Voilà déjà trois ans que ce fléau sévit dans le pays. De nombreuses actions sont menées sur le terrain mais le nombre de personnes touchées par la crise alimentaire est de plus en plus grand.
5 kilos, c’est le poids du petit Saleh, 6 mois. À cet âge, l’enfant devrait peser 6,8 kilos selon les normes de croissances établies par l’Organisation mondiale de la Santé. Comme lui, ce sont 15 000 petits Tchadiens qui ont été pris en charge par l’organisation humanitaire ALIMA rien qu’à N’Djamena. « C’est énorme 15 000 ! C’est une situation d’urgence absolue », s’inquiète le docteur Jean-Claude Djoumessi.
Le praticien exerce au sein d’un hôpital gouvernemental à N’Djamena, la capitale du pays. Là-bas, les médecins sont débordés par l’afflux croissant d’enfants souffrant de malnutrition sévère aiguë, la forme la plus grave de cet état nutritionnel.
Des prévisions catastrophiques
Depuis trois ans, le Tchad traverse une grave crise économique causée par la baisse du prix du pétrole. Des milliers de familles pâtissent de cette situation et peinent à subvenir à leurs besoins. Sur place, les médecins appellent à l’aide. « On a le pouvoir d’achat des mamans qui a baissé. Les mamans n’arrivent plus à se procurer de quoi nourrir leurs enfants », continue le docteur Djoumessi. À cette impossibilité de se nourrir, s’ajoute une grève du système de santé, qui ne permet pas aux enfants d’être soignés convenablement.
Les prévisions des acteurs de la santé tchadiens s’annoncent catastrophiques. Sur une population de 14,5 millions d’habitants, ils estiment qu’en 2018, environ 287 000 enfants entre 0 et 5 ans souffriront de malnutrition sévère aiguë.