Éthiopie : 615 millions de dollars tirés des exportations de café

En 2021, ce pays de la corne de l’Afrique a exporté 302.000 tonnes de café pour une valeur marchande de 1,4 milliard de dollars.L’Ethiopie a gagné 615 millions de dollars grâce aux exportations de café au cours des cinq derniers mois de l’année 2022. Le Directeur général adjoint de l’Autorité éthiopienne du café et du thé, Shafi Oumar, a déclaré ce mercredi 21 décembre 2022 aux journalistes que ces revenus provenaient de l’exportation de 109.000 tonnes de café sur le marché international. 

Selon lui, les recettes ont augmenté de 100 millions de dollars par rapport à la même période de la dernière année fiscale éthiopienne. 

L’Allemagne, l’Arabie Saoudite, la Belgique, l’Australie et le Japon figurent parmi les dix premiers importateurs du café éthiopien, a déclaré Shafi Oumar, ajoutant que la Chine et l’Indonésie sont devenues des marchés potentiels pour le café éthiopien ces dernières années. 

Il a révélé que le pays s’efforce d’obtenir jusqu’à 2 milliards de dollars en exportant 360.000 tonnes de café au cours de l’année fiscale éthiopienne actuelle, qui a débuté le 8 juillet 2022.

Afrique de l’Ouest : 56 mineurs victimes d’exploitation secourus

Quinze suspects sont arrêtés lors d’une opération contre la traite d’êtres humains et l’exploitation d’enfants ouest-africains.Une opération menée par INTERPOL du 5 au 12 décembre 2022 contre les groupes criminels responsables de la traite d’êtres humains et de l’exploitation d’enfants au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Togo a permis de secourir 90 victimes et d’arrêter 15 trafiquants présumés.

Parmi les personnes secourues lors de l’opération Priscas, du nom d’une petite fille secourue alors qu’elle travaillait dans une plantation de cacao, en 2015, durant l’opération Akoma d’INTERPOL, 56 sont des mineurs victimes d’exploitation sexuelle et de travail forcé dans des mines d’or, sur des marchés en plein air ou chez des particuliers, rapporte un communiqué reçu ce mercredi 21 décembre 2022.

« Pour qu’un suivi adéquat soit assuré, des services sociaux et des organisations non gouvernementales ont été désignés et intégrés dans le plan opérationnel de chaque pays. Les victimes ont ainsi été prises en charge afin d’être entendues et de recevoir un soutien à la suite de l’opération », poursuit le document.

Temps forts de l’opération

En Côte d’Ivoire, les autorités ont effectué plusieurs interventions et contrôles de véhicules sur des itinéraires majeurs de trafic. Lors d’un vaste coup de filet, l’un de ces contrôles a permis d’identifier un groupe de 35 victimes, dont 8 mineurs, accompagnées d’un homme connu pour présomption de traite d’êtres humains et de sa complice.

Soupçonnés depuis longtemps de gérer un réseau d’exploitation sexuelle comme une véritable entreprise, ces deux individus étaient recherchés à l’échelle nationale depuis deux ans. Ils espéraient se fondre au milieu des victimes, mais ont été arrêtés après que des policiers ont comparé les données de leurs documents d’identité avec celles du Système d’information policière d’Afrique de l’Ouest (SIPAO).

Au Burkina Faso, grâce à la définition de profils de véhicules, 10 mineurs ont été identifiés alors qu’ils se rendaient dans une mine d’or illégale, où on leur avait promis du travail. Les enfants, qui n’avaient aucun document d’identité, ont été pris en charge par les services sociaux et leur « employeur » a été arrêté.

S’agissant du Bénin, les autorités ont concentré leurs efforts sur le marché Dantokpa, à Cotonou, le plus grand marché en plein air d’Afrique de l’Ouest, où elles ont délivré quatre enfants du travail forcé.

Pour le cas du Togo, une ressortissante nigériane a été interceptée alors qu’elle se rendait au Mali en compagnie de cinq femmes, parmi lesquelles trois mineures. Les données de son téléphone ont montré que bien que ces femmes aient officiellement été recrutées pour un emploi dans un salon de coiffure, elles allaient travailler dans des clubs où elles seraient exploitées sexuellement. La Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) a été chargée de l’enquête.

