Des samouraïs aux Jedi, mille déclinaisons de kimono s’exposent à Londres

Yves Saint Laurent, George Lucas, David Bowie: tous ont été séduits par le charme du kimono, cet habit traditionnel japonais dont les multiples déclinaisons, du costume de Jedi à la version design, sont célébrées dans une exposition à Londres.

« Quand on pense à la mode, le kimono n’est peut-être pas la première chose qui nous vient en tête », concède le directeur du musée Tristram Hunt. Mais le but de l’exposition « Kimono: de Kyoto aux podiums », qui s’ouvre samedi au Victoria and Albert Museum et dure jusqu’au 21 juin, est justement de « remettre en cause cette perception ».

Dès l’entrée, sont juxtaposés un kimono traditionnel datant de 1800, une création moderne du styliste japonais Jotaro Saito et une pièce d’exception du Britannique John Galliano pour Dior.

Pour M. Hunt, ce triptyque « montre comment la mode du kimono n’a cessé d’être traduite au-delà les frontières culturelles et géographiques ».

Son influence s’est même étendue jusqu’à des galaxies lointaines, très lointaines, inspirant la tenue de maître Jedi portée par Alec Guinness lorsqu’il incarne dans « Star Wars » le vénérable Obi-Wan Kenobi.

Au total, plus de 100 pièces sont exposées. La plus ancienne, datant d’environ 1660-1680, séduit par ses sobres motifs de feuilles d’érable brodées sur un tissu aquatique. Le plus récent est un long manteau à capuche de style streetwear, fabriqué en 2019 par le jeune styliste Milligan Beaumont.

– Unisexe –

« C’est l’extrême simplicité de la forme du kimono qui permet de le déconstruire et de le reconstruire de multiples façons », explique à l’AFP la commissaire d’exposition, Anna Jackson, vantant aussi « sa fluidité ».

Pour Mme Jackson, « beaucoup sont séduits par le drapé tombant sur les épaules », pour d’autres, « c’est la ceinture centrale » (obi) ou encore « les tissus somptueux, les motifs extraordinaires et la façon inhabituelle dont ces deux éléments sont combinés ».

Le kimono, une pièce portée à la fois par les hommes et les femmes depuis le Moyen-Age japonais, a fait son apparition en Europe au cours de l’ère Edo (1615-1868), lorsque la Compagnie néerlandaise des Indes orientales est autorisée à commercer avec le Japon, malgré sa politique fortement isolationniste.

Au XIXe siècle, le Japon s’est mis à fabriquer des kimonos avec de la soie française, et l’Europe à imiter l’habit traditionnel à partir de tissus japonais. Depuis lors, cette pièce iconique n’a cessé d’influencer la mode internationale.

– Élégance et performance –

Au fil du temps, les broderies traditionnelles – roseaux, cerisiers, nénuphars, oiseaux ou dragons- ont cédé la place à des formes géométriques sophistiquées, voire des motifs psychédéliques.

Le styliste français Jean-Paul Gaultier raccourcit le kimono à mi-jambe dans une création rouge feu, en 1998, destinée à la pop star Madonna. En 1997, Alexander McQueen crée pour la chanteuse Björk une version élargie au cou et aux manches raccourcies, lui offrant ainsi un look expérimental et avant-gardiste à sa hauteur.

En 2005, Yohji Yamamoto réinterprète le kimono dans une version en crêpe de soie qui capture toute son ambiguïté vis-à-vis du genre, comme avait déjà su le faire Freddie Mercury dans les années 1970, lorsqu’il portait ce vêtement sur scène après une tournée de Queen au Japon.

« C’est un vêtement non-sexué. Fondamentalement, sa forme ne change pas, que vous soyez un homme ou une femme », analyse Anna Jackson, pour qui cette pièce a « le sens de la performance ».

Un attrait dont a notamment su se saisir le chanteur David Bowie pour construire son alter-égo futuriste Ziggy Stardust.

« Toute mode est dans un certain sens une performance », ajoute la commissaire d’exposition, « mais dans un kimono, c’est très facile de le faire avec élégance ».

Dieselgate: Volkswagen trouve un accord pour boucler son méga-procès en Allemagne

Dénouement en vue pour le plus grand procès « dieselgate » en Allemagne: Volkswagen et une association représentant quelque 400.000 clients sont parvenus vendredi à un accord, qui pourrait voir le constructeur débourser près d’un milliard d’euros.

« A l’issue de plusieurs jours de négociation », les deux parties « ont conclu un accord » a annoncé vendredi le tribunal de Brunswick, où s’était ouverte fin septembre cette méga-audience sur le scandale des moteurs truqués.

Comme ces discussions se sont tenues hors de tout cadre judiciaire, le procès ne peut prendre fin que si les requêtes visant Volkswagen sont retirées.

Les requérants, rassemblés dans cette première « procédure modèle » allemande, similaire à une « class action » à l’américaine, demandent réparation pour leurs voitures équipées de moteurs diesels truqués.

Le groupe automobile est accusé d’avoir délibérément nui à ses clients en installant à leur insu un logiciel faisant paraître les véhicules moins polluants qu’ils ne l’étaient en réalité.

En attendant les détails donnés par les deux parties à 12H00 GMT, l’accord pourrait voir Volkswagen rembourser ses clients à hauteur de 830 millions d’euros.

– 30 milliards d’euros –

Telle était en tout cas la substance d’un accord initialement négocié, mais qui a échoué il y a deux semaines en raison d’un désaccord sur la rémunération des avocats et les modalités de versement des dédommagements.

Le groupe automobile et la VZBV s’étaient alors accusés mutuellement d’être responsables de « l’échec » des pourparlers. Mais le constructeur a proposé des remboursements à ses clients même sans le soutien de l’association.

