plus d’idées, incarné par Fabrice Luchini.

« Anaïs Demoustier est une actrice extraordinairement douée », a dit d’elle le réalisateur. « Sa grande force est de parvenir à rendre naturel et à habiter n’importe quel texte ».

Avec ce rôle, cette trentenaire au visage parsemé de taches de rousseur complète une filmographie déjà brillante depuis qu’elle a commencé sa carrière au début des années 2000.

Ils lui ont valu plusieurs nominations aux César: deux dans la catégorie du meilleur espoir féminin, pour « Les Grandes personnes » en 2009 et « D’amour et d’eau fraîche » en 2011, et une pour le César du meilleur second rôle pour « La Villa » en 2018, sans qu’elle ait été récompensée jusqu’ici.

La comédienne aux airs sages et au regard rieur s’est imposée au fil de plus de 40 films, sous la direction de cinéastes comme Michael Haneke, Robert Guédiguian, Bertrand Tavernier, Christophe Honoré ou François Ozon.

– cinéma d’auteur –

Née le 29 septembre 1987 à Lille, fille d’un cadre commercial dans la grande distribution et d’une mère au foyer, Anaïs Demoustier a pris des cours de théâtre avant d’être repérée par un directeur de casting à l’adolescence.

Elle n’a pas encore 15 ans quand elle est choisie en 2002 pour jouer la fille d’Isabelle Huppert dans « Le Temps du Loup » de Michael Haneke. « J’ai vraiment eu l’occasion de voir ce que c’était de faire du cinéma. C’est suite à ça que j’ai voulu continuer », racontait-elle à l’AFP en 2015.

« Ça a été une espèce de choc », ajoutait l’actrice, estimant que ce film a aussi « dirigé inévitablement les propositions » qui lui ont été faites « vers un cinéma d’auteur ».

Elle passe son bac et s’inscrit en fac de Lettres avant d’enchaîner les petits rôles, puis de se faire remarquer en 2008 dans « La Belle Personne » de Christophe Honoré, aux côtés de Léa Seydoux et Louis Garrel.

Elle tourne ensuite avec Rébecca Zlotowski (« Belle Epine »), Robert Guédiguian (« Les Neiges du Kilimandjaro », puis « Au fil d’Ariane » et « La Villa », rejoignant sa « famille » de cinéma), Claude Miller (« Thérèse Desqueyroux ») ou Bertrand Tavernier (« Quai d’Orsay »), et remporte en 2011 le Prix Romy-Schneider.

– « dans l’action » –

En 2014, elle est à l’affiche de « Bird People » de Pascale Ferran, « Au Fil d’Ariane » de Robert Guédiguian ou « Une Nouvelle amie » de François Ozon.

L’année suivante, elle met sa fraîcheur au service d’un rôle d’amoureuse dans « A trois on y va » de Jérôme Bonnell – un réalisateur qui loue sa « vaillance », son « courage » et son « énergie » -.

Elle y joue le rôle de Mélodie, « une fille volontaire, qui est dans l’action », décrivait-elle. « C’est un personnage duquel je peux me sentir assez proche. Je suis dans l’action depuis assez longtemps. J’ai commencé à travailler très jeune ».

On la voit ensuite dans « Caprice » d’Emmanuel Mouret où elle incarne une jeune femme excessive éprise d’un instituteur, puis dans « Marguerite et Julien » de Valérie Donzelli, en compétition au Festival de Cannes en 2015, sur l’histoire d’un frère et d’une soeur, exécutés en 1603 pour adultère et inceste, et dans « Les Malheurs de Sophie » de Christophe Honoré.

Ces dernières années, Anaïs Demoustier a joué aussi bien chez le réalisateur de comédies absurdes et décalées Quentin Dupieux (« Au poste! ») que chez Frédéric Tellier (« Sauver ou périr » avec Pierre Niney), Félix Moati (« Deux fils ») ou Robert Guédiguian (« Gloria Mundi »).