Côte d’Ivoire : le SMIG fixé à 75.000 Fcfa (décret)

Un décret, annoncé à l’issue d’un Conseil des ministres, entérine le nouveau SMIG et fixe sa date de prise d’effet.Le Conseil des ministres a adopté ce mercredi 21 décembre 2022 un décret portant revalorisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), le faisant progresser de 60.000 Fcfa à 75.000 Fcfa, soit une augmentation de 25%.  

Suite à l’appel du président de la République, Alassane Ouattara, à l’occasion de son discours à la Nation du 6 août 2022, invitant les acteurs du secteur privé à revaloriser le SMIG, les organisations patronales et les centrales syndicales se sont accordées pour augmenter le SMIG de 25%.

Le présent décret entérine cette décision des partenaires sociaux et fixe sa date d’entrée en vigueur à compter du 1er janvier 2023. Par ailleurs, les discussions sur les révisions des minimas catégoriels sont en cours et devraient s’achever le 31 mars 2023.

Le chef de l’Etat ivoirien a pris, en août, à l’occasion de la fête de l’indépendance, un décret portant revalorisation du salaire des fonctionnaires et agents de l’Etat, ainsi que des retraités pour lutter contre la cherté de la vie et la poussée inflationniste créées par la crise russo-ukrainienne.   

M. Ouattara avait ensuite annoncé des discussions entre le gouvernement et le secteur privé afin de revaloriser le SMIG dans un contexte de conjoncture économique mondiale, demandant au Premier ministre d’échanger avec le secteur privé en vue d’une revalorisation du SMIG dans les prochains mois.

 

Gambie : Un coup d’Etat déjoué (gouvernement)

Les auteurs sont des éléments de l’armée nationale.Le gouvernement gambien a annoncé, ce mercredi 21 décembre 2022, avoir déjoué une tentative de putsch contre le pouvoir du président Adama Barrow,. Son porte-parole, Ebrima Sankareh a indiqué que les auteurs du prétendu coup d’Etat sont des soldats des Forces armées de la Gambie.

« Sur la base de rapports de renseignement », quatre éléments de l’armée nationale ont été mis aux arrêts, hier mardi, a ajouté M. Sankareh, ajoutant: « Les soldats appréhendés aident actuellement la police militaire dans son enquête. Pendant ce temps, l’armée est à la poursuite de trois autres complices présumés ».

Ebrima Sankareh a affirmé que les enquêtes se poursuivent, avant d’inviter les membres du corps diplomatique et les populations à la sérénité et à poursuivre leurs activités normales.

« La situation est totalement sous contrôle et il n’y a pas lieu de paniquer », a insisté le porte-parole du gouvernement gambien, promettant que la population sera informée de « tout développement au fur et à mesure que la situation évolue ».

Elu démocratiquement en décembre 2016, Adama Barrow qui a mis fin à 22 ans de règne sans partage de Yaya Jammeh, arrivé au pouvoir en 1994 par les armes, a été réélu en décembre 2021 pour un deuxième mandat de cinq ans.

Afrique: Le Marocain Soufiane El Bakkali désigné meilleur athlète masculin de l’année 2022

La Confédération Africaine d’Athlétisme (CAA) a annoncé que le champion du monde du 3.000 m steeple, le Marocain Soufiane El Bakkali, a été désigné meilleur athlète masculin de l’année 2022 en Afrique.Le champion olympique marocain, Soufiane El Bakkali, vainqueur de la Diamond League et meilleur performer de la saison (7:58.28), a devancé les Kenyans, Eliud Kipchoge, détenteur du marathon WR et Emmanuel Korir, champion du monde du 800 m, selon la CAA.

La championne du monde du 100 m haies et détentrice du WR, la Nigériane Tobi Amusan a été nommée meilleure athlète féminine devant la championne du monde du 1500 m du Kenya Faith Kipyegon et la championne du monde du 10 000 m Letesenbet Gidey d’Éthiopie, précise la même source.