Ce scandale à tiroir remonte à septembre 2015, quand le géant automobile allemand a avoué avoir équipé 11 millions de véhicules de logiciels truqueurs, et hante depuis l’industrie automobile allemande.

Sans résolution amiable, ce premier grand procès de consommateurs en Allemagne devait durer au moins jusqu’en 2023.

Le montant de 830 millions d’euros peut paraître relativement modeste comparé aux 30 milliards d’euros qu’a déjà coûté le dieselgate au constructeur allemand.

L’essentiel de cette somme — frais juridiques, amendes et dédommagements — a pour l’heure été déboursé aux Etats-Unis, notamment pour indemniser les clients pour la reprise de leurs véhicules.

En Allemagne, le constructeur n’a payé jusqu’ici que trois amendes d’un total de 2,3 milliards d’euros et conteste avoir causé des dommages aux automobilistes.

– Cascade de procédures –

Il reste cependant sous la menace d’une cascade de procédures à la fois civiles et pénales, notamment les requêtes individuelles en indemnisation, dont une partie a abouti à des règlements amiables.

Plusieurs dirigeants du groupe, dont l’actuel PDG Herbert Diess et le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, ainsi que l’ancien patron Martin Winterkorn et l’ancien patron de la marque Audi Rupert Stadler, sont visés par des enquêtes.

La semaine dernière, les bureaux de Porsche ont une nouvelle fois été perquisitionnés par les enquêteurs, selon l’hebdomadaire Der Spiegel.

Dans un procès engagé il y a un an, des investisseurs réclament un dédommagement pour la chute spectaculaire du cours en Bourse de l’action dans les jours qui ont suivi les révélations.

En France, une fondation néerlandaise a lancé fin janvier une action collective contre Volkswagen.

Au-delà du front judiciaire, le scandale a accéléré le déclin du diesel et les voitures diesel risquent d’être bannies de plusieurs villes allemandes en raison de leur niveau de pollution en oxyde d’azote (NOx).

Volkswagen tente, lui, de tourner la page en investissant plus de 30 milliards d’euros dans la voiture électrique dans la course pour respecter de strictes normes européennes d’émissions de CO2.

En Bosnie, l’immense désarroi des parents d’enfants handicapés

Des photos montrant des enfants handicapés attachés au radiateur ont choqué récemment la Bosnie mais surtout mis en lumière le désarroi de familles abandonnées par l’Etat, contraintes de se débrouiller seules ou de les placer dans des établissements indignes.

Après la publication en novembre par Sabina Cudic, députée de l’opposition, de clichés d’enfants aux mains ligotées dans un centre spécialisé proche de Sarajevo, le parquet a ouvert une enquête et son directeur a été limogé.

Dans ce pays de 3,5 millions d’habitants, l’un des plus pauvres d’Europe, environ 3.000 mineurs vivent dans ce genre d’établissements, selon l’ONG Sumero, spécialisée dans l’inclusion. Ils sont « l’ultime solution » pour des parents à bout, livrés à eux mêmes.

Le frère de Muamer Kulelija souffre de problèmes mentaux et habite dans l’établissement incriminé depuis une vingtaine d’années. L’enquête du parquet, qui porte aussi sur les présumés détournements de fonds, n’est pas terminée mais pour Muamer, les problèmes du centre tiennent en particulier au manque de personnel compétent.

« Quand je réagissais, mettant en cause la compétence du personnel, on menaçait de mettre mon frère à la porte », raconte Muamer, 41 ans, à l’AFP.

D’après la presse locale, seule une trentaine d’employés, sur 150 au total, travaillaient directement auprès des 350 enfants du centre.

En Bosnie, les enfants souffrant de troubles du développement « naissent, grandissent, vivent et meurent isolés, en marge » de la société, dénonce Aleksandra Ivankovic, experte judiciaire pour les droits des personnes handicapées.

– Pas de chiffres –

Il n’existe aucune estimation officielle du nombre d’enfants handicapés en Bosnie mais les autorités ont promis un registre.

Les parents voudraient que l’Etat partage le fardeau afin de pouvoir garder leur enfant auprès d’eux.

Mirsada Begovic, 52 ans, lutte depuis des années, avec d’autres mères, pour l’ouverture de centres de jour où les enfants pourraient être admis durant leurs heures de travail. Aucune structure de ce type n’existe à Sarajevo.

Cette mère passe 24 heures sur 24 avec son fils Ilhan, 17 ans, atteint de graves troubles moteurs et cognitifs.

Ilhan n’a jamais parlé. S’il parvient aujourd’hui à faire quelques pas, c’est grâce à la détermination de sa mère et à des heures d’exercices quotidiens.

« Nous n’avons aucun soutien public. Personne ne vient en aide aux parents et ils finissent par sombrer », dit Mme Begovic.

Son mari gère un petit magasin de batteries de voiture et ils ont pu financer des traitements pour Ilhan.

– « Entraînés à dire +non+ » –

Mais beaucoup de parents n’ont pour survivre qu’une allocation mensuelle d’enfant handicapé allant de 150 à 400 marks bosniens (75 à 200 euros).

« L’épuisement mental, physique et financier » des parents « délaissés par l’Etat » a pour conséquence la séparation de plus de 70% des couples concernés, constate Ines Kavalec, présidente de l’association « Donnez-nous une chance ».

Son association fournit un soutien psychologique et une aide concrète à 600 familles.

« Les parents ont la possibilité de nous confier leur enfant le temps d’une consultation médicale, pour aller au cinéma, voir un ami, faire du sport », dit cette mère d’un adolescent atteint de paralysie cérébrale.