Mère d’une petite fille qu’elle a eue avec l’acteur Jérémie Elkaïm, elle est actuellement à l’affiche du film de son frère Stéphane Demoustier « La Fille au bracelet », dans lequel elle incarne une avocate générale très offensive.

Roschdy Zem, un acteur brut devenu incontournable

C’est une figure discrète mais incontournable du 7e Art français. Récompensé vendredi par un César du meilleur acteur pour « Roubaix, une lumière », Roschdy Zem est un acteur brut à la force tranquille, dont le parcours a été jalonné de plus de 80 films, mêlant cinéma d’auteur et populaire.

Nommé trois fois aux César dans la catégorie meilleur second rôle (pour « Ma petite entreprise », « Le Petit lieutenant » et « La Fille de Monaco »), une fois pour le meilleur premier film (« Mauvaise foi ») et une fois pour la meilleure adaptation (« Omar m’a tuer »), il n’avait jamais été récompensé.

Dans le polar sombre d’Arnaud Desplechin « Roubaix, une lumière », l’acteur franco-marocain de 54 ans incarne un commissaire charismatique et sensible, plein d’humanité, à contre-pied des personnages classiques de policiers.

Un rôle qui lui avait déjà permis de décrocher en janvier le Prix Lumière du meilleur acteur, décerné par la presse internationale en France.

« C’était le rôle parfait pour lui », confiait à l’AFP en mai à Cannes Arnaud Desplechin, qui voit en lui « un seigneur » qu’il a « vu grandir de film en film », un homme « très pudique ».

« Lino Ventura a une pudeur qui me bouleverse. Je trouvais que Roschdy avait cette pudeur. Et en le filmant, je me suis dit que ce n’était pas du tout Ventura, c’était Trintignant, parce qu’il a une précision de jeu chirurgicale ».

– Des puces au grand écran –

L’acteur, qui s’est illustré l’an dernier aussi par son rôle de président de la République aux faux airs de Barack Obama, dans la série « Les Sauvages » de Rebecca Zlotowski, s’est imposé tout au long d’une carrière où il a joué des hommes virils, avec de nombreux rôles de flics dans des polars français, mais aussi des personnages complexes, d’hommes mutiques ou écorchés, révélant sa fragilité.

Rien ne le prédisposait pour autant au cinéma. Né le 28 septembre 1965 de parents d’origine marocaine vivant dans un bidonville, qui le placent en famille d’accueil en Belgique jusqu’à ses 5 ans avant de s’installer à Drancy, Roschdy Zem devient d’abord vendeur de chaussures aux puces de Clignancourt.

Il découvre le théâtre seulement à 20 ans, en accompagnant une amie à un cours. Il commence alors à faire des castings et débute au cinéma dans « Les Keufs » de Josiane Balasko, avant « J’embrasse pas » d’André Téchiné, avec qui il travaillera à nouveau dans « Ma saison préférée » et « Alice et Martin ».

Il multiplie ensuite les rôles dans le cinéma d’auteur, se faisant vraiment connaître en veilleur de nuit dans « En avoir ou pas » de Laetitia Masson et surtout en toxicomane dans « N’oublie pas que tu vas mourir » de Xavier Beauvois.

L’acteur à la stature imposante et au visage buriné joue ensuite chez Dominique Cabrera (« L’Autre côté de la mer »), Patrice Chéreau (« Ceux qui m’aiment prendront le train ») ou Pierre Jolivet (« Ma petite entreprise »).

– le prix d' »Indigènes » –

Devenu populaire, on le voit au début des années 2000 dans des films grand public (« Chouchou » de Merzak Allouache, « 36 Quai des Orfèvres » d’Olivier Marchal) ou plus pointus (« Va, vis et deviens » de Radu Mihaileanu, « Le Petit Lieutenant » de Xavier Beauvois), avec des rôles variés, traçant la voie pour d’autres acteurs issus de l’immigration.