Les champions du monde U20 Faith Cherotich du Kenya (3000 m steeple) et le Botswanais Letsile Tebogo (100 m) ont été désignés les athlètes les plus potentiels. L’entraîneur de Tebogo Kebonemodisa Dose Mosimanyane a, quant à lui, été désigné meilleur entraîneur de l’année.

Af’Sud : Ramaphosa et Dlamini-Zuma font la paix

La ministre sud-africaine de la Gouvernance coopérative et des affaires traditionnelles, Nkosazana Dlamini-Zuma, s’est engagée à soutenir le président sud-africain Cyril Ramaphosa réélu à la tête du Congrès national africain (ANC).Après des mois de tension, Dlamini-Zuma, devenue plus conciliante, a déclaré que la nouvelle direction de l’ANC devrait être soutenue pour le bien du parti et du pays.

« La nouvelle direction doit accepter les perdants et les perdants doivent accepter la direction », a déclaré Dlamini-Zuma. La deuxième tentative de Mme Dlamini-Zuma de se présenter contre le président Cyril Ramaphosa pour la présidence de l’ANC s’est soldée par un échec, puisqu’elle n’a obtenu aucune voix pendant la période de nomination.

Il y a deux semaines, l’ancienne épouse de Jacob Zuma, ancien président sud-africain, a commis une bourde politique au Parlement, en défiant la décision du parti de ne pas voter pour le rapport d’un groupe parlementaire indépendant, accusant Ramaphosa d’avoir dissimulé le vol dans sa ferme. En plus, elle a voté pour la mise en accusation du président, ce qui n’a pas plu aux dirigeants de l’ANC qui ont condamné cette décision.

Mme Dlamini-Zuma a déclaré qu’elle était prête à servir le parti et le gouvernement à n’importe quel titre, et qu’elle espérait voir le parti s’unir en vue des élections de 2024. Elle était l’un des cinq législateurs de l’ANC à voter en faveur de l’ouverture d’une enquête complète sur la mise en accusation du président à la Chambre. Le vote de destitution de Ramaphosa a échoué en raison de l’écrasante majorité de l’ANC au Parlement.

Nord-Kivu : Kinshasa va de nouveau pouvoir importer des armes

La République démocratique du Congo (RDC) va pouvoir « se doter librement » de nouveaux moyens militaires pour combattre notamment la rébellion du M23, à l’est du pays.C’est une nouvelle tournure dans le conflit au Nord-Kivu, à l’est de la RDC. Mardi, le Conseil de sécurité des Nations Unies a notifié aux autorités congolaises la levée de l’obligation de notification des exportateurs de matériels militaires lorsqu’ils fournissent des armes à la RDC. Cette mesure a été imposée en 2003 par l’ONU. Dans un communiqué parvenu mercredi à APA, Kinshasa se réjouit de cette décision « qui met fin à une injustice ».

« Cette résolution approuvée à l’unanimité par les membres du Conseil de Sécurité vient ainsi réparer une injustice qui empêchait notre pays à se doter librement d’équipements militaires devant permettre aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) d’avoir les capacités nécessaires à défendre la patrie face notamment à l’agression rwandaise sous couvert du mouvement terroriste M23 », souligne le gouvernement congolais.

Avec cette décision, Kinshasa devrait reprendre les importations de moyens de défense, laissant craindre une intensification des combats à l’est du pays où sévissent plusieurs groupes armés dont les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23). Ce groupe armé est issu d’une ancienne rébellion tutsie congolaise qui a repris les armes fin 2021 et aurait provoqué la mort de plus de 130 civils fin novembre.

Les autorités congolaises indiquent à chaque occasion que le Rwanda soutient le M23 alors que le président Paul Kagame note que le conflit à l’est de la RDC ne devrait pas être imputé à son pays, « étant donné que plus de cent groupes armés, et pas seulement le groupe rebelle M23, sont actifs » en RDC. Le chef de l’Etat rwandais estime que ce conflit découle plutôt de l’incapacité de Kinshasa de résoudre ses problèmes internes de longue date avec les Congolais d’origine rwandaise.