Après le choc subi en apprenant l’autisme de son fils, Saudin Hrnjic a rapidement compris les limites du système public. Il « ne vous propose rien » sinon un diagnostic, résume cet homme de 49 ans.

Il a délaissé sa carrière de designer industriel pour s’occuper d’Anur, sept ans.

« Le manque de personnel hospitalier compétent est effarant ». Très vite les parents « commencent à devenir fous » en côtoyant le personnel administratif entraîné à dire +non+ », raconte-t-il.

– « Un peu de charité »-

Muamer Kulelija explique qu’il se bat « sur deux fronts », pour son frère mais aussi sa fille de 10 ans, qui souffre d’une déficience auditive.

Il a fallu plus deux ans après la naissance pour poser un diagnostic: « Les médecins nous disaient qu’elle entendait bien mais qu’elle était paresseuse ».

Aleena a droit tous les trois ans à 550 marks bosniens (280 euros) pour l’achat d’un appareil auditif alors qu’un appareil adapté coûte au moins 1.300 euros, raconte son père, employé de supermarché.

Les associations tentent de combler les carences, comme « Colibri », fondée par Saudin Hrnjic et son épouse Aida.

Ils organisent des ateliers pour une centaine d’enfants. C’est aussi un lieu d’échanges pour les parents.

En attendant son fils, une jeune maman, amère, explique avoir obtenu un rendez-vous pour une IRM (imagerie à résonance magnétique) mais dans six mois seulement.

Pour toute la Bosnie, il n’y a que deux neuropédiatres, souligne Aida Hrnjic.

« Pour le système, nos enfants méritent un peu de charité et c’est tout. Il ne compte pas sur eux », constate, amer, son mari.

Boom des colonies israéliennes sous le règne de « Bibi »

« La personne la plus vieille ici a 37 ans! », blague Ifat Lev devant la crèche d’une nouvelle colonie israélienne. Au cours de la « décennie Netanyahu », la population a bondi de moitié dans ces colonies qui s’ancrent en Territoires palestiniens.

Début 2017, le président américain Donald Trump, grand allié du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’installe à la Maison Blanche. A plus de 10.000 km de là, des familles de colons plantent leurs caravanes sur un terrain abandonné près de la mer Morte, en Cisjordanie occupée, donnant naissance à Kedem Arava.

Trois ans plus tard, leurs enfants y courent pieds nus, glissent sur un toboggan, se promènent en vélo entre des maisonnettes aux airs de containers.

Dans les Territoires palestiniens, existent deux types de colonies, toutes illégales aux yeux du droit international: celles reconnues par Israël et les autres, nommées « outpost » ou « colonies sauvages » comme Kedem Arava, la première de ce type fondée sous l’ère Trump.

Sans la reconnaissance du gouvernement, la quarantaine de familles sur place ne peut construire de maisons avec des fondations.

Ce jour-là, des ouvriers arabes équipés de mini-pelleteuses enrobent le bas des maisons temporaires de ciment pour leur donner un air pérenne tandis que l’un d’eux, la barbe charbonneuse, se tourne vers La Mecque pour prier.

Les colons de Kedem Arava ne se considèrent pas comme des « extrémistes », mais comme les résidents d’une nouvelle banlieue-dortoir à une trentaine de km de Jérusalem.

« Ici, c’est un paradis pour les enfants », dit Ifat, mère de 32 ans.

Un appartement de trois chambres lui coûte environ 1.400 shekels par mois (450 euros), trois fois moins environ qu’à Jérusalem.

– « C’est chez nous » –

Employé d’une firme high-tech, Ptachia Rechel fait l’aller-retour chaque jour, pour profiter des salaires plus élevés à Jérusalem sans tirer un trait sur la nature.

« Nous ne sommes pas ici par choix idéologique, mais parce que nous aimons le sentiment de communauté », dit ce grand gaillard, en sciant du bois pour ajouter une terrasse à sa modeste maison.

« Cette implantation est nouvelle, mais elle sera grande », assure Israël Rosenfeld, qui gère la colonie.

« C’est chez nous ici, nous n’avons pas d’autre endroit où vivre, c’est ici que j’ai grandi (dans les colonies) et que mes enfants sont venus au monde », dit ce jeune père qui ne voit « aucune différence » entre les colonies et Israël.

« C’est pourquoi nous devons être partie intégrante d’Israël », dit-il, plaidant pour l’annexion des quelque 130 colonies de Cisjordanie proposée par le plan Trump pour le Proche-Orient en janvier et défendue par M. Netanyahu.

Pour les législatives de lundi, ce dernier multiplie les annonces de constructions de logements dans les colonies, courtisant ainsi un électorat dont il a participé à l’essor.

Selon les autorités, plus de 450.000 Israéliens –dont la moitié a moins de 18 ans– vivent dans les colonies en Cisjordanie occupée parmi 2,7 millions de Palestiniens, soit une hausse de 48% en 10 ans.

Environ 20.000 unités de logements ont été construites pendant la décennie Netanyahu.

Le nombre d’unités approuvées à la construction a bondi de 90% sous l’ère Trump, selon les données de l’ONG israélienne anticolonisation « La Paix Maintenant », le gouvernement visant le million d’habitants dans les colonies d’ici la fin de la prochaine décennie.

« Nous ne donnerons pas un centimètre de la terre d’Israël aux Arabes, mais pour cela il faut y construire », a martelé jeudi le ministère de la Défense Naftali Bennett.

– « Ma patrie » –

Les petites colonies comme Kedem Arava deviendront peut-être un jour des villes comme Ariel, colonie disposant de centres commerciaux et d’une université, ou des mini-régions comme le Goush Etzion et son chapelet de colonies pavillonnaires, dans lesquelles naît une troisième, voire une quatrième génération de colons.