L’année 2006 marque un tournant. Grâce à « Indigènes » de Rachid Bouchareb, sur les tirailleurs nord-africains pendant la Deuxième guerre mondiale, il remporte collectivement le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes avec les autres acteurs du film.

Il réalise également cette année-là son premier film comme cinéaste, « Mauvaise foi », sur l’histoire d’amour entre une femme juive et un homme musulman.

Suivront « Omar m’a tuer » (2011), sur l’affaire Omar Raddad, « Bodybuilder » (2014), dans l’univers du culturisme, « Chocolat » (2016), sur le premier clown noir de France, et enfin le polar sombre « Persona non grata » l’an dernier.

Il continue parallèlement sa carrière d’acteur, alliant cinéma d’auteur et populaire, de « La Fille de Monaco » (2008) d’Anne Fontaine au « Jeu » (2018) de Fred Cavayé.

Actuellement à l’affiche de « La Fille au bracelet » de Stéphane Demoustier, il joue en ce moment aussi au théâtre dans « Trahisons » d’Harold Pinter, mis en scène par Michel Fau.

« Conséquences graves » si le coronavirus entre en Corée du Nord, avertit Kim Jong Un

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a averti les principaux responsables du parti unique des « conséquences graves » qu’aurait l’entrée du coronavirus dans le pays, ont rapporté les médias officiels samedi.

Cet Etat pauvre et isolé diplomatiquement, dont le système de santé souffre de sous-équipement et d’obsolescence, a rigoureusement fermé ses frontières pour éviter toute contamination, alors qu’il est entouré par les deux pays les plus touchés au monde, la Chine et la Corée du Sud.

La lutte contre le virus est une « affaire cruciale pour la défense du peuple », qui exige une discipline sans faille, a estimé Kim Jong Un lors d’une réunion du Parti du travail de Corée, selon l’agence de presse KCNA.

« Au cas où la maladie infectieuse qui se répand hors de tout contrôle trouverait le moyen d’entrer dans le pays, cela aurait des conséquences graves », a-t-il souligné.

KCNA a fait état du limogeage de deux vice-présidents, Ri Man Gon and Pak Thae Dok, et de la dissolution d’une cellule du parti, en raison de soupçons de corruption qui auraient pu compromettre les mesures de prévention contre l’épidémie.

« Aucun traitement de faveur ne doit être permis », a insisté Kim Jong Un, qui a ordonné de « fermer hermétiquement tous les canaux et interstices par lesquels la maladie contagieuse pourrait s’infiltrer ».

Pyongyang publie un bilan de zéro cas de Covid-2019, maladie qui a tué plus de 2.800 personnes dans le monde.

La Corée du Nord a pris des mesures parmi les plus radicales au monde: interdiction des touristes étrangers, suspensions des arrivées de trains et vols internationaux, et mise en quarantaine de centaines d’étrangers présents dans le pays.

Avec des messages de promotion de l’hygiène répétés par hauts-parleurs, le confinement des ambassadeurs dans leurs complexes, et des médias d’Etat martelant la nécessité d’une « soumission stricte » aux ordres, ces mesures ont été décrites comme « sans précédent » par des diplomates.

Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est déclaré jeudi prêt à adopter des exemptions humanitaires à ses lourdes sanctions économiques contre la Corée du Nord afin d’aider ce pays à lutter contre l’épidémie de coronavirus, selon l’ambassadeur allemand à l’ONU, Christoph Heusgen. Mais « le problème actuellement est que la Corée du Nord a fermé ses frontières », disait cet ambassadeur.

Deux présidents rivaux en Guinée-Bissau

Le camp du candidat donné battu à la présidentielle en Guinée-Bissau par la commission électorale a désigné vendredi soir un « président intérimaire », au lendemain de la prise de fonctions, qu’il juge illégitime, d’Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition.

Cinquante-deux députés, membres du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et de formations alliées, ont tenu une sessions spéciale au cours de laquelle ils ont « constaté la vacance du pouvoir », a rapporté un correspondant de l’AFP.