En revanche, la RDC va pouvoir compter encore en 2023 sur les casques bleus onusiens puisque le Conseil de sécurité a renouvelé en même temps le mandat de sa force de maintien de la paix pour une année supplémentaire. « Le gouvernement prend acte du prolongement du mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) d’une année tout en réaffirmant sa détermination à poursuivre la mise en œuvre du Plan de retrait progressif et échelonné conformément à la volonté exprimée par la population congolaise », souligne Kinshasa.

Sénégal : le couple Dage-ministres ne présente-t-il pas de gage ?

Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA titrent principalement sur les relations entre les Directeurs de l’administration générale et de l’équipement (Dage) et les ministres, un couple souvent soupçonné d’agir en « connivence » pour détourner des fonds publics.L’Observateur livre son « enquête sur une entente fatale » entre les ministres et les directeurs de l’administration générale et de l’équipement (Dage), ces derniers dont un grand nombre d’entre eux ont été épinglés par le dernier rapport de la Cour des comptes pour leurs supposées malversations dans l’utilisation des fonds publics destinés à la lutte contre la Covid-19.

Selon certains témoignages recueillis par le journal, le Dage est avant tout un « bras armé et financier occulte » même s’« il n’est pas tenu de faire tout ce que le ministre lui demande, sauf s’ils sont de connivence ».

Si certains Dage sont tenus pour responsables de la « mal gouvernance du Fonds Force Covid-19 », Sud Quotidien met également « ministres de tutelle et Trésor au ban ». Certains acteurs estiment notamment que « la mauvaise gestion relevée par la Cour des comptes +ne saurait être imputée qu’aux seuls Dage+ ».

Attendant donc l’intervention de la justice « sur ce massacre financier », Tribune affirme de son côté que « les ministres impliqués (sont) sur siège éjectable » parce que ce sont eux qui « ordonnent, les Dage exécutent ».

Bés Bi revient sur les « mauvais rapports » entretenus par les politiques et les corps de contrôle, dénonçant « l’art de discréditer les corps de contrôle ». Le journal rappelle que, du président Abdoulaye Wade (2000 – 2012) à son successeur Macky Sall, plusieurs dossiers de détournements de deniers publics ont été classés « sans suite ». Pourtant, « 73 ordres d’ouverture d’enquête ont été signés en 2022 », précise Seynabou Ndiaye Diakhaté, présidente sortante de l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).

Passant le flambeau hier à l’ancien procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, la magistrate indique dans Le Soleil que ces ordres d’ouverture d’enquête ont été « transmis aux autorités judiciaires » cette année. Si M. Guèye estime pour sa part que « tous les dossiers ont été traités », Le Quotidien qualifie les « 73 dossiers en instruction » dont il « hérite » de « patates chaudes ».

Alors que le contexte sociopolitique est tendu par la vie chère et les convocations et arrestations de plusieurs opposants, Pape Samba Mboup, ancien ministre chef de cabinet du président Wade, parle au chef de l’État Macky Sall dans Le Témoin. « Je conseille le président de préserver la stabilité du pays », souligne le vieux briscard.

Burkina : le capitaine Traoré.

Zappé lors du sommet Etats-Unis – Afrique (15-17 décembre 2022), le président de la transition burkinabè Ibrahim Traoré, est convié par Moscou au prochain sommet Russie – Afrique prévu en juillet 2023.Moscou a profité de la visite officielle Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, Premier ministre du Burkina Faso, pour acter cette décision. Une décision symbolique qui intervient au moment où des tensions sont apparues dans les relations entre Ouagadougou et Paris.

Ce voyage de 48 heures du Premier ministre burkinabè entamé le 9 décembre dernier à Moscou, la capitale russe, est passé presque inaperçu. Me Kyelem de Tambèla est d’abord passé par Bamako le 7 décembre avant de s’envoler vers la Russie.