« Ici, ce n’est pas une colonie, c’est ma patrie. (…) Nous ne nous posons pas la question de savoir si nous devrions être ici. Nous sommes ici, point », lance Yehuda Leuchter, musicien à la barbe broussailleuse, qui a grandi et vit avec sa femme et ses cinq enfants dans le Goush Etzion.

Pour les Palestiniens, des pays européens et des ONG, la multiplication et l’ancrage des colonies complique, voire empêche, la création d’un Etat palestinien viable avec une continuité territoriale.

Eliaz Cohen, travailleur social, se souvient lui d’une jeunesse dans les colonies marquée par la volonté d’apprendre l’arabe, de côtoyer des Palestiniens sans enceinte grillagée autour de son implantation.

« Les relations n’étaient pas chaleureuses, mais au moins il y en avait », soutient cet habitant du Goush Etzion, qui veut tisser des liens avec les villages arabes avoisinants.

Depuis la seconde Intifada (soulèvement palestinien) et la construction de la barrière de sécurité entre Israël et la Cisjordanie au début des années 2000, « c’est comme si une barrière avait été plantée dans nos coeurs et nos âmes. Et le défi de partager la terre côte à côte, ensemble, devient de plus en plus difficile… »

Coronavirus en Corée du Sud: BTS annule ses concerts, les cas se multiplient

Les mégastars de la K-pop BTS ont annoncé vendredi l’annulation de concerts géants prévus en avril à Séoul, alors que la Corée du Sud vient d’enregistrer près de 600 nouveaux cas de coronavirus soit bien plus en 24 heures qu’en Chine où était apparue l’épidémie.

Le boys band, à l’heure actuelle l’un des plus grands phénomènes musicaux au monde, avait quatre dates programmées au Stade olympique de Séoul pour promouvoir son dernier album, « Map of the Soul: 7 ».

Au total, plus de 200.000 groupies auraient dû se masser sur quatre soirs dans l’enceinte qui avait accueilli les Jeux de 1988, a indiqué dans un communiqué Big Hit Entertainement, l’agent des sept garçons au look tellement soigné.

Big Hit Entertainement a expliqué que cette annulation était « inévitable » car il est « impossible à ce stade de prédire l’ampleur de l’épidémie » qui génère beaucoup d’incertitude logistique pour l’organisation des concerts, mais aussi pour les spectateurs.

« Nous devons prendre en compte la santé et la sécurité des centaines de milliers de spectateurs et des artistes », a poursuivi Big Hit.

De nombreux événements culturels et sportifs ont été annulés ou reportés en Corée du Sud à cause de l’épidémie, parmi lesquels des matches du championnat national de football ou encore les Mondiaux de tennis de table par équipes.

– Usine Hyundai à l’arrêt –

La reprise des cours après les vacances a été différée et les Etats-Unis, dont 28.500 soldats sont stationnés sur la péninsule, ont ajourné avec leur allié sud-coréen leurs prochains exercices militaires conjoints.

Hyundai Motor, cinquième constructeur automobile mondial en incluant sa filiale Kia, a suspendu l’activité d’une de ses usines d’Ulsan (sud-est), dont un des employés avait été testé positif au coronavirus, rapporte l’agence sud-coréenne Yonhap.

Le groupe avait déjà suspendu la production il y a quelques semaines en raison d’une pénurie de pièces détachées chinoises, conséquence, déjà, de l’épidémie.

Vendredi, Séoul a fait état de 571 nouveaux cas, ce qui porte son total de personnes contaminées à 2.337 –le bilan le plus élevé pour un seul pays, après la Chine.

Pour le deuxième jour consécutif, cette augmentation journalière est en outre supérieure à celle annoncée par la Chine. Cette dernière a fait état vendredi de 327 nouveaux cas.

Treize personnes infectées ont péri en Corée du Sud.

Plus de 90% des nouveaux cas ont été enregistrés à Daegu, la quatrième ville du pays, et dans la province voisine de Gyeongsang du Nord.

Ce bilan devrait continuer de grimper car les autorités ont commencé à effectuer des tests sur au total plus de 275.000 fidèles de l’Eglise Shincheonji de Jésus, une organisation qualifiée de secte par ses détracteurs et qui est directement liée à la moitié des cas de contamination répertoriés dans le pays.

L’épidémie de coronavirus s’est répandue comme une traînée de poudre dans les rangs de ce mouvement à partir d’une de ses fidèles, une femme de 61 ans identifiée comme le patient 31.

Elle a commencé à souffrir de fièvre le 10 février et assisté à au moins quatre offices de Shincheonji à Daegu avant d’être diagnostiquée comme porteuse du virus.

– 68.000 personnes testées –

Le maire de Daegu, Kwon Young-jin, a déclaré que le total des cas dans son agglomération pourrait atteindre les 3.000, selon Yonhap.

Voilà plusieurs jours que les artères de cette ville de 2,5 millions d’habitants sont désertées, beaucoup de magasins et de restaurants ayant fermé leurs portes. Vendredi, les masques de protection étaient à nouveau largement disponibles, selon des journalistes de l’AFP.

Les autorités ont multiplié les consignes, exhortant les habitants à rester chez eux s’ils développaient des symptômes. Mais la 12e économie mondiale n’envisage pas de cordon sanitaire autour de la ville, comme la Chine a pu le faire pour Wuhan d’où est partie l’épidémie en décembre.

La Corée du Sud possède un système médical de pointe, une presse libre et une très forte culture de la transparence, ce qui, selon les observateurs, explique aussi le caractère élevé des chiffres des contaminations. Plus de 68.000 personnes ont déjà été testées.