Jeudi, Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, s’est fait investir président, avec l’aval du président sortant, José Mario Vaz, et malgré la contestation persistante autour du résultat du scrutin dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’histoire politique tumultueuse.

M. Embalo a ensuite, vendredi en fin d’après-midi, démis le Premier ministre (PAIGC) Aristides Gomes et nommé à sa place un de ses partisans, Nuno Gomes Nabiam, candidat malheureux à la présidentielle qui l’avait rallié entre les deux tours.

Les députés fidèles au PAIGC ont dès lors décidé, « pour combler ce vide », la nomination d’un « président intérimaire ». Ils ont choisi le président de l’Assemblée nationale, Cipriano Cassama, membre du PAIGC, qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Cassama devrait s’adresser à la Nation samedi, selon ses proches.

Le Premier ministre démis par M. Embalo, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé l’investiture de M. Embalo comme une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en est coutumier.

Des militaires occupaient dans la soirée la plupart des institutions du pays, dont les bureaux du chef du gouvernement et des ministères, a constaté le correspondant de l’AFP, sans que l’on sache précisément dans quel camp elle se situe. Elle agit de la sorte pour « garantir la stabilité et la paix, contrôler les institutions de manière à éviter d’éventuels troubles à l’ordre public », a indiqué à l’AFP un officier s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix, contre 46,45% pour Domingos Simoes Pereira, président du PAIGC.

M. Pereira et le PAIGC, dénonçant des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à une décision finale de la Cour suprême.

M. Embalo, 47 ans, estime que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises et a choisi de passer outre à l’arrêt attendu.

Guinée: le président Alpha Condé reporte in extremis un référendum contesté

Le président guinéen Alpha Condé a annoncé vendredi soir un « report léger » de la date du référendum sur une nouvelle Constitution et des législatives qui devaient se dérouler dimanche, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manœuvre pour rester au pouvoir.

« C’est par responsabilité nationale et sous-régionale que nous avons accepté un report, léger, de la date des élections », a dit M. Condé dans une intervention inopinée à la télévision nationale.

« Nous devons toujours rester dans le cadre de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et de l’Union africaine », a-t-il expliqué.

« Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade », a ajouté M. Condé, assurant que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés », sans fixer de nouvelle date.

Avant ce report surprise, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait la circoncision féminine et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui, comme bien d’autres dirigeants africains avant lui, entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année quand celui en cours aura expiré.

Depuis mi-octobre, la mobilisation contre M. Condé donne lieu à des manifestations massives, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète et à de graves épisodes de brutalité policière.

Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors.

Ces tensions, les appels de l’opposition à non seulement boycotter mais empêcher le déroulement du référendum et des législatives qui étaient également prévues pour dimanche, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote, ont amplifié les craintes d’accès de violence dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en état d’alerte dès mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, de même que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition, ont laissé la place à une campagne très éloignée d’un exercice démocratique apaisé.

– Pas de campagne électorale –

Les signes tangibles de cette campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les artères encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics en vue.

Le projet de Constitution limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Le chef de l’Etat sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qu’y a-t-il de mal à ça ? », demande Sékou Condé, un cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assurait-il à l’AFP.

M. Condé a jusqu’ici maintenu un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien français Le Figaro.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

– Composantes ethniques –

Jeudi, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest a annulé à la dernière minute une mission de bons offices de plusieurs chefs d’Etat africains en Guinée. Elle a annoncé renoncer à déployer des observateurs en raison des risques potentiels. L’Union africaine a suivi le mouvement vendredi en rappelant ses observateurs.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo, qui assure que la plupart des Guinéens sont contre la consultation et prédit une forte abstention.

Des électeurs interrogés par l’AFP semblent plus polarisés que cela.

Abdouramane Keita, un étudiant en droit, déclarait vouloir « voter dans le calme ». Il voudrait aussi voir les partis antagonistes se parler.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat pour s’exprimer, est cinglant : « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violences, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique, entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.