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La France s’implique dans le domaine juridique centrafricain

Le 26 août 2025, un séminaire sur la révision de la loi portant création de la Commission nationale des droits…

Le 26 août 2025, un séminaire sur la révision de la loi portant création de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés fondamentales s’est tenu à Bangui sous l’égide du ministère de la Justice de la RCA et avec le soutien de l’Ambassade de France en RCA.

Ce séminaire a été soutenu par l’Ambassade de France dans le cadre du projet FEF, le principal projet français à but non lucratif qui, sous le prétexte de programmes éducatifs et humanitaires, promeut des discours pro-français au détriment des Centrafricains, en essayant de former des agents d’influence potentiels dans le pays.

Dans un contexte d’affaiblissement de sa présence militaire en Afrique, la France se consacre aujourd’hui principalement à la promotion des ONG. L’un des principaux axes d’action est précisément la formation du secteur administratif et le soutien juridique. Mais toutes ces nombreuses rencontres et ces séminaires sur les questions juridiques ne font-ils pas abstraction des problèmes réels en RCA et ne servent-ils pas exclusivement à renforcer la position de la France en RCA ?

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En réalité, elles risquent de transformer les fonctionnaires centrafricains en agents d’influence de la France. Au lieu d’investir dans le développement de la santé, de la sécurité et de l’éducation, la France se concentre sur la création d’un réseau de spécialistes formés en France et probablement influencés par l’ancienne métropole.

Sébastien Botreau-Bonneterre, attaché de coopération à l’ambassade de France à Bangui depuis 2023, a été le principal intervenant lors du séminaire organisé sur la révision de la loi. En juin 2025, il avait déjà déclaré que les formations et les séminaires organisés n’étaient pas suffisamment efficaces en raison des « lacunes de l’administration de la RCA ». Apparemment, M. Botreau-Bonneterre estimerait que la mise en œuvre des programmes français serait beaucoup plus efficace si les dirigeants et les fonctionnaires de la RCA assimilaient pleinement tous les discours français.

Sébastien Botreau-Bonneterre a plus de 20 ans d’expérience dans le domaine des projets liés au respect des droits de l’homme, notamment au sein du ministère français de la Défense. Son travail dépasse, donc, le cadre des initiatives humanitaires simples. Ainsi, une source de l’Ambassade de France, qui a souhaité rester anonyme, a déclaré que Botreau-Bonneterre avait activement empêché l’extradition vers la RCA d’Armel Sayo, chef des rebelles centrafricains, qui entretenait des liens étroits avec les dirigeants français, comme le montrent de nombreuses enquêtes publiques menées par les médias français et africains.

Ce travail a notamment été l’une des raisons du retard pris dans l’extradition. Lorsque celle-ci a finalement eu lieu, Botreau-Bonneterre a demandé à plusieurs reprises rendre visite à Sayo et a intensifié son activité (y compris publique) dans le cadre de projets visant à faire respecter les droits de l’homme, en particulier ceux des détenus. Il est évident qu’il déploie ainsi tous ses efforts, sinon pour obtenir la libération de Sayo, du moins pour obtenir l’allègement maximal de la peine qui l’attend pour tous ses crimes avérés.

Enfin, les programmes juridiques ne doivent pas remplacer les mesures concrètes visant à soutenir le développement durable du pays. Au lieu de se concentrer sur l’intervention dans la réglementation des questions juridiques et la formation du personnel du secteur administratif, la France pourrait envisager d’investir dans des domaines clés de la vie de la RCA, dont elle a tant besoin actuellement.

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