BTS (abréviation de Bangtan Sonyeondan, qui signifie « Boy scouts résistants aux balles ») est un phénomène musical planétaire.

Il est le premier groupe de K-pop à avoir atteint le sommet des ventes aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et a enchaîné les concerts à guichets fermés à Los Angeles, Chicago ou Londres, ou encore enflammé en juin un Stade de France plein à craquer.

« Map of the Soul: 7 » est l’album sud-coréen qui a été le plus commandé en préventes, puisque quatre millions de copies avaient été achetées avant sa sortie dans les bacs la semaine dernière.

Benny Gantz, une main de fer dans un gant de velours

Ancien chef de l’armée israélienne, le centriste Benny Gantz affiche une image de « Monsieur Propre » de la politique face à son rival aux élections de lundi, Benjamin Netanyahu inculpé pour corruption, dont il partage toutefois une vision sécuritaire musclée.

A 60 ans, celui qui se veut pragmatique face aux idéologies radicales de la droite va tenter pour la troisième fois en moins d’un an d’obtenir suffisamment de voix pour former une coalition gouvernementale.

Ce père de quatre enfants, à l’attitude décontractée et abordable, n’avait aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former un nouveau parti centriste, Kahol Lavan, « Bleu-blanc » en français, les couleurs du drapeau israélien.

Mais en fédérant les opposants au Premier ministre, il a réussi, avec sa liste regroupant des personnalités de gauche et de droite, à terminer ex-aequo avec M. Netanyahu aux législatives d’avril et septembre 2019.

Son message est clair: le but est de chasser Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis dix ans et dont le procès pour corruption doit s’ouvrir mi-mars.

« Le monde doit savoir que nous sommes pragmatiques et voyons uniquement le bien de l’Etat d’Israël sans se préoccuper d’intérêts personnels », estime celui qui veut restituer un sens de « l’honneur » à la fonction de Premier ministre.

– « Stabilité et honnêteté » –

Pur « sabra » –terme qui désigne les juifs nés en Israël–, ce fils d’immigrants rescapés de la Shoah est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud du pays.

Le jeune Gantz rejoint l’armée en tant que conscrit en 1977. Parachutiste, il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015.

Dans un pays où l’armée est fédératrice, cet homme d’1m95 aux yeux bleus bénéficie d’une grande aura conférée par ses faits d’armes et son rang d’ancien commandant des armées.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques incessantes à partir de Gaza sur le territoire israélien.

Lors de la dernière guerre à Gaza (2014), c’est d’ailleurs lui qui était aux commandes et s’est targué du nombre de « terroristes » palestiniens tués durant cette guerre dans un clip de campagne, sans évoquer les victimes civiles.

Il a accusé le gouvernement actuel de « faire trop de concessions » et a promis d’imposer « une politique de dissuasion » contre le mouvement islamiste Hamas, à qui Israël a livré trois guerres depuis 2008.

Benny Gantz a fait alliance avec deux autres anciens chefs d’état-major, Moshe Yaalon et Gaby Ashkenazi.

– « Fréquentes bourdes » –

Cultivant son image de « dur à cuire », M. Gantz a multiplié les appels du pied en direction de l’électorat de droite, poussant M. Netanyahu à le qualifier de « pâle imitation » de sa personne.

« Soudain, tout le monde est de droite », a ironisé le Premier ministre.

Le Likoud a publié une vidéo avec des extraits d’interventions de Benny Gantz durant lesquelles il a commis des bourdes, confondant des noms ou bégayant lors de discours de campagne.

Interrogé par un journaliste sur ses « fréquentes bourdes », Benny Gantz a répondu que parfois « il pense plus vite qu’il ne parle ».

« Je ne fais pas carrière à la télévision, je ne suis pas présentateur au journal télévisé, je suis un leader avec derrière lui près de 40 ans de direction dans l’armée », a-t-il encore asséné.

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Face au brillant orateur qu’est Benjamin Netanyahu, aura-t-il convaincu les électeurs de voter pour lui? La question reste ouverte.

Mais où est Obama? Le grand absent omniprésent face à l’ascension de Sanders

Pour un grand absent, Barack Obama pourrait difficilement être plus présent dans l’âpre bataille que se livrent les candidats à l’investiture démocrate pour la présidentielle.

Cité des dizaines de fois lors des débats, mis en vedette (non consentante) dans des spots de campagne, lui s’en tient strictement à son silence malgré ses avertissements, en coulisses, contre le coup de barre à gauche promis par le favori Bernie Sanders.

« L’establishment panique » ou « Présenter Bernie Sanders contre Trump serait un acte de folie »: les gros titres des médias américains reflètent le désarroi de certains démocrates modérés, qui revendiquent leur filiation avec Obama.

Ils s’inquiètent de voir ce « socialiste » autoproclamé affronter en leur nom le président républicain Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

Après ses bons résultats dans les premiers Etats ayant voté, le sénateur indépendant est, à 78 ans, le grand favori des primaires démocrates.

Et l’avalanche de scrutins prévue mardi pour le « Super Tuesday » pourrait lui offrir une avance pratiquement imparable pour remporter l’investiture du parti.

« La plupart des démocrates initiés sont convaincus qu’il n’y a qu’une façon d’arrêter, ou du moins de freiner, Sanders »: que Barack et Michelle Obama « se rallient derrière un autre candidat »… Et de préférence avant le « Super Tuesday », avançait mardi un éditorialiste de CNN, Chris Cillizza.

En novembre, Barack Obama avait affirmé devant des donateurs démocrates que la bataille électorale se remporterait au centre.

Les Américains ne pensent pas « que nous devons détruire complètement le système et tout recommencer », avait-il déclaré, soulignant que les Etats-Unis n’étaient pas un pays « révolutionnaire ».