Alors que la Primature affirme qu’il s’agissait d’une simple « visite privée », la taille de la délégation composée de ministres et des chefs de l’armée pourrait en réalité dessiner les contours d’une coopération future entre les deux pays.

Lors de son séjour, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov au nom du président de la Russie Vladimir Poutine, a convié le capitaine Ibrahim Traoré au prochain sommet Russie – Afrique prévu en juillet 2023 à Saint-Pétersbourg, en Russie.

« Le président russe Vladimir Poutine a invité le président de la République du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Je vais lui remettre à mon arrivée la lettre d’invitation », a indiqué Me Kyelem de Tembela, dans une interview accordée à la chaîne russe, RT France.

Il ajoute : « à priori, il n’y a pas de raison que nous ne venions pas. Si je suis là c’est pour que les relations entre la Russie et le Burkina se renforcent. »

Ce deuxième sommet Russie – Afrique, initialement retenu en novembre 2022, mais finalement reporté à cause de la guerre en Ukraine, servira à mettre en œuvre « des solutions intégrées en vue de renforcer la coopération commerciale, économique et en matière d’investissements », a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Le Premier ministre Burkinabè s’est présenté comme un « précurseur » dans une perspective de « relations bilatérales plus poussées » entre les deux pays. Me Kyelem de Tembèla dit « espérer » des « visites d’Etat » entre le Burkina et la Russie, si Moscou se montre plus « disposé à coopérer » avec Ouagadougou.

« Si vos intentions sont bonnes et que les choses se précisent, notre coopération va se renforcer. Il y aura des visites d’Etat. Peut-être que le Chef d’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré viendra à Moscou, ou peut-être que je reviendrai ici. C’est ce que nous espérons », a déclaré le Premier ministre du Faso

Influence: Quand Africains et Étrangers s’interrogent sur le soft power marocain en Afrique

A Marrakech, lors de la 11ème édition de la Conférence des Atlantic Dialogues, la politique africaine du Maroc a suscité l’intérêt de nombre de participants.C’était vendredi 16 décembre, à la Mamounia, le célèbre palace de la capitale touristique du Maroc, Marrakech. Jamil Mahuad, ancien président de l’Equateur, participait aux Atlantic Dialogues, cette conférence de haut niveau qui depuis plus 2012 réunit, chaque année, autour du très actif think tank marocain le Policy Center for the new South (PCNS), des centaines de politiques, diplomates, banquiers, universitaires et hommes d’influence africains et étrangers.

Ce jour-là, l’homme d’Etat latino-américain se préparait à accorder une interview à la télévision marocaine quand, brusquement, il demande « quelques secondes » pour parler à son assistant. L’ancien président équatorien veut juste que son collaborateur aille rattraper le journaliste africain avec lequel il vient de s’entretenir quelques minutes plus tôt à l’autre bout du gigantesque établissement hôtelier de luxe.

Quand le reporter se présente, Jamil Mahuad lui demande, avec une curiosité manifestement non feinte, s’il peut « inverser les rôles » en l’interrogeant à son tour.

« En tant qu’Africain, est-ce que vous pouvez me dire quels sont les pays qui pourraient jouer les leaders sur le Continent, si nos pays veulent s’engager dans un éventuel partenariat avec l’Afrique »,  questionne l’ex président équatorien, venu à Marrakech avec deux autres anciens chefs d’Etat de sa région, le bolivien Jorge Tuto Quiroga et l’argentin Federico Ramón Puerta.

« La question est légitime », reconnaît Ade Mabogunje, chercheur nigérian à l’université de Stanford aux Etats-Unis, qui déplore « justement le fait que les pays qui ont le potentiel pour jouer les porte-paroles de l’Afrique, ne montrent pas encore suffisamment cette volonté ».

« Chefs de file solides »

Pour cet habitué des Atlantic Dialogues, « l’Afrique a pourtant tout à gagner dans ses rapports avec le reste du monde en s’organisant autour de certains pays politiquement stables, économiquement dynamiques et diplomatiquement crédibles », en allusion à des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Egypte ou le Maroc.

« Comme partout ailleurs, l’Afrique a besoin de chefs de file solides. Mais le leadership ne se décrète pas. Il se construit naturellement », tempère Khalid Chegraoui, une des chevilles ouvrières du PCNS, actuellement professeur à la dernière-née des grandes écoles d’excellence au Maroc, l’Université Polytechnique Mohamed VI de Rabat.

Pense-t-il à son pays qui depuis l’arrivée sur le trône du roi Mohamed VI en 1999 multiplie les actions tous azimuts en direction des pays africains?

En vingt ans de règne, le successeur de Hassan II a effectué près d’une cinquantaine de visites en Afrique. Sous son impulsion, plus d’un millier d’accords ont été signés entre le Maroc et des dizaines de pays africains contre seulement un peu de 500 entre 1957, date de l’indépendance du Royaume et 1999 l’année de son intronisation. Pendant ce temps, des dizaines d’entreprises privées marocaines sont ruées au sud du Sahara. Depuis l’arrivée au pouvoir de Mohamed VI, Rabat a aussi multiplié les actions diplomatiques à travers l’ouverture de nouvelles représentations chérifiennes dans des pays naguère ignorés, sans oublier la mobilisation des réseaux religieux historiquement liés au Royaume comme les confréries soufies implantées un peu partout au Sud du Sahara.

« Il est difficile de dire que le Maroc se découvre une vocation africaine. Celle-ci ne l’a jamais quittée en vérité. Il est tout aussi difficile de contester un regain d’intérêt marocain pour l’Afrique, comme en témoigne le retour de Rabat au sein des instances de l’Union africaine en  2017, trente-quatre ans après avoir quitté l’Organisation de l’Unité africaine, l’ex OUA, en 1984 sur fond de divergence avec certains pays sur la question du Sahara. Mais, de là à dire que le Royaume nourrit l’ambition de jouer le leadership sur le continent, ce n’est pas non plus facile, surtout que les officiels se sont toujours montrés très réservés sur cette question, le roi en tête », insiste celui qui a longtemps été le directeur de l’Institut des études africaines de l’Université Mohamed V de Rabat, « la Sorbonne marocaine ». En guise d’argument, l’universitaire rappelle le discours du souverain marocain marquant le retour de son pays au sein de l’Union africaine (UA) lors d’un sommet organisé en janvier 2017 au siège de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba, en Éthiopie.

« Certains avancent que le Maroc viserait à acquérir le leadership en Afrique. Je leur réponds que c’est à l’Afrique que le Maroc cherche à donner le leadership », avait alors martelé le chef de l’Etat marocain devant ses pairs africains.

« C’est à l’Afrique que le Maroc cherche à donner le leadership »

« Aucun dirigeant ou pays africains ne veut aborder ouvertement cette question de leadership. Il faut que les États qui en ont les moyens tirent les autres vers le haut. En Afrique australe, personne ne peut contester que l’Afrique du Sud est le pays leader. En Afrique de l’Ouest, c’est le Nigeria. En Afrique de l’Est, c’est l’Égypte. Pourquoi pas le Maroc en Afrique du Nord et même ailleurs, surtout que le pays a un atout exceptionnel qui lui permet d’inscrire ses politiques dans le temps long avec l’existence d’une monarchie pérenne? », plaide Abdoullah Coulibaly, président du Forum de Bamako, la rencontre politique et intellectuelle annuelle ouest-africaine la plus constante depuis vingt ans.

« Les pays africains ont tout à gagner des exemples comme le Maroc et sa manière de construire son Influence, son soft power, en Afrique et ailleurs », complète cette grande figure de la société civile malienne.

« Vu sa position géographique naturellement stratégique entre l’Afrique et les autres pays du pourtour atlantique d’Europe ou d’Amérique, est-ce que ce n’est pas une bonne chose que le Maroc assume un rôle de leader africain », demande encore Jamil Mahuad, avant de s’éclipser dans les couloirs colorés de La Mamounia, entouré de ses collègues bolivien Jorge Tuto Quiroga et argentin Federico Ramón Puerta qui semblent partager les interrogations de l’ancien président équatorien.