S’il ne citait personne, tous avaient pensé à Bernie Sanders, qui prône une « révolution » politique.

A l’automne toujours, le site Politico affirmait que l’ex-président comptait s’exprimer publiquement si le sénateur prenait une nette avance dans les primaires, « afin de l’empêcher d’être investi ».

– Comme « Obama l’a dit » –

Barack Obama reste « extrêmement populaire au sein du parti démocrate », souligne Kyle Kondik, politologue à l’université de Virginie.

Sa voix résonnerait donc avec force s’il prenait parti. Mais il y a peu de chances qu’on l’entende.

S’il a « plusieurs amis en lice, y compris, bien entendu, son propre vice-président » Joe Biden, Barack Obama « a dit qu’il ne prévoyait pas de soutenir quelqu’un pendant les primaires », a rappelé mercredi sa directrice de communication, Katie Hill.

« Car il estime que pour que les démocrates gagnent à l’automne, ce sont les électeurs qui doivent choisir leur candidat ».

En 2016, il n’avait ainsi déclaré son soutien à Hillary Clinton qu’une fois qu’elle fut assurée de décrocher l’investiture démocrate.

Mais il s’est impliqué dans des élections à l’étranger, en annonçant son soutien à Emmanuel Macron, en France, et à Justin Trudeau, au Canada, pendant leurs campagnes.

Le rare commentaire de sa directrice de communication venait dénoncer un groupe de soutien à Donald Trump qui a diffusé une « publicité ignoble », dans laquelle d’anciens propos de Barack Obama ont été utilisés « hors de contexte » pour nuire à Joe Biden.

L’ex-président reste en revanche muet sur les nombreux spots de campagne des candidats à l’investiture démocrate qui utilisent ses anciens discours pour laisser entendre qu’ils ont son soutien.

– Sanders privé de discours? –

Joe Biden, mais aussi le milliardaire Michael Bloomberg, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, l’ex-maire Pete Buttigieg: c’est à qui proclamera la meilleure relation, l’entente la plus ancienne, l’héritage le plus évident…

Et tous le citent à l’envi pour appuyer leurs positions.

« Comme Barack Obama l’a dit, nous devons prendre en compte la position des électeurs de ce pays. Or dépenser près de 60.000 milliards de dollars, ce n’est pas ce qu’ils veulent », a ainsi tweeté Amy Klobuchar jeudi pour dénoncer le programme de Bernie Sanders.

A l’exception notable de Bill Clinton, qui avait soutenu son épouse Hillary lors des primaires de 2008 et 2016, « de nombreux ex-présidents ont tenté de rester au-dessus de la mêlée politique », explique Kyle Kondik.

Et il n’y a pour l’heure « aucune indication » que Barack Obama s’apprête à rompre avec la tradition. « Il est peut-être, comme de nombreux autres démocrates, sincèrement indécis », poursuit le politologue.

Mais si Bernie Sanders décrochait l’investiture, « je me demande vraiment si Obama ferait un discours à la convention » démocrate qui officialiserait en juillet la victoire du socialiste.

Israël, puissance majeure au Proche-Orient

L’Etat d’Israël, où des élections législatives sont prévues le 2 mars, a été proclamé en mai 1948 à la suite d’un vote de l’ONU sur le partage de la Palestine, et il est depuis devenu une puissance majeure au Proche-Orient.

– Conflits –

Le pays a été confronté à sa première guerre face aux nations arabes dès le lendemain de sa proclamation par David Ben Gourion le 14 mai 1948.

Officiellement, Israël a livré huit guerres, dont celle dite des « Six Jours » en juin 1967, qui aboutit à l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que du plateau syrien du Golan et du Sinaï égyptien.

Israël a ensuite unilatéralement annexé Jérusalem-Est, puis le Golan, des décisions dénoncées par la communauté internationale.

La dernière grande opération armée a été menée en 2014 à Gaza.

Deux traités de paix ont été signés avec des pays arabes voisins d’Israël: l’Egypte en 1979 –traité aux termes duquel ce pays a récupéré le Sinaï en 1982– et la Jordanie en 1994.

Israël est considéré comme la première puissance militaire du Proche-Orient et la seule de la région à détenir l’arme nucléaire. Il reçoit près de quatre milliards de dollars d’aide militaire annuelle des Etats-Unis.

– Colonisation –

Israël continue d’occuper la Cisjordanie mais a évacué unilatéralement en 2005 la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le mouvement islamiste Hamas.

Plus de 600.000 colons israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle auprès d’environ trois millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale « unifiée et indivisible ». Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion de la partie orientale occupée de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Israël a affronté en 1987 puis en 2000 deux soulèvements (Intifada) des Palestiniens des territoires occupés. Le premier s’est conclu par la signature en 1993 à Washington des accords d’Oslo sur l’autonomie dans les territoires.

– Tensions régionales –

Dès le début de la guerre en Syrie en 2011, Israël –officiellement en état de guerre avec Damas– a veillé à ne pas être aspiré dans le conflit, mais fait campagne contre la présence du mouvement libanais Hezbollah et de l’Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad.

Israël a mené des centaines de frappes en Syrie, la plupart visant des cibles iraniennes ou du Hezbollah.

Il n’entretient de relations diplomatiques qu’avec l’Egypte et la Jordanie, mais tente de se rapprocher actuellement d’autres pays arabes comme les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

– Appui de Trump –

Dès sa prise de fonctions, le président américain Donald Trump a adopté une politique de soutien sans faille à Israël, rompant avec des décennies de diplomatie américaine.

Après la reconnaissance unilatérale en 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël et celle de la souveraineté de l’Etat hébreu sur le Golan syrien en 2019, il a dévoilé fin janvier un plan de paix controversé pour le Proche-Orient qui accorde de nombreuses concessions à Israël.

– Lois fondamentales –

Israël est régi par des lois fondamentales faisant office de Constitution.

En 2018, le Parlement a adopté une loi définissant le pays comme « l’Etat-nation du peuple juif ». La loi, qui confère aux Juifs le droit « unique » à l’autodétermination en Israël, est dénoncée comme « discriminatoire » notamment par l’opposition et l’importante communauté arabe israélienne.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël.

– « Start-up » –

Avec neuf millions d’habitants, la population a décuplé depuis 1948. Le pays connaît un chômage très bas, une inflation quasi inexistante et une croissance de près de 3%, mais selon l’agence nationale de la sécurité sociale, près de 1,8 million d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Israël, qui se proclame la « start-up nation », est considéré comme un centre mondial de la haute technologie et dispose d’un terreau d’entreprises très actives dans les secteurs de la cyberdéfense, de l’informatique et des systèmes de surveillance. Le secteur de la high-tech représente plus de 40% des exportations.

Le pays, qui a peu de ressources naturelles, a découvert ces dernières années d’importants gisements de gaz naturel en Méditerranée.

Le tourisme constitue aussi une source de revenus.

L’ex-président angolais échappera-t-il au grand ménage anticorruption ?

Son fils Jose Filomeno pointe depuis deux mois dans le box des accusés d’un tribunal pour avoir vidé 500 millions de dollars des caisses de l’Angola. Et sa milliardaire de fille Isabel vient d’être inculpée pour en avoir détourné au moins le double.

Mais, loin de ce fracas politico-judiciaire, l’ex-président Jose Eduardo dos Santos, 77 ans, coule une retraite paisible en Espagne.

S’il est accusé d’avoir largement livré les ressources nationales à la cupidité d’une poignée de proches, le maître absolu du pays pendant trente-huit ans a échappé à l’opération « mains propres » menée par son successeur Joao Lourenço.

Au moins provisoirement.

« S’attaquer à dos Santos lui-même serait politiquement très risqué », explique l’analyste Paula Cristina Roque, de l’université britannique d’Oxford. « Ses enfants ne disposent que de peu de soutien au sein du MPLA (le parti au pouvoir) », note-t-elle, « mais c’est une toute autre histoire avec lui ».

A son arrivée au pouvoir en 2017, la volonté manifestée par Joao Lourenço d’éradiquer la corruption qui gangrène le deuxième producteur de pétrole du continent africain n’a guère suscité que des haussements d’épaules.

Le MPLA au pouvoir, l’opposition et la population n’ont alors vu dans les propos de l’ex-ministre de la Défense que des promesses de campagne sans importance.

Alors c’est peu de dire que le limogeage systématique des patrons d’entreprises publiques, hauts fonctionnaires ou militaires proches de l’ancien régime a déstabilisé l’establishment angolais.

Symboles du système népotique reproché au père dos Santos, ses enfants n’ont pas été épargnés.

– « Persécution » –

Un temps patron du puissant fonds souverain du pays, Jose Filomeno a été arrêté et emprisonné six mois. Il risque désormais plusieurs années de prison.

Première femme milliardaire d’Afrique, sa demi-sœur Isabel a été débarquée de la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, ses avoirs angolais ont été gelés et elle vient d’être inculpée d’une flopée de crimes financiers.

Le mois dernier, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a enfoncé le clou en accusant Mme dos Santos, preuve de ses montages financiers à l’appui, d’avoir « siphonné les caisses » du pays.

De son exil forcé de Londres et Dubaï, celle que les Angolais ont baptisée la « Princesse » nie et crie à la « persécution » politique.

Avec elle, les critiques de Joao Lourenço ont relevé que certains proches de l’actuel chef de l’Etat, à commencer par l’ancien vice-président Manuel Vicente, avaient été opportunément oubliés par les juges.

Le porte-parole du procureur général, Alvaro Joao, dément toutefois tout traitement de faveur.

« Le parquet s’intéresse à ces deux enfants (…) car il a mis au jour leur mauvaise gestion des deniers publics », justifie M. Joao, en rappelant que bien d’autres potentats ont eux aussi subi les foudres de la justice angolaise.

Sélectif ou pas, le grand nettoyage opéré par Joao Lourenço bénéficie en tout cas d’un large soutien dans le pays.

– Son heure viendra –

« La corruption est un mal qui corrompt la société angolaise depuis la mise en place du régime (du MPLA en 1975) », rappelle l’avocat Salvador dos Santos, à la tête d’une ONG. « Au plus haut niveau (de l’Etat), personne ne vit de son salaire ou de revenus légaux, tout n’est que triche et fraude ».

Dans ce pays resté un des plus pauvres de la planète malgré sa manne pétrolière, la rue non plus ne cache pas sa satisfaction de voir tomber la famille dos Santos.

« Je n’ai pas de mots pour qualifier Isabel », lâche le mécanicien Tayson Madrugada, 20 ans, dans son garage de la capitale. « Elle s’est servie de notre pays et a fait des affaires qui n’ont pas créé d’emplois pour les jeunes d’ici ».

Le parquet affirme aujourd’hui ne pas envisager de s’attaquer à Jose Eduardo dos Santos.

« A l’heure actuelle, il n’existe pas de preuve suggérant que l’ex-président ait commis d’infraction », assure Alvaro Joao. En rappelant que M. dos Santos reste constitutionnellement protégé de toute poursuite criminelle par son statut jusqu’en 2022 – cinq ans après la fin de son mandat.

Inlassable pourfendeur des turpitudes de l’ex-famille régnante, le journaliste Rafael Marques veut croire que, passée cette date, le chef tombera lui aussi dans les mailles du filet.

« Beaucoup de ceux qui ont déjà été inculpés l’ont cité », détaille-t-il, « des enquêtes sont en cours (…) il va devoir répondre à certaines questions ».

C’est ainsi le cas dans « l’affaire » Jose Filomeno, où l’ancien gouverneur de la Banque centrale Valter Filipe da Silva, lui aussi sur le banc des accusés, a expliqué avoir utilisé les fonds détournés sur ordre de l’ancien chef de l’Etat.

« Dos Santos n’échappera pas à la justice, son heure viendra », assure Rafael Marques, « la seule question est de savoir si sa santé ne le trahira pas d’ici à 2022 ».

Handicap: des Centrafricains de la clinique au terrain de basket

Soudain, les joueurs s’élancent. Passe. Esquive. Feinte. Ce pourrait être un entraînement de basket comme un autre, mais ici, le bruit des chaussures de sport est remplacé par le glissement des roues sur l’asphalte brûlant.

Autour du ballon, se livre un ballet de fauteuils virevoltants emmenés par les bras d’acier de leurs propriétaires. Demi-tour à pleine vitesse, en équilibre sur une roue…

En Centrafrique, le basket est un sport national. Malgré le manque de moyens dans un des pays les plus pauvres du monde, l’équipe handisport n’est pas en reste: elle est même devenue vice-championne d’Afrique de basket handisport en 2001.

Idriss Feissal, membre de l’équipe nationale depuis 2003, coache les cinq sportifs à l’entraînement sur ce petit terrain égaré dans la capitale.

« Allez ! Plus long! » harangue ce quadragénaire aux biceps d’haltérophile, cloué à son fauteuil depuis qu’il a cinq ans. Ses élèves redoublent d’efforts. « Quand tu travailles le physique, ton handicap change », insiste-t-il.

Un handicap particulièrement difficile à vivre dans ce pays où les infrastructures manquent. Pour se rendre à l’entraînement, les joueurs et joueuses doivent parcourir plusieurs kilomètres sur des avenues constellées de crevasses et des allées de terre défoncée, sous un soleil écrasant.

« Parfois, ils finissent par abandonner », déplore Idriss, qui a lui-même conçu un tricycle à pédales spécialement adapté aux handicapés. Mais bien peu d’habitants ont les moyens de s’offrir un de ces appareils.

– Handicapé par la guerre –

A Bangui, toutefois, existe une clinique discrète où les personnes atteintes de handicaps moteurs peuvent trouver du secours: le centre de l’Association Nationale de Rééducation et d’Appareillage de Centrafrique (Anrac), fondée en 1997. Une structure unique dans un pays ravagé par trois guerres civiles, où des milliers de personnes ont été victimes de séquelles post-conflit.

Assis sur un banc de bois à l’entrée de ce petit bâtiment, Eddy Ngalikossi, 40 ans, exhibe avec satisfaction la prothèse qui lui a sauvé la vie.

Ce commerçant en informatique s’apprêtait à quitter son magasin quand les rebelles de la Séléka, la coalition à dominante musulmane qui venait de s’emparer de la capitale en 2013, lui ont tiré dessus. Transporté à l’hôpital et amputé, il s’est retrouvé sans emploi pour nourrir ses enfants.

« Quand c’est arrivé, je savais que pour moi, c’était fini », assure-t-il.

A l’époque, le pays est plongé dans le chaos, et ses infrastructures de santé embryonnaires sont dépassées.

Mais depuis 2013, l’Anrac bénéficie du soutien du Comité international de la croix rouge (CICR), qui finance les équipements et la formation des personnels.

Juste derrière la salle d’accueil, se cache un atelier enveloppé de poussière blanche où une dizaine de techniciens poncent, découpent, et fixent des prothèses sur mesure pour les patients.

– Isolés par le handicap –

Vient ensuite le temps de l’apprentissage : marcher sur un terrain plat, accidenté, à monter un escalier, à s’assoir dans les minibus toujours bondés… « Aujourd’hui, je peux marcher avec une canne », se réjouit Eddy.

Mais ce travail de fabrication et de rééducation demande du temps. Et les 339 patients accueillis par le centre en 2019 sont une goutte d’eau au regard du nombre souffrant de handicaps ou de séquelles post-conflit identifiés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le pays : environ 30.000 personnes chaque année. Un chiffre qui pourrait encore être sous-estimé selon le docteur Godefroy Bombaïda, directeur du centre.

« Depuis la crise, le nombre de personnes amputées a triplé », assure-t-il.

Les problèmes d’infrastructures limitent la prise en charge des patients en province. Et à Bangui, rares sont les personnels assez formés pour assurer la construction des prothèses et le suivi des patients.

La construction d’un nouveau centre, avec une capacité d’accueil de 1.700 personnes, est prévue pour le mois de mai 2020. Celui-ci devrait aussi permettre d’assurer une prise en charge psychologique pour ces personnes souvent isolées socialement.

« La famille, c’est pas facile. Si tu as les moyens, ça va. Mais si tu en es dépourvu, qui s’approchera de toi? », s’agace Eddy. « Quand j’ai perdu ma jambe, j’ai pensé à me suicider. Et je connais plusieurs handicapés qui se sont suicidés, à cause de ce manque de soutien ».

Idriss, lui aussi, a vécu cet isolement. « Dans le quartier, tout le monde me négligeait. C’est grâce aux compétitions que j’ai rencontré ma femme, et fondé une famille », explique-t-il. « Maintenant, je voyage. Ceux qui me négligeaient, ils sont encore au quartier